La Haye
en néerlandais Den Haag et 's-Gravenhage
Ville des Pays-Bas, chef-lieu de la province de Hollande-Méridionale, sur le revers des dunes littorales.
- Population pour l'agglomération (y compris Leidschendam, Rijswijk, Voorburg, Wassenaar et Wateringue) : 646 000 hab. (estimation pour 2014)
GÉOGRAPHIE
Sans être la capitale, La Haye est le siège du gouvernement, de nombreuses administrations, des ambassades et d'organismes internationaux (Cour de justice). De multiples sociétés commerciales et industrielles y ont leur siège. Le bâtiment, la métallurgie et l'édition représentent le secteur industriel de l'agglomération, également centre culturel (musées, théâtres) et touristique (plage de Scheveningen).
L'HISTOIRE DE LA HAYE
Jusqu'au xiiie s., La Haye était le nom d'un rendez-vous de chasse des comtes de Hollande situé au milieu des bois. L'empereur germanique Guillaume II de Hollande y bâtit un château en 1248. Un siècle plus tard, le comte Albert de Bavière décida que la Cour de justice de Hollande et de Zélande y siégerait. Une ville s'éleva autour du château et conserva l'ancien nom de La Haye.
Après l'indépendance des Provinces-Unies (1579), le prince Maurice de Nassau, fils de Guillaume le Taciturne, qui lutta victorieusement contre les Espagnols, y transféra en 1618 le gouvernement avant d'y mourir en 1625. Depuis lors, la ville devint la résidence des stathouders ; mais bien avant, dès le xvie s., les états généraux avaient pris l'habitude de se réunir dans l'ancien palais des comtes de Hollande, le « Binnenhof ». Le 30 janvier 1648, la paix qui reconnaissait définitivement l'indépendance des Provinces-Unies y fut signée avec l'Espagne.
En 1672, La Haye fut le théâtre du tragique assassinat des frères de Witt.
Après la conquête, en 1795, des Provinces-Unies par la France, Napoléon, en 1806, en fit le royaume de Hollande pour son frère Louis, qui transféra sa capitale à Amsterdam. Mais de 1815 à 1830, à l'époque de l'union avec la Belgique actuelle, La Haye redevint, en alternance avec Bruxelles, le siège des états généraux.
Aux xixe et xxe s., de nombreux congrès s'y réunirent (conférences de la Paix en 1899 et 1907 ; conférences de La Haye en 1929 et 1930). Au cours de la Seconde Guerre mondiale, La Haye fut ravagée par les Allemands lors de l'édification du mur de l'Atlantique, et par les Alliés, qui la bombardèrent durant l'hiver 1944-1945 afin d'atteindre les rampes de lancement des « V1 » et « V2 » qui y étaient installées.
LA HAYE, CENTRE D'ART
Introduction
Cité aristocratique depuis le xiiie s., la ville prit un lustre tout particulier lors de l'installation du prince Maurice de Nassau, second stathouder. Il fit construire, non loin du Vijver, son palais, élevé en 1637 par Pieter Post (1608-1669) sur les plans de Jacob Van Campen (1595-1657). Cette demeure, de style renaissance hollandaise, renferme le musée royal des peintures, l'actuel Mauritshuis. Le Binnenhof, palais à vaste cour intérieure des anciens comtes de Hollande (fondé par Guillaume II de Hollande en 1248), subit maintes transformations et restaurations au cours des siècles, de même que l'hôtel de ville, élevé entre 1554 et 1556, puis agrandi au xviiie s. et au début du xixe s. Par contre, la Grote Kerk (Grande Église), ou église Saint-Jacques, a conservé son style gothique du xive s. malgré les incendies du xvie s. et du début du xviiie s. L'ancien palais royal construit en 1533, qui fut la demeure de la veuve de Guillaume le Taciturne, date dans sa forme actuelle de 1640 ; il n'a pas gardé l'unité de style de la Huis ten Bosch (la Maison du Bois), construite en 1647. Les principales peintures décoratives de cet édifice furent confiées à Jordaens. Gerard Van Honthorst (1590-1656), Jan Lievens (1607-1674), Christiaen Van Couwenbergh (1604-1667) rivalisèrent avec le maître anversois. Plus tard, Guillaume II et Guillaume III appelèrent maints artistes des Pays-Bas et créèrent les précieuses collections de tableaux malheureusement dispersées au xviiie s.
Les peintres de La Haye au xviie s.
L'activité du foyer culturel de La Haye était intense, et son actualité était vive en Hollande. Jan Anthonisz. Van Ravesteyn (vers 1570-1657) fut le premier des peintres attitrés de la cour des princes d'Orange, entre 1610 et 1630. Formé par Michiel Jansz. Van Mierevelt (1567-1641), Van Ravesteyn est cofondateur de la nouvelle confrérie des peintres de La Haye en 1656. Adriaen Hanneman (vers 1601-1671), le gendre de Van Ravesteyn, connut à Londres l'art de Van Dyck. Il rentra à La Haye vers 1637 et travailla pour la princesse Marie d'Orange ainsi que pour les états de Hollande. Bartholomeus Van der Helst (1613-1670) devint le peintre officiel de la maison d'Orange. Gerard Van Honthorst, peintre éclectique par excellence, fut admiré à La Haye pour ses compositions décoratives s'inspirant tant de Rubens que des Carrache. Il exécuta des portraits et de grandes peintures pour les palais princiers de Ryswick, de Honselersdijk et de Huis ten Bosch.
Bartholomeus Van Bassen (vers 1590-1652), peintre d'architecture, doyen de la gilde de La Haye en 1627, dirigeait en 1639 la restauration de l'hôtel de ville. Il eut pour élève Gerard Houckgeest (vers 1600-1661). Parallèlement au grand mécénat princier, la bourgeoisie protégea nombre de peintres importants : Hercules Seghers (vers 1590-vers 1640) travailla à La Haye ainsi que Jan Van Goyen, Abraham Hendricksz. Van Beyeren (1620 ou 1621-1690), Paulus Potter (1625-1654) et Pieter de Hoogh. Après cette période de protection princière de Maurice de Nassau, de Frédéric-Henri, son successeur, puis de son épouse Amalia Van Solms, La Haye conserve encore une grande activité picturale. Pieter Nason (1612-1688 / 1691) reste le chef de l'ancienne gilde de La Haye jusqu'en 1657. Caspar Netscher (1635 ou 1636-1684) fut un agréable peintre d'histoire. Son fils Constantin (1668-1723) perpétue la manière du portrait mondain jusqu'au xviiie s. Aert Schouman (1710-1792) et Rachel Ruysch (1664-1750) maintiennent la réputation artistique de La Haye au xviiie s.
L'école de La Haye au xixe s.
Vers les années 1870-1871, de jeunes peintres se regroupèrent à La Haye, dans le dessein de renouer avec la tradition hollandaise, dont les derniers vestiges avaient disparu à l'époque néoclassique. Parmi ceux-ci Johannes Bosboom (1817-1891), romantique à ses débuts et fortement influencé par Rembrandt et Emmanuel de Witte (vers 1617-1692), créa des intérieurs d'église hauts en couleur et en effets de lumière. À ce premier réveil artistique participa Andreas Schelfhout (1787-1870), paysagiste romantique connu pour ses scènes hivernales, qui fut le maître de Jongkind. Jacob Maris (1837-1899) peut être considéré comme le chef de l'école de La Haye. Nettement marqué par le réalisme de Daumier et de Courbet, il s'oriente ensuite vers l'impressionnisme contemporain. Ses frères Matthijs Maris (1839-1917), élève de l'académie de La Haye, et Willem Maris (1844-1910) évoluent également du romantisme vers le réalisme ; Hendrik Johannes Weissenbruch (1824-1903), élève de Schelfhout, unit la tradition nationale du paysagisme de Van Goyen à Ruysdael à l'influence de l'école de Barbizon. Hendrik Willem Mesdag (1831-1915) se fixe à La Haye en 1869. Peintre de marines, il appartient aussi à ce groupe réaliste. Il fit don en 1903 à l'État néerlandais de ses riches collections d'art français et hollandais contemporain, créant ainsi le musée Mesdag à La Haye. Anton Mauve (1838-1888) travailla à La Haye et à Laren, où il fonda une école. Vincent Van Gogh, son cousin, suivit ses leçons à La Haye en 1882 et 1883. C'est Mauve qui lui révéla sans doute l'art de Millet. Van Gogh étudia aussi les œuvres de Jozef Israëls (1824-1911), dont le fils, Isaäc Israëls (1865-1934), fera également partie de l'école de La Haye. George Hendrik Breitner (1857-1923) fut l'ami de Van Gogh lors de leurs débuts. Jongkind et Van Gogh connurent ainsi d'emblée l'avant-garde de l'art français grâce au milieu artistique de La Haye. Willem de Zwart (1862-1931), tout comme Breitner son ami, suivit les recherches expressionnistes. Jan Toorop (1858-1928) s'oriente vers un symbolisme voisin de celui de Gustave Moreau, tandis que Willem Adriaan Van Konijnenburg (1868-1943) évolue dans un sens plus décoratif. Ainsi, l'école de La Haye, au xixe et à l'aube du xxe s., tend à réconcilier son grand passé culturel avec les nouvelles voies de l'art moderne.
LES MUSÉES DE LA HAYE
le Mauritshuis, ou Musée royal de peinture
Installé depuis 1822 dans l'ancien palais du prince Maurice de Nassau, il est l'un des plus importants des Pays-Bas et abrite de prestigieuses collections de peinture : chefs-d'œuvre de Rembrandt (dont la Leçon d'anatomie du professeur Tulp, Siméon au Temple, David jouant de la harpe devant Saül…), de Vermeer (Tête de jeune fille, Vue de Delft), de Van der Weyden (la Déploration), de Holbein le Jeune (Gentilhomme devant un faucon), de J. Bruegel et Rubens (le Paradis terrestre), de Van Dyck (Portrait de Quintijn Simons). Memling, Q. Metsys, Brouwer, Teniers, les Ruysdael, les Van de Velde, A. Cuyp, Troost y sont également représentés.
Le Musée municipal
Ce musée abrite une remarquable collection d'instruments de musique ainsi qu'un ensemble de peinture moderne néerlandaise et européenne, avec notamment les peintres de l'école de La Haye (J. Israëls, les Maris, A. Mauve), Breitner Mondrian, le fauvisme et l'expressionnisme.
Le musée Mesdag
Il est installé dans la maison du peintre et collectionneur Mesdag (important ensemble de la peinture du XIX°s., française [école de Barbizon, Courbet…] et néerlandaise).
Le musée Bredius
(peinture hollandaise, dessins de Rembrandt).