Van Goyen (Jan) (suite)
Après 1640, le peintre capte la grandeur de la nature de son pays, avec ses plans d’eaux, ses dunes et ses prairies, dans de vastes panoramas parsemés de villages, sous des ciels immenses. Le ciel prend toujours plus d’importance, à la fois comme élément pictural et comme moyen d’expression : le paysage s’enrichit par lui-même d’une dimension spirituelle, sans qu’il soit besoin de recourir à quelque ruine antique à la manière italienne. La palette, subtile, se réduit aux nuances de gris et de vert, de brun et de jaune unifiées par l’atmosphère. L’espace est profond et silencieux, empreint d’un lyrisme qui tient surtout à la répartition raffinée des ombres et des lumières. Mais il y a partout des personnages. De petites figures s’entassent amicalement dans les chariots paysans, dans les bateaux de pêche, s’accostent dans la rue, patinent dans un paysage d’hiver ou vont à cheval à travers la campagne.
Après 1650, la tonalité de Van Goyen devient plus profonde, sous l’influence de Rembrandt*, et il peint surtout de larges vues de villes au bord des fleuves : Arnhem, Rhenen, Nimègue, Utrecht, avec leurs clochers, leurs tours et leurs remparts. La série de Dordrecht est particulièrement célèbre (Rijksmuseum, Amsterdam). L’ultime chef-d’œuvre est la Mer de Haarlem (1656, Francfort), où l’eau et l’espace, d’une présence palpable, semblent suspendus dans une sérénité absolue.
L’art de Van Goyen a largement influencé les paysagistes contemporains, tels Pieter de Molijn (1595-1661) et Salomon Van Ruysdael, et ceux de la génération suivante, notamment Nicolaes Berchem (1620-1683), malgré son italianisme, et Albert Cuyp (1620-1691).
A. Z.
H. Van de Waal, Jan Van Goyen (Amsterdam, 1941). / H. U. Beck, Ein Skizzenbuch von Jan Van Goyen (La Haye, 1966) ; Van Goyen. Ein Œuvreverzeichnis (Amsterdam, 1972-73, 2 vol.).