Alberobello
Ville d'Italie (province de Bari), à environ 4 km au nord de Tarente ; altitude : 428 m.
- Population : 10 948 hab. (recensement de 2011)
Alberobello, dont les trulli, habitations rondes à toit conique, sont depuis des siècles élevées selon un procédé de construction en pierres sèches hérité de la préhistoire, est un site inscrit depuis 1996 sur la liste du patrimoine mondial culturel de l'Unesco.
Histoire
On raconte qu'en 1654 le roi de Naples Ferdinand d'Aragon aurait donné au comte Acquaviva de Conversano le fief de Sylva Arboris Belli (« forêt de l'arbre de la guerre ») en récompense de services rendus par son aïeul, pendant la défense de la ville d'Otrante, assiégée par les Turcs en 1491. Le roi cependant, assortit le don de ces terres de l'interdiction d'y construire des villages ; voulant néanmoins profiter du travail de la main d'œuvre locale, le comte demanda alors à ses paysans et à ses bergers de se construire des habitations telles qu'elles puissent être rapidement démontées en cas d'inspection royale.
Les habitants utilisèrent donc pour édifier leurs logis la technique traditionnelle de la pierre sèche, avec des galets de pierre à chaux ramassés dans les champs alentour. Dès qu'était signalée l'arrivée des inspecteurs royaux, cette technique de construction, réalisée sans aucun mortier, permettait de détruire immédiatement les habitations en fixant une corde autour du pinacle et en tirant dessus à l'aide des chevaux.
Après que, le 27 mai 1797, le roi Ferdinand IV de Bourbon eut enfin aboli le décret d'interdit, les habitants d'Alberobello continuèrent néanmoins à entretenir les trulli existants et à en édifier de nouveaux selon la même technique.
Les maisons furent érigées sur la colline occidentale d'Alberobello, divisée en deux quartiers. Rione Monti, au nord, possède plus de 1 000 trulli, tandis que le quartier d'Aia Piccola, au sud, en rassemble 400.
LES TRULLI
La technique de construction des trulli, employée pour édifier les monuments mégalithiques à forme circulaire, typiques des cultures méditerranéennes (maisons en « pain de sucre » de la région d'Alep, en Syrie ; bories de Provence, etc.), remonte au moins au troisième millénaire avant J.-C.
Le plus souvent, le trullo (le mot dérive sans doute du latin turrula, petite tour) se compose d'un espace d'habitation unique, avec une porte, mais sans fenêtres ; des trulli accolés permettent de construire des habitations de plusieurs pièces (jusqu'à une dizaine, alignées) dont chacune possède son propre toit ; celui-ci, conique, est édifié à l'aide de lauzes disposées en assises concentriques. Au centre, le dernier cercle de pierres est recouvert d'un pinacle qui achève en son sommet la couverture du toit ; ce pinacle, formé par un empilement de trois pierres (plates, en croix, demi-sphériques, en cylindre, en étoile, en pyramide, etc.) affecte les formes les plus variées dont les significations éventuelles restent le plus souvent mystérieuses (pure valeur ornementale, rôle prophylactique, symboles pour distinguer les familles ?).
Pour assurer une meilleure isolation contre la chaleur et le froid, les habitants d'Alberobello élèvent un mur double dont les parois intérieures sont séparées par un vide ; la distance qui sépare le mur externe du mur interne correspond à un cinquième de l'inclinaison du mur externe, qui présente une pente vers l'extérieur, alors que le mur interne doit comporter une pente dirigée vers l'intérieur. La pierre utilisée est une pierre blanche locale dégrossie à la main pour lui donner une forme caractéristique « en queue d'aronde » ; les chiancarelle (grandes dalles minces) et les scaglie (« écailles » rectangulaires plus petites, d'épaisseurs variées en fonction de la pente que l'on veut créer), sont disposées alternativement, en couches superposées.
Les trulli sont régulièrement passés à la chaux et leur façade est décorée de divers motifs, variables selon les familles : croix ansée, arbre, chandelier à sept branches ; chrisme ; omega, trident, roue solaire, etc.
Le Trullo Sovrano (« trullo souverain »)
Il est ainsi nommé parce que, à deux étages, il est le plus grand et le plus haut de tous les trulli d'Alberobello. On suppose qu'il a été édifié dans la première moitié du xviiie siècle ; il est caractérisé par une double voûte et un escalier taillé dans la pierre, qui conduit au premier étage.