Split

en italien Spalato

Split, le palais de Dioclétien
Split, le palais de Dioclétien

Port de Croatie, sur le littoral adriatique.

  • Population : 165 893 hab. (recensement de 2011)

Tourisme. Chantiers navals.

L'HISTOIRE DE SPLIT

À l'emplacement de l'actuel Split, non loin de la cité antique de Salone (Salona, aujourd'hui Solin) et sur son territoire, se trouvait au début de notre ère un petit village d'Illyriens et de colons grecs nommé Aspalathos ou Spalatum. Vers 300, l'empereur Dioclétien y fit construire son palais. C'est du vaste périmètre quadrangulaire de ce palais, où s'installèrent les habitants de Salone, fuyant les incursions barbares, qu'est née la ville de Split. Le palais fut transformé en cité. Mais on ne sait rien de celle-ci jusqu'au début du ixe s., où la province entière, appelée dès lors la Dalmatie, fut temporairement incluse dans l'empire de Charlemagne. C'est alors que Split, à proprement parler, entra dans l'histoire sous le nom de Spalatum. Le mausolée de Dioclétien fut aménagé en cathédrale, et le temple de Jupiter en baptistère, car la cité, se considérant l'héritière légitime de Salone, fit rétablir à son profit le siège épiscopal de l'Illyricum. Cependant, la juridiction de l'église de Split, tombée en 812 sous le pouvoir politique et religieux de Byzance, resta limitée à ses cités suffragantes : Zadar, Trogir et Dubrovnik. En effet, à la même époque, la Cour carolingienne fit installer à Nin, près de Zadar, un évêque pour la principauté croate, dépendant, elle, du patriarcat d'Aquilée et de l'empire d'Occident. Après une longue lutte avec Nin, Split, avançant ses origines « apostoliques » et se détachant de Byzance pour passer sous l'obédience de Rome, parvint, dans les années 925-928, à étendre son pouvoir sur tout le pays, devenu le royaume croate. Après la chute de celui-ci en 1102, la ville conserva son autonomie municipale dans le cadre de l'État hungaro-croate. Puis elle tomba successivement sous la domination de Venise, sous le nom italien de Spalato (1420-1797), de l'Autriche (1797-1805), de la France (1806-1813), avant de redevenir autrichienne. Depuis 1918, elle fait de nouveau partie de la Croatie.

L'HISTOIRE DE SALONE

Salone fut jusqu'à la fin du iie s. avant J.-C. une place forte et le port maritime des Dalmates illyriens. Dans les sources romaines, elle apparaît pour la première fois en 119 avant J.-C., à l'occasion du passage de l'armée romaine du consul Quintus Caecilius Metellus. Après les guerres civiles, elle accéda au statut de colonie et devint le chef-lieu de la province de l'Illyricum, pays se situant entre l'Adriatique, la Drina, le Danube et la Drave et qui sera plus tard le Royaume croate. Sa prospérité se poursuivit tout au long de l'époque impériale. Au ier s. furent construits le nouveau forum et le théâtre, et, au iie s., on édifia l'arène, dont les fondements sont conservés. C'est là que furent suppliciés, sous Dioclétien, les martyrs chrétiens. L'empereur fit construire plusieurs thermes tapissés de mosaïques polychromes, dont la plus connue, toujours en place, représente la poétesse Sappho entourée de Muses. Hors les murs, il y avait plusieurs nécropoles, d'où proviennent une grande quantité de stèles, de cippes, de sarcophages au décor sculpté que conserve le Musée archéologique de Split.

L'époque chrétienne fut particulièrement prospère ; au début du ve s., Salone fut élevée à la dignité de métropole ecclésiastique de l'Illyricum, et, après la chute de l'Empire, l'Église y fut le seul pouvoir constitué. La ville est ainsi l'un des plus importants sites archéologiques paléochrétiens. Du ive au vie s. y furent construites une dizaine de basiliques urbaines, connues par des fouilles. Le plus riche ensemble architectural était le centre épiscopal : deux grandes basiliques parallèles, un baptistère, plusieurs oratoires, l'évêché, le tout décoré de mosaïques. Hors les murs, plusieurs basiliques s'élevèrent dans les nécropoles chrétiennes où étaient inhumés les saints martyrs.

La ville fut détruite par les Avars et les Slaves vers 614, et, à l'intérieur de son enceinte, elle ne fut plus jamais ni repeuplée ni reconstruite. Hors de l'enceinte furent élevées à l'époque de l'État croate de nombreuses églises préromanes (ixe s.-xie s.) : Saint-Pierre de Rižinice, église du monastère bénédictin fondé, pense-t-on, par Gottschalk (vers 805- vers 868), qui y séjourna en 846-848 ; la basilique Saint-Étienne de l'île Gospin Otok, mausolée des rois croates (xe s.) ; la basilique Saint-Moïse-Saint-Pierre ou église du Couronnement (xie s.) ; etc. Détruites dans les guerres mongoles et turques, elles sont connues par les fouilles.

L'ART À SPLIT

Le plus important monument de Split est le palais de Dioclétien, le seul palais romain dont les murs demeurent en partie ; à la fois résidence et camp militaire, il était caractérisé par sa somptueuse façade le long de la mer et par les puissantes murailles à tours carrées qui l'entouraient des trois côtés sur la terre ferme. Split est également un important centre de la civilisation croate. L'époque préromane et l'époque romane y ont laissé les petites églises voûtées qui caractérisent le style « vieux-croate » : Sainte-Trinité à six lobes, basilique Saint-Nicolas, chapelle Saint-Martin dans un couloir du palais, toutes du ixe s. ; Notre-Dame-du-Clocher, des xe s.-xie s. L'art roman et l'art gothique y apparaissent dans une seule et même expression, sous forme d'un roman qui tend à se structurer à la manière gothique, avec une prédominance des ouvertures et des membrures. Les exemples les plus marquants en sont le grand clocher de la cathédrale (xiiie s.-xive s.) ainsi que son portail sculpté (xiiie s.), œuvre d'Andrija Buvina, dont le style s'apparente à celui du maître Radovan, son contemporain de la cité voisine de Trogir (portail de la cathédrale, 1240). Au xve s. fut construit l'hôtel de ville en style gothique fleuri (rénové au xixe s.). Dans le milieu du siècle travaillait à Split l'architecte et sculpteur Georges le Dalmate (Juraj Dalmatinac [† 1473]), maître principal de la cathédrale de Šibenik ; il a notamment construit à Split le palais Papalié (aujourd'hui musée de la ville), dans ce même gotico fiorito, et l'autel de saint Anastase (à la cathédrale), dont le relief de la Flagellation représente un des sommets de l'art croate.

Au xvie s., la ville était menacée par les Turcs. On construisit des palais de style renaissant, mais surtout de nouvelles fortifications. Ce siècle fut celui des lettres. Un cercle d'humanistes s'était constitué autour de Marco Marulić (1450-1524), écrivain latin et croate, auteur notamment du poème Judita, inspiré par la lutte contre les Turcs, une des toutes premières œuvres modernes des lettres croates (écrite en 1501, imprimée en 1521). Au xviie s. et au xviiie s., les Turcs étaient sous les murailles de la ville, et ce n'est qu'après l'affaiblissement de leur puissance, au xixe s., que la vie s'anima de nouveau. C'est alors que commença la sauvegarde et l'exploration systématique du palais ainsi que les fouilles de Salone, animées par l'archéologue Frane Bulić (1846-1934), qui y découvrit les monuments principaux et y organisa en 1894 le premier congrès européen d'archéologie chrétienne.

Le xxe s. a donné plusieurs artistes de grande renommée, tels les sculpteurs Toma Rosandić (1878-1958) et Ivan Meštrović (1883-1962) ainsi que le peintre Emanuel Vidović (1872-1953).

Split possède de nombreux musées, notamment le Musée archéologique, fondé en 1820, et le musée des Monuments archéologiques croates, fondé en 1893 (sculpture décorative à entrelacs de l'art « vieux-croate », ixe s.-xie s.). Dans le palais Meštrović se trouve la galerie du même nom, constituée par la donation du grand sculpteur.