Tokyo

(« Capitale de l'Est »)

Tokyo
Tokyo

Capitale du Japon, dans l'île de Honshu, sur l'océan Pacifique, au N.-O. de la baie de Tokyo.

  • Population pour l'agglomération : 37 833 000 hab. (estimation pour 2014)

Les 23 arrondissements du centre couvrent 577 km2 et comptent 8 949 447 habitants (recensement de 2010). Le District métropolitain porte ces chiffres à 2 156 km2 et 13 161 751 habitants (recensement de 2010). Enfin, la Région métropolitaine de Tokyo, qui lui adjoint les trois préfectures voisines de Saitama, Kanagawa (Yokohama) et Chiba, élève ces totaux à 13 495 km2 et 34 478 903 habitants (recensement de 2005). Près d'un Japonais sur quatre habite dans l'orbite de sa capitale, l'agglomération urbaine la plus vaste et la plus peuplée du monde. Tokyo a accueilli les jeux Olympiques d'été de 1964 et a été désignée pour accueillir les jeux Olympiques d'été de 2020.

GÉOGRAPHIE ET HISTOIRE

La situation médiane de Tokyo, à mi-chemin des extrémités septentrionale et occidentale de l'archipel, n'a été valorisée que tardivement après que les shogun Tokugawa y eurent installé le centre de leur administration. Mentionnée pour la première fois à la fin du xiie s. sous le nom d'Edo (« Porte de l'estuaire »), elle reçoit en 1457 un château qui est resté le centre de la cité, étant devenu en 1868 la résidence de l'empereur. Tokugawa Ieyasu lui donne des dimensions énormes (1603-1619) et oblige les daimyo à se construire des résidences à proximité. Restée le siège du shogunat, Edo croît régulièrement jusqu'en 1868 et a 1,3 million d'habitants en 1787. Le site de la ville, une plaine littorale inondable, était peu favorable et dut être aménagé depuis le xviie s., faisant, jusqu'à nos jours, reculer progressivement le rivage de la baie, tandis que les canaux drainant la plaine facilitaient les échanges. En 1868, la révolution de Meiji chassa les Tokugawa, et l'empereur, quittant Kyoto, vint résider au château d'Edo, rebaptisée Tokyo. Les quartiers bas (Shitamachi) à l'E. du château demeurèrent le centre commercial et d'occupation populaire, tandis que les collines et terrasses de l'ouest (Yamanote) recevaient surtout des quartiers résidentiels aisés. Après le grand séisme de 1923, qui détruisit 500 000 maisons, la ville fut reconstruite avec le même mépris de tout urbanisme qui a, jusqu'au dernier après-guerre, présidé à toute son histoire. En 1944-1945, les bombardements font passer la population de 11 à 5 millions d'habitants et détruisent 700 000 maisons, mais, dès 1956, la ville recouvre sa population d'avant-guerre et son essor exprime, depuis, celui du pays tout entier. Il ne reste du passé que quelques jardins féodaux, une poignée de temples et, surtout, l'énorme masse du château dont les murs et les douves entourent, au centre exact de l'agglomération, quelque 2 km2 de bois et de jardins abritant le palais du souverain (reconstruit après 1945).

Les fonctions de Tokyo en font le moteur de toute la vie japonaise (sauf peut-être sur le plan économique, où Osaka et secondairement Nagoya le relaient pour l'ouest et le centre de l'archipel). Capitale administrative, elle est aussi le principal centre culturel avec un tiers des écoles et universités du pays. La ville est un énorme centre commercial. Les chaînes nationales de grands magasins (Mitsukoshi, Takashimaya, Seibu, Hankyu, Isetan, etc.) y ont leurs principaux établissements, parfois plusieurs. Cette fonction se localise surtout dans le centre (Ginza-Nihonbashi) et les centres périphériques (Asakusa, Ueno, Ikebukuro, Shinjuku, Shibuya), groupant, chacun, grands magasins, boutiques, banques, hôtels, restaurants et une gamme infinie de lieux de plaisir. Mais le commerce extérieur de Tokyo n'est pas moins remarquable, effectué par son port et les ports voisins (sur la baie) de Chiba, Funabashi et Kawasaki (que prolonge celui de Yokohama). Le port de Tokyo reçoit surtout des matières premières et des produits énergétiques nécessaires à ses habitants et à son industrie. Celle-ci date surtout des années 1950. Il s'agit soit de petites firmes de type ancien, sous-traitantes des autres, soit d'entreprises de pointe (recherche, appareillage de précision), soit des énormes installations qui font de Tokyo le centre de la première région manufacturière du pays devant celles d'Osaka et de Nagoya. Ce complexe industriel (centrales thermiques, pétrochimie, sidérurgie, chantiers navals, usines d'automobiles, etc.) se localise essentiellement sur les terrains conquis sur la mer tout le long de la baie, où pétroliers et minéraliers apportent directement pétrole, houille, minerai, et d'où partent acier, produits métallurgiques et chimiques lourds ou finis. Tokyo est enfin le foyer des voies de communication japonaises, le point de départ des autoroutes et des trois voies ferrées rapides du « Shinkansen » (vers le nord, l'ouest et la mer du Japon), des lignes de cabotage et des lignes aériennes intérieures (par l'aéroport d'Haneda) et internationales (par celui de Narita). Les relations intra-urbaines sont assurées par une ligne de ceinture reliant tous les centres commerciaux, d'innombrables lignes rayonnantes, publiques et privées, ainsi que par un métro dont les lignes se croisent toutes sous le centre de Ginza-Nihonbashi. Un réseau d'autoroutes suspendues a été édifié à partir de 1960.

Le paysage urbain est varié et confère à la ville un charme changeant : aux quartiers en damier de l'est (Shitamachi), établis depuis le xiie s. sur la baie, avec leurs canaux et leurs maisons basses, s'opposent, à l'ouest du Palais, des secteurs plus montueux (Yamanote) avec leurs rues en pente, voire en escalier et leurs nombreux jardins privés. Entre ces deux ensembles, le secteur central, immédiatement à l'est du Palais, échelonne du N. au S. : le quartier universitaire de Kanda, le centre des commerces de détail de Ginza et la « cité » des affaires de Marunouchi, enfin le quartier politique de Kasumigaseki avec le Parlement et les ministères. Ici et là, la maison individuelle chère aux Japonais fait place à de hauts immeubles d'appartements plus ou moins luxueux ; quelques gratte-ciel même (une dizaine, de 200 m de haut environ) sont apparus depuis 1970 dans les centres périphériques de Shinjuku et d'Ikebukuro. Le poids des nuisances demeure lourd, malgré les progrès réguliers réalisés depuis les années 1970.

Pour les jeux Olympiques de 2020, il est prévu de réutilisées des infrastructures construites pour les jeux Olympiques de 1964. Le futur stade olympique, conçu par l'architecte britannique Zaha Hadid, sera construit à la place du stade actuel.

BEAUX-ARTS

Avec le shogun Tokugawa Ieyasu, les premiers temples s'installent, tel le Zojo-ji (1596) ; fondé en 1626, le Tosho gu a été remanié au xviie s. Entre 1592 et 1614, à l'emplacement de l'actuel palais impérial, est élevé l'énorme palais shogunal, reconstruit sur les mêmes plans au xixe s. et de nouveau après 1945. Au xviie s., les peintres de l'école Kano s'installent à Edo, bientôt suivis par les créateurs de l'ukiyo-e (→ estampe). À côté d'anciennes maisons traditionnelles de bois, des grands immeubles en dur font de Tokyo une ville de contrastes (bâtiments olympiques et cathédrale de l'architecte Tange Kenzo). Nombreux musées dont le prestigieux Musée national ; remarquables jardins.