Stockholm
Capitale de la Suède.
- Population pour l'agglomération : 1 464 000 hab. (estimation pour 2014)
GÉOGRAPHIE
La ville est située au débouché du lac Mälaren, à l'extrémité de la dépression centrale, axe vital du pays, et s'étend sur des îles et des presqu'îles de la mer Baltique. Elle s'est développée dès la fin du xixe s., avec l'industrialisation, surtout vers l'O. et le S.-O., dans un paysage coupé de plans d'eau et de parcs. L'agglomération regroupe le sixième de la population du pays. Centre administratif, commercial et culturel, c'est aussi un pôle industriel diversifié (constructions mécaniques, électriques et électroniques, raffinerie de pétrole, alimentation, produits de luxe), un port notable. La ville a accueilli les jeux Olympiques d'été de 1912 et une partie des épreuves (équitation) des Jeux de 1956.
L'HISTOIRE DE STOCKHOLM
Ce serait vers 1252 que Birger Jarl, régent de Suède, fonda la cité de Stockholm sur l’île appelée aujourd’hui Staden (Staden mellan broarna : la cité entre les ponts) et fit construire le château appelé par la suite Tre Kronor (les Trois Couronnes), qui brûla en 1697 et à l’emplacement duquel fut édifié et terminé en 1754 l’actuel château royal. En 1264 débuta à proximité le chantier de la Grande Église, Storkyrkan (dédiée à saint Nicolas de Myre, patron des navigateurs), cathédrale nationale de la Suède. Cet édifice fut en grande partie reconstruit au xve s. et très remanié entre 1736 et 1743 par l’architecte J. E. Carlberg. Magnus VII Eriksson et Blanche de Namur y furent couronnés, ainsi que la reine Christine, Charles XII, Gustave III et les rois de la maison de Bernadotte.
Sur l’île proche de Riddarholmen fut fondé en 1270 par le roi Magnus Ladulås un monastère franciscain. Dans l’église édifiée vers 1280 reposent actuellement, depuis Gustave II Adolphe (1632), tous les souverains de Suède. La ville a tôt débordé aussi sur la rive nord du lac Mälaren, où fut fondé en 1282 le cloître Sainte-Claire, aujourd’hui disparu. À son emplacement s’élève, près de la gare, l’église Klara kyrka, bâtie au xvie s.
En 1397 fut réalisée l’Union de Kalmar, qui plaça la Suède, le Danemark et la Norvège sous la souveraineté du roi du Danemark : le conflit entre les intérêts danois et suédois provoqua l’éclipsé de Stockholm, qui souffrit en outre, dans ses intérêts économiques, du blocus hanséatique contre les pays scandinaves.
la fin du xve s., la Suède parvint à secouer le joug danois, et des administrateurs nationaux, les Sture, gouvernèrent le pays. En 1520, cependant, le roi Christian II de Danemark (1513-1523) reconquit la Suède ; le dernier Sture fut tué dans la bataille, et Stockholm, héroïquement défendue par sa veuve, Kristina Gyllenstierna (1494-1559), dut capituler en septembre 1520. Les Danois noyèrent la révolte dans le sang : ce furent les « vêpres stockholmiennes ».
Mais ces massacres provoquèrent un sursaut national. En 1521, Gustave Vasa prit la tête de la révolte nationale, secoua le joug danois et, en 1523, entra en roi indépendant et victorieux à Stockholm, qui devint dès lors la capitale politique et économique de la Suède. Cependant, la ville ne prit vraiment son essor que sous le règne de Gustave II Adolphe (1611-1632) : sa population atteignait 9 000 habitants à la mort du souverain ; elle devait passer à 40 000 habitants vers 1660 (la croissance de la ville s’étant poursuivie sous le règne de Christine [1632-1654], fille de Gustave II Adolphe), pour atteindre 75 000 habitants en 1700.
A partir de la seconde moitié du xviie s. et au xviiie s. furent bâtis de nombreux monuments dans une ville qui, débordant le cadre des îles, s’étendait sur les rives nord et sud. Au xviiie s., Stockholm, devenue un important foyer culturel (scientifique et littéraire), commença à attirer les savants et les érudits, concurrençant Lund et Uppsala, en particulier sous le règne de Gustave III (assassiné en 1792).
Au début du xixe s., avec l’avènement de la dynastie des Bernadotte, la Suède s’installa dans la paix. La liberté économique et le libre-échange allaient, au milieu du siècle, favoriser l’expansion de Stockholm, tandis que le pouvoir administratif et politique s’y affirmait davantage. En 1850, la ville comptait 90 000 habitants.
La seconde moitié du xixe s. et le début du xxe s. voyaient, avec le développement des voies ferrées, s’installer des usines ; Stockholm s’étendait sur toutes les îles et les presqu’îles dans un rayon de 3 km autour de l’île de Staden avec de longues rues bien tracées, de grands immeubles et des parcs. Nombreux sont les monuments de cette époque : l’Opéra royal, le Musée national, édifié en 1866 dans le style de la Renaissance, la Bibliothèque royale, construite en 1870. Le Parlement, Riksdagshuset, fut élevé en 1905 dans l’île du Norrström, et le palais de justice (Rådhuset) fut inauguré en 1915 dans celle de Kungsholmen. Dans l’île de Djurgården furent fondés par le docteur Artur Hazelius en 1872 le Musée nordique (Nordiska museet) et en 1891 le célèbre Musée historique et folklorique en plein air de Skansen.
L'ART À STOCKHOLM
Le Moyen Âge n'a pas laissé à Stockholm d'héritage considérable. L'intérieur gothique de l'église Saint-Nicolas et l'église franciscaine de Riddarholmen en sont les témoins les plus notoires. Il faut citer aussi l'activité des sculpteurs sur bois, influencés par le style de l'Allemagne du Nord : groupe de Saint Georges et le dragon (1489) de Bernt Notke (vers 1440-1509) à la Storkyrkan, la plus vieille paroisse de la ville.
En 1620, la ville frappait encore les observateurs par son aspect rural, le vert des toits couverts de gazon contrastant avec les hautes cheminées blanches. Mais l'impulsion donnée par Gustave Adolphe et plus encore par le régent A. G. Oxenstierna favorisa une activité architecturale sans précédent. Le style de la Renaissance nordique, très orné, est présent à l'église Saint-Jacob, commencée à la fin du xvie s., et à la « maison de Petersen ». Le milieu du xviie s. voit l'importance de Stockholm croître rapidement, et les demeures aristocratiques s'élever les unes après les autres. Le Riddarhuset (palais de la Noblesse), entrepris en 1641 par les Français Simon (1590-1642) et Jean (1620-1696) de La Vallée, terminé par le Néerlandais Justus Vingboons (vers 1620-1698), est d'un classicisme marqué par la Hollande. Dans le même esprit, les palais Wrangel, Rosenhane, Oxenstierna, l'ancien hôtel de ville et l'ancienne banque du royaume sont dus à Jean de La Vallée et au Suédois Nicodemus Tessin l'Ancien.
L'un après l'autre, de 1662 à 1700, Nicodemus Tessin l'Ancien (1615-1681) et son fils, Nicodemus le Jeune (1654-1728), dirigèrent les travaux du « Versailles suédois », le château de Drottningholm, dans l'île de Lovö. Les bâtiments à la française se dressent au milieu d'un parc orné de pavillons de style chinois, construits au xviiie s. par Carl Fredrik Adelcrantz (1716-1796), décorés sur des modèles de François Boucher et meublés d'objets spécialement importés par la Compagnie des Indes. C'est à Nicodemus Tessin le Jeune que revint l'entreprise du nouveau château royal (1697-1754), dont l'austère façade sur la mer emprunte beaucoup au baroque romain. C'est Trianon qui inspira à Gustave III l'idée du petit château de Haga, situé aux environs de la capitale. L'architecte Olof Tempelman (1745-1816) y collabora avec le décorateur français Louis Masreliez (1747-1810), qui propagea en Suède la mode du style Louis XVI.
Les œuvres du xixe s. cèdent, comme ailleurs, à un goût composite. Plus intéressantes sont les réalisations du xxe s. : le nouvel hôtel de ville, bâti entre 1911 et 1923 par Ragnar Östberg (1866-1945), un peu trop vénitien, mais de belles proportions ; la bibliothèque municipale (1928) de Gunnar Asplund (1885-1940) ; depuis la Seconde Guerre mondiale, les travaux d'urbanisme de Sven Markelius (1889-1972), maître d'œuvre de la ville satellite de Vällingby.
Les musées de Stockholm sont d'un grand intérêt. Outre les différents musées consacrés aux antiquités nationales, au folklore (Musée nordique, musée de plein air de Skansen), aux arts suédois et européens (Musée national), à l'art moderne, au sculpteur Carl Milles, il faut citer des réalisations originales, comme le musée d'Extrême-Orient ou le musée Wasa, où sont exposés les objets trouvés au cours de fouilles sous-marines et provenant d'un vaisseau naufragé en 1628, aujourd'hui reconstitué.