raton laveur

Raton laveur
Raton laveur

Depuis des millénaires, le raton laveur, petit animal à la face masquée, peuple les immenses territoires du continent américain et, plus récemment, une partie de l'Europe et de l'Asie. Ce maraudeur, vif et intelligent, furète à longueur de nuit aux abords de l'eau pour chasser ses proies avec une habileté étonnante.

Introduction

Les origines du raton laveur restent confuses et alimentent encore les débats des scientifiques. Membre de la famille des procyonidés, il fait partie de l'ordre des carnivores et, à ce titre, se rattache donc aux miacidés, ces petits mammifères arboricoles à queue longue, apparus il y a entre 30 et 50 millions d'années, qui, au début de l'oligocène (il y a 30 millions d'années), se scindent en trois branches principales : les félidés, les canidés et les phocidés. C'est à partir de ce stade que les hypothèses des scientifiques ont divergé. Pour certains, les procyonidés dériveraient des canidés primitifs, dont ils se seraient rapidement séparés au cours de l'oligocène. D'autres ont avancé l'hypothèse que l'origine des procyonidés était plus récente : ils se seraient développés pendant le pliocène (de – 5 à – 2 millions d'années), à partir d'un ancêtre commun. D'autres enfin ont suggéré que les procyonidés auraient un mystérieux ancêtre, encore inconnu, commun avec les mustélidés. Cette relation avec les mustélidés a été confirmée par les recherches génétiques. Des travaux récents (2006 et 2007) confirmeraient finalement une divergence fondamentale entre Cynoidea (canidés) et Arctoidea, groupe qui se sépara en trois groupes primaires, les Ursidés (y compris le panda géant), les pinnipèdes et les Mustéloidés. Au sein de cette dernière superfamille, ont été également précisées les divisions en vigueur entre mustélidés, procyonidés (les premiers étant le « groupe sœur » des seconds), méphitidés et ailuridés (monotypique avec le petit panda). Par ailleurs, les liens entre espèces de procyonidés ne sont pas encore clairement identifiés et l'hypothèse d'évolutions parallèles est avancée, les divergences entre genres ayant probablement eu lieu au miocène.

Quant au genre Procyon auquel appartient le raton laveur,  il serait ainsi apparu à la charnière du miocène et du pliocène, il y a quelque 5 millions d'années, en Amérique du Nord, et aurait colonisé l'Amérique du Sud au moment de l'apparition de l'isthme de Panamá. Introduit avec succès en Europe et en Asie, le raton laveur (Procyon lotor) bien que chassé et piégé par l'homme, est en constante augmentation.

La vie du raton laveur

Un solitaire nocturne

Dormant tout le jour, le raton laveur ne pointe son museau hors de sa tanière qu'à la nuit tombée. Alors, du crépuscule à l'aube, il déborde d'activité et parcourt son territoire pour se nourrir. Il se rend d'abord vers les meilleures zones d'alimentation de son domaine, de préférence les abords de l'eau et les forêts humides ou marécageuses riches en proies aquatiques et en végétaux, qu'il prospecte longuement, grâce à son odorat développé et à ses mains très sensibles. Ensuite, il élargit ses recherches vers des zones secondaires pour compléter éventuellement son repas. Enfin, quand la nuit s'achève, il regagne son gîte, où il passera tranquillement la journée bien à l'abri des prédateurs. Il lui arrive pourtant de déroger à cette règle : au bord de la mer, par exemple, lorsque les marées basses laissent sur les rivages quantité de mollusques et de crustacés, il s'aventure sur les plages, même de jour, pour profiter au maximum de cette manne.

Un excellent grimpeur

Le raton laveur n'est pas un bâtisseur. Dans les arbres, il utilise les cavités existantes. Le choix des tanières, ou gîtes, dépend essentiellement de la protection et de la sécurité offertes par ces abris, qui sont souvent situés près de l'eau, entre 70 et 150 m en moyenne de celle-ci, et, au maximum, à 800 m. Les larges cavités des arbres constituent en principe les gîtes préférés du raton laveur, notamment des femelles qui y élèvent leurs petits. Mais des études de radio-pistage, menées dans l'Ontario, montrent une utilisation préférentielle des terriers au sol. Les raisons d'un tel choix dans ces régions sont inconnues.

Bien qu'il soit un excellent grimpeur, le raton laveur effectue l'essentiel de ses déplacements et de sa recherche de nourriture au sol. Il peut parcourir d'assez longues distances sur une zone qui couvre habituellement 300 ha. Cette superficie est cependant variable selon le sexe, l'âge, le nombre des individus mais aussi selon la qualité de l'habitat et la saison. Là où la nourriture est abondante, les territoires peuvent ne pas dépasser 40 ha, superficie qui s'étend temporairement lorsque le raton laveur exploite des ressources alimentaires saisonnières (fruits, maïs...) situées au-delà des frontières de son domaine, ou à la saison des amours, lorsque le mâle, probablement polygame, courtise plusieurs femelles.

Des cris pour communiquer

Le raton laveur étant un solitaire, mâle et femelle vivent séparément, chacun sur son domaine. Les territoires des femelles, plus petits, sont de 150 à 200 ha en général. Ils se chevauchent souvent, alors que ceux des mâles sont séparés et balisés par des sécrétions odorantes. Le comportement de défense du domaine vital diffère selon les sexes. Les mâles seraient plus agressifs, notamment lors de la période de reproduction ou, chez les plus jeunes, lors de l'acquisition d'un nouveau territoire. En dépit de leurs mœurs solitaires, il arrive que les animaux (jusqu'à neuf) se regroupent en association provisoire sur des lieux riches en nourriture. La vie sociale des ratons laveurs est peut-être beaucoup plus développée qu'on ne le pense. Les nombreux systèmes de communication qu'ils utilisent, tant visuels que sonores et tactiles, en témoignent. Ainsi, près de treize types de cris différents ont été notés. La plupart sont échangés entre partenaires au moment de la reproduction ou lors des contacts entre jeunes d'une même famille.

Dans le nord de leur aire de répartition, les rigueurs hivernales obligent les ratons laveurs à ralentir leur activité. Pendant les mois les plus froids, ils se réfugient dans leur gîte où, vivant sur les réserves de graisse, ils entrent dans une phase de repos. Mais il ne s'agit pas vraiment d'une hibernation, car le taux métabolique reste élevé et, si les conditions redeviennent plus clémentes, même passagèrement, il leur arrive de sortir de leur abri. Dans ces tanières d'hiver, plusieurs ratons peuvent cohabiter et passer la mauvaise saison ensemble. On en a compté parfois jusqu'à vingt-trois !

Un carnivore aux mains habiles

Le raton laveur possède des capacités d'adaptation alimentaire assez remarquables. Ce carnivore pourrait presque être qualifié d'omnivore ; car non seulement il s'accommode d'une très grande variété de proies terrestres ou aquatiques selon les saisons et les régions, mais il peut également ingurgiter une forte proportion de végétaux pendant la période estivale. Il a toutefois une préférence marquée pour des animaux de petite taille, qui vivent dans un milieu aquatique.

Les techniques de chasse du raton laveur sont différentes de celles utilisées habituellement par les carnivores. Pas d'affût ni de course-poursuite pour ce quêteur qui furète partout autour de lui, reniflant et touchant ce qui lui paraît comestible. Le toucher joue en effet un rôle essentiel dans la recherche de la nourriture ; les pattes avant du raton laveur ont une mobilité et une sensibilité extrêmes, comparables à celles des mains de l'homme. Il semblerait que le raton laveur soit capable de repérer des écrevisses dans l'eau, simplement en les touchant, comme l'a démontré une étude menée en 1977 par M. Ewer. Tous les aliments, quels qu'ils soient, sont manipulés avec les pattes antérieures avant d'être portés à la gueule. La renommée du raton laveur lui vient de cette grande dextérité manuelle et de son habitude de « laver » ses aliments avant de les consommer.

Des repas à la carte

Les menus du raton laveur sont variés, mais les petits vertébrés n'y occupent pas une place très importante, comme on pourrait l'imaginer pour un animal carnivore de cette taille. Par contre, les invertébrés prédominent, qu'il s'agisse de myriapodes, d'insectes (sauterelles, chenilles, guêpes, coléoptères...) ou de crustacés. Le raton laveur est très gourmand d'écrevisses, mais ne dédaigne pas les escargots ou les vers de terre, déterrés avec les pattes antérieures. Lorsqu'il s'attaque aux vertébrés, il marque une préférence pour les amphibiens (grenouilles, crapauds...), les rats, les musaraignes ou les écureuils. À l'occasion, il peut également consommer des poissons ou de jeunes tortues. Quand vient le printemps, oisillons et œufs complètent ce régime. Le raton laveur ne s'attaquera aux oiseaux adultes que s'ils sont blessés ou malades, c'est-à-dire s'il a une chance de pouvoir les attraper. En été, il s'adapte et profite de la végétation luxuriante pour se nourrir de fruits, de baies, de maïs et d'herbes diverses ; la part des végétaux dans son alimentation peut alors prédominer sur celle des animaux.

Le raton laveur prospère ainsi en adaptant son régime alimentaire aux saisons ou à son environnement géographique. Dans ce dernier cas, les variations peuvent être importantes : ainsi, le raton laveur consommera principalement des écrevisses près des rivières, alors qu'en montagne ce seront des baies et des fruits qui constitueront l'essentiel de sa nourriture. Des observations ont montré également l'évolution des menus du raton laveur en fonction des saisons : les proies animales (crustacés, poissons, insectes, mollusques) peuvent dominer de l'hiver au printemps, puis les crustacés perdre de leur importance pour être remplacés par les végétaux (glands et baies) en été et en automne.

Des petits bien protégés par leur mère

Juste avant l'éveil printanier, en février-mars généralement, le raton laveur mâle se met en quête d'une ou de plusieurs partenaires. Il parcourt alors de grandes distances, qui l'amènent souvent au-delà des limites de son territoire. Lorsqu'il rencontre une femelle en chaleur, il ne perd pas de temps. Le cérémonial amoureux est bref : le mâle griffe le sol de ses pattes postérieures, se redresse et se frotte l'arrière du crâne à l'aide d'une branche qu'il tient dans ses pattes antérieures. Pendant toute la durée de l'accouplement, la femelle émet un cri continu. Puis les partenaires se séparent et le mâle repart : il peut s'accoupler avec 2 ou 3 femelles et parcourir 11 km en une nuit !

La mère élève seule ses petits

La femelle reste seule pour mettre au monde, élever et protéger les petits. Peu avant la naissance, elle devient agressive et chasse tout congénère qui serait dans les environs. Après une soixantaine de jours de gestation, au mois d'avril en général, elle met bas dans son terrier ou dans l'anfractuosité d'un arbre. Selon les régions, les naissances peuvent se poursuivre jusqu'en août ; dans l'extrême sud-est des États-Unis, elles auraient lieu en mai-juin. Le nombre de petits par portée est également variable : de 2 à 5 en moyenne, il peut aller jusqu'à 8. Il semblerait que les régions septentrionales soient plus favorables aux grandes portées. L'abondance des ressources alimentaires est aussi un facteur important.

Un masque noir et blanc dès la naissance

Les jeunes ratons laveurs ont les yeux et les oreilles fermés et ne pèsent pas plus de 75 g. Même si les observateurs ne sont pas d'accord pour déterminer s'ils sont ou non alors recouverts d'un pelage, le masque facial noir et blanc, si typique de l'espèce, est déjà esquissé. À l'âge de 10-12 jours, il sera nettement dessiné. Peu après, à 15-20 jours, les yeux et les oreilles s'ouvrent. À 7 semaines, la fourrure des jeunes n'aura rien à envier à celle des adultes. Les premières dents de lait font leur apparition à 4 semaines, mais la dentition définitive n'est acquise qu'entre la quatorzième et la vingtième semaine. Les petits ingèrent leurs premiers aliments solides vers la neuvième semaine, mais, maladroits et turbulents, ils sortent plus tôt du terrier, sous l'œil attentif de leur mère. Pour communiquer avec elle, ils utilisent divers sifflements, cris aigus ou vibrants, réclamant du lait et de la chaleur. La mère répond par des grognements et des ronronnements, qui stimulent et synchronisent la tétée. Lorsque les jeunes commencent à se déplacer, les vocalisations diminuent en fréquence et en intensité ; désormais, elles serviront surtout à réunir la famille et à maintenir sa cohésion. Durant l'automne ou l'hiver suivant leur naissance, les jeunes s'éloignent du gîte familial, à la recherche d'un nouveau territoire.

Pour tout savoir sur le raton laveur

Raton laveur (Procyon lotor)

Avec son masque facial et sa queue touffue marquée par 5 à 7 anneaux foncés, l'aspect du raton laveur est caractéristique. Ce maraudeur vif et espiègle, à la silhouette trapue, possède un museau fin et pointu, des oreilles bien dégagées, tenues droites, et un arrière-train surélevé. Sa fourrure dense varie du brun grisâtre clair au brun sombre, en passant par le roux. Sa queue se termine par un bout noir et le dessous du corps est plus clair. Les poils sont assez longs, notamment sur les flancs ; ils recouvrent en partie les pattes qui, de ce fait, paraissent encore plus courtes.

De la taille d'un petit chien (de 50 à 90 cm pour le corps et de 20 à 40 cm, au maximum, pour la queue), le raton laveur adulte pèse en moyenne entre 5 et 6 kg. Mais certains individus atteignent 15 ou 20 kg. La morphologie varie en fait selon le sexe et les régions. Les mâles sont plus forts, plus massifs que les femelles (poids supérieur de 10 à 15 %, en moyenne), et, au nord de son aire de répartition, l'animal est plus lourd et sa fourrure plus dense. Tous les ratons laveurs muent une fois par an, au printemps : le processus dure trois mois.

Les pattes de ce petit mammifère ont chacune cinq doigts pourvus de griffes solides. Les orteils sont longs et effilés, mais ne sont pas reliés entre eux par une membrane natatoire, bien que cet animal soit un excellent nageur. Les pattes antérieures sont dotées d'une mobilité et d'une sensibilité remarquables ; grimpeur très agile, le raton laveur les utilise comme des mains pour s'élever jusqu'au sommet des arbres. Il peut ainsi s'échapper rapidement s'il se sent menacé ou s'il est poursuivi. Pour redescendre, il se laisse glisser avec précaution le long du tronc en gardant la tête dirigée vers le haut.

Lorsqu'il se déplace, généralement au trot, le raton laveur adopte une posture caractéristique : dos courbé, tête basse et queue dressée. Il n'est pas très rapide et, même au galop, ne dépasse pas les 25 km/h. Ce n'est pas un handicap pour lui qui n'attrape pas ses proies à la course.

Doté d'un bon odorat, d'une ouïe fine et d'un excellent toucher, c'est un chasseur efficace, qui trouve facilement de quoi se nourrir. Pour consommer ses victimes, le raton laveur s'assied sur son arrière-train, saisit la proie dans ses mains et la déchiquette avant de l'avaler. Car, comme son régime alimentaire assez éclectique le prouve, sa dentition n'est pas celle d'un carnivore strict : les canines sont développées en crocs, mais les molaires sont aplaties.

Animal intelligent, le raton laveur est parfois capable de performances assez remarquables. Sterling North rapporte le cas d'une femelle sauvage qui avait appris à reconnaître le son d'une cloche pour se nourrir. Lorsque la cloche sonnait, la porte s'ouvrait et de la pâtée était servie. Après quelques nuits, la femelle disparut mais revint deux ans après, accompagnée de ses deux jeunes. Elle n'avait rien oublié du mécanisme « sonnerie - ouverture de porte - nourriture », qu'elle enseigna à ses petits.

          

RATON LAVEUR

Nom (genre, espèce) :

Procyon lotor

Famille :

Procyonidés

Ordre :

Carnivores

Classe :

Mammifères

Identification :

Coloration générale brun grisâtre ou roux ; queue touffue annelée de noir ; masque facial noir et blanc très contrasté

Taille :

Tête et corps : de 50 à 90 cm ; queue : de 20 à 40 cm ; hauteur : de 30 à 35 cm

Poids :

Entre 5 et 6 kg ; parfois 15, voire 20 kg

Répartition :

Amérique du Nord (jusqu'au Canada) et Amérique centrale (jusqu'à Panamá). Introduit en Asie et en Europe, principalement en Allemagne ; deux populations principales en France, en Alsace et en Lorraine ainsi que dans le département de l'Aisne

Habitat :

Bois mixtes ou feuillus, bocages, parcs, à proximité de l'eau ou non ; voisinage des habitations

Régime alimentaire :

Carnivore à tendance omnivore

Structure sociale :

Solitaire ou groupes familiaux

Maturité sexuelle :

10-15 mois pour les deux sexes

Saison de reproduction :

Accouplement en février-mars ; naissances principalement en avril

Durée de gestation :

63 jours

Nombre de jeunes par portée :

De 2 à 5 en moyenne, et jusqu'à 8 ; parfois seulement 1

Longévité :

Entre 6 et 16 ans

Effectifs, tendances :

Effectifs inconnus mais en augmentation

Statut, protection :

Classé espèce-gibier dans la plupart des pays

 

Signes particuliers

Dents

Le raton laveur possède 40 dents. Chaque demi-mâchoire compte trois incisives, une canine, quatre prémolaires et deux molaires. La forme de ses dents indique bien que ce petit mammifère n'est pas un carnivore au sens strict : si les canines sont en forme de crocs, les prémolaires, bien qu'acérées, ne sont pas spécialisées en « carnassières » comme chez les vrais carnivores, et les molaires ont une couronne aplatie.

Tête

Le masque facial est sans aucun doute le trait le plus caractéristique du raton laveur. Une bande médiane noire joint l'extrémité du museau à la fourrure du front, également noire. Le reste de la face est de couleur blanche. Ce contraste donne l'impression que le raton laveur porte un « loup » noir devant les yeux. Les poils de la tête sont plus longs sur les joues et forment de légers favoris. La tête fine, le museau pointu, les oreilles petites et bien droites accentuent encore l'image d'un animal vif et espiègle.

Pattes

Le raton laveur est un plantigrade, c'est-à-dire qu'il marche en s'appuyant sur toute la longueur de ses pattes, du talon aux doigts. Ses empreintes laissent bien voir les cinq doigts de chaque patte, imprimés sur la terre, en avant de la sole plantaire. Celle-ci est dépourvue de poils. Aux pattes postérieures comme aux pattes antérieures, chacun des cinq doigts se termine par une griffe solide, acérée et non rétractile, qui ne laisse pas d'empreinte. Les orteils sont plus longs et plus effilés. Les pattes paraissent courtes, car elles sont recouvertes en partie par les longs poils des flancs. Leurs dimensions sont de 11 cm pour la patte arrière et seulement 6 cm pour la patte avant. La largeur de toutes les pattes est de 4 cm.

Les autres ratons laveurs

La famille des procyonidés compte 14 espèces réparties en  6 genres et regroupe le raton laveur le coati, l'olingo, le kinkajou et le bassari ou cacomistle. Pendant longtemps, le petit panda y a été classé. Ce dernier, unique représentant du genre Ailurus, est le seul à ne pas vivre sur le continent américain et a finalement été isolé dans la famille des ailuridés qui ne comprend que lui.

Les Procyon sont les ratons laveurs proprement dits et vivent tous sur le continent américain. Ils présentent tous de grandes similitudes d'allure et de biologie.

Le nombre exact d'espèces présentes au sein du genre Procyon auquel appartient le raton laveur d'Amérique du Nord et d'Amérique centrale a été longtemps discuté, variant entre deux et sept. Certains ont identifié cinq autres espèces proches, chacune présente sur une île du golfe du Mexique ou de la côte ouest mexicaine, mais ces populations isolées seraient plutôt issues d'introductions anciennes de Procyon lotor. Nettement différent de ce dernier, le raton crabier a une répartition plus méridionale que lui. Toutes ces espèces restent encore mal connues. Après examen des différentes sources, le S.I.T.I (Système d'Information Taxonomique Intégré) a choisi de ne retenir que trois espèces et 26 sous-espèces.

Les sous-espèces de Procyon lotor

Procyon lotor comprend une vingtaine de sous-espèces dont certaines insulaires comme :

Raton laveur de la Guadeloupe (Procyon lotor maynardi)

Aussi appelé « Ti-racoune » en créole.

Identification : nettement plus petit que le raton laveur nord-américain, il est sans doute issu des populations de Floride. Poids moyen de 2 à 5 kg. Pelage gris-brun sur le dos ; ventre et membres gris clair ; masque facial caractéristique et bien marqué. Queue relativement longue, touffue et ornée d'anneaux alternativement jaunâtres et gris-noir.

Répartition : forêts et zones humides de Guadeloupe. Serait aussi présent sur l'île de Marie-Galante, proche de la Guadeloupe.

Sur la Basse-Terre, l'espèce fréquente les grandes surfaces boisées et bien arrosées de la Soufrière, au-dessus de 300 m d'altitude.

Sur la Grande-Terre, elle se rencontre dans la mangrove.

Alimentation : variée : fruits, oisillons, poissons, écrevisses, crabes, escargots.

Comportement : mœurs plutôt nocturnes ; actif également de jour dans les régions peu fréquentées par l'homme. L'animal est capable de grimper dans un arbre en fruits ou bien de pêcher dans un torrent.

Reproduction : pas de saison très marquée, semble-t-il, car on rencontre des femelles accompagnées de leurs petits toute l'année. Gestation de 9 à 10 semaines ; de 2 à 6 jeunes par portée, que la femelle élève seule, les allaitant couchée sur le flanc ou sur le dos jusqu'à 4 mois. Maturité sexuelle à 1 an pour les femelles, à 2 ans pour les mâles.

Statut : autrefois capturée, engraissée et consommée, l'espèce est aujourd'hui protégée. On ne sait pas si le raton laveur de la Guadeloupe entre en compétition alimentaire avec la petite mangouste indienne, Herpestes auropunctatus, qui fut introduite en 1888 sur l'île.

Raton laveur des Tres Maria (Procyon lotor insularis)

Identification : pelage plus clair, plus court et plus rêche que celui du raton laveur nord-américain.

Répartition : île de Maria Madré et île de Maria Magdalena (Mexique).

Mœurs proches de celles des autres espèces insulaires.

Le raton laveur de la Barbade (Procyon lotor gloveralleni) est une sous-espèce désormais éteinte.

Deux autres espèces

Raton crabier (Procyon cancrivorus)

Identification : de 54 à 65 cm de long (tête et corps) et queue annelée de 25 à 38 cm, pratiquement toujours égale à la moitié de la longueur du corps. Poids entre 3 et 8 kg. Oreilles petites ; marques noires de la face s'arrêtant en général juste derrière les yeux ; gorge claire. Pelage moins épais que celui du raton laveur ; poussant vers l'avant sur la nuque et les côtés du cou ; peu de poils de bourre ; poils plus épais dans le sud de son aire de répartition où le climat est plus rude ; dos et flancs gris foncé à brun-roux ; ventre roux ou blanchâtre ; pattes foncées.

Répartition : tropicale et forestière, plutôt le long des cours d'eau et des mares permanentes ou temporaires ; Amérique centrale depuis Panamá et Costa Rica, où il cohabite avec Procyon lotor, et Amérique du Sud à l'est des Andes jusqu'en Uruguay et au nord de l'Argentine. À Panamá où raton laveur et raton crabier cohabitent, le premier occupe plutôt les mangroves et le second les rives des eaux douces. Plus au sud, le raton crabier se rencontre également dans les mangroves.

Alimentation : crabes, mollusques, crustacés, poissons, que l'animal saisit avec ses mains sensibles et habiles ; quelques grenouilles, insectes et fruits sauvages à l'occasion.

L'animal doit sans doute son nom à sa consommation saisonnière de crabes terrestres, Ucides cordatus, qu'il capture en grand nombre lorsque ceux-ci migrent de l'intérieur des terres vers la mer.

Comportement : espèce nocturne et terrestre ; grimpe bien aux arbres. Mœurs solitaires ; les seuls groupes observés se composent d'une femelle et de ses jeunes.

Reproduction : mal connue ; de juillet à septembre probablement ; le nombre de jeunes par portée serait de 3 ; élevage et croissance des petits comparables à ceux du raton laveur.

Quatre sous-espèces : P.c cancrivorus ; P.c aequatorialis ; P.c nigripes ; P.c panamensis.

Raton laveur de Cozumel (Procyon pygmaeus)

Aussi appelé « raton pygmée ».

Le plus petit de tous les ratons laveurs.

Identification : de 3 à 4 kg seulement ; très semblable au raton laveur nord-américain.

Répartition : Cozumel, île mexicaine, au nord-est de la péninsule du Yucatán. Ce raton laveur est l'une des trois espèces endémiques de mammifères de l'île. Il semble assez répandu dans tous les milieux, mais se rencontre surtout dans la mangrove.

Sa population étant estimée à moins de 250 individus matures, l'espèce a été classée par l'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) dans la catégorie « en danger critique d'extinction » en 2008.

Le panda roux ou petit panda

Comme les procyonidés, le petit panda possède un corps allongé, une longue queue annelée, un museau pointu et des marques faciales. L'espèce a longtemps été regroupée avec le grand panda – lequel est aujourd'hui identifié comme un  ursidé – et a été classée pendant longtemps avec les procyonidés. Vivant sur le continent asiatique à la différence de ces derniers et présentant des caractères intermédiaires entre les procyonidés et les ursidés, il n'est en fait apparenté ni aux uns ni aux autres comme l'ont montré des études génétiques (2000). Il est ainsi séparé dans la famille des ailuridés, dont il est le seul représentant.

Petit panda (Ailurus fulgens)

Identification : de 80 à 110 cm de long pour un poids de 3 à 5 kg ; pelage long, dense, d'un beau brun-rouge ; 5 doigts munis de griffes semi-rétractiles aux pattes antérieures. L'un de ses doigts fonctionne comme un pouce, qui lui permet de se saisir des végétaux.

Répartition : forêts de bambous de haute altitude, dans la chaîne himalayenne, au sud de la Chine.

Alimentation : herbivore, bambous notamment, mais non exclusivement.

Statut : sa population est estimée à 3 000 - 7 000 individus en Chine et à 5 000 - 6 000 en Inde. Il a été classé par l'U.I.C.N. dans la catégorie « vulnérable » en 2008.

Milieu naturel et écologie

L'intelligence et les facultés d'adaptation du raton laveur lui permettent de survivre dans des habitats très variés. Deux conditions doivent tout de même être obligatoirement réunies pour qu'il s'installe : la présence d'arbres et d'eau à proximité, qui lui assureront le gîte (notamment dans les anfractuosités des arbres) et le couvert, grâce à l'abondance de nourriture en milieu aquatique. Il garde une préférence pour les régions boisées, aussi bien les bois mixtes que les forêts de feuillus, les parcs, toujours proches de l'eau. Mais il peut séjourner également le long des côtes, dans les mangroves tropicales, et même en bordure des savanes ou dans les semi-déserts, s'il a accès à l'eau. On peut le trouver dans les forêts de conifères et, moins souvent, dans des régions où l'eau est rare. Il lui arrive de s'aventurer à proximité des habitations : là, son insatiable curiosité peut s'avérer très désagréable pour les personnes les plus calmes. Ce petit maraudeur s'est si bien adapté aux régions urbaines qu'on le rencontre souvent à l'intérieur des villes, des parcs et des ceintures vertes. En revanche, il évite les zones forestières sèches et colonise rarement les habitats situés au-dessus de 2 000 m d'altitude. C'est sans doute pour cette raison que l'on note son absence dans quelques régions des montagnes Rocheuses, en Amérique du Nord, où il est pourtant largement implanté du sud du Canada jusqu'au Panamá.

L'espèce a été introduite en Europe peu avant la Seconde Guerre mondiale ; là, elle s'est installée dans des forêts de feuillus proches de l'élément aquatique, étang ou simple ruisseau. Il en est de même en France, dans le département de l'Aisne, où la petite population résidante fréquente un milieu boisé et humide.

Différents types de territoire

Le raton laveur n'utilise pas forcément tout l'espace disponible de son habitat pour ses activités et marque une préférence, selon son sexe, pour différents types de territoire, comme l'a montré une étude menée aux États-Unis. Ainsi, dans une région côtière du Maryland, caractérisée par des forêts de pins, des marais de feuillus, des marais saumâtres et des marais d'eau douce, les mâles et les femelles ont surtout colonisé les marais. Dans une zone rurale voisine, constituée de collines parsemées de fermes, de bois de feuillus et traversées de fleuves, les deux sexes ont surtout sélectionné les endroits humides. Par contre, dans une région montagneuse des Appalaches, les femelles se sont installées sur des zones forestières. Enfin, sur un espace urbain où alternent de petites surfaces boisées publiques et privées, les mâles fréquentaient plutôt les boisements tandis que les femelles préféraient les zones résidentielles.

Une population en nette augmentation

Ces dernières années, le raton laveur a étendu son aire de répartition vers le nord du continent nord-américain : divers territoires canadiens, comme l'Alberta, le Manitoba, l'Ontario et le Saskatchewan, commencent à être colonisés. D'après les scientifiques, le défrichage progressif pour l'agriculture et un léger réchauffement climatique en seraient la cause. Il est certain que les remarquables facultés d'adaptation du raton laveur le favorisent dans sa conquête de nouveaux espaces.

La densité de son peuplement est très variable. Aux États-Unis, on peut trouver jusqu'à un individu par hectare. Mais cela reste une exception. On ne compte généralement que quelques individus au kilomètre carré. En Europe et en Asie, la densité est plus faible : moins de 1 à 2 animaux au kilomètre carré.

Une vie abrégée par les prédateurs et le froid

Bien intégré dans son territoire, le raton laveur pourrait théoriquement vivre jusqu'à une quinzaine d'années au moins. Mais les dangers de la nature ne lui permettent que rarement d'atteindre cet âge. Il semblerait qu'un seul individu sur 200 parvienne à sa septième année. La longévité moyenne ne serait en fait que de deux à trois ans. Les rigueurs hivernales, les activités humaines telles que la chasse, le piégeage, la circulation automobile font souvent des ravages dans les populations. Le raton laveur peut être également victime de diverses maladies, les plus sérieuses étant la maladie de Carré et la rage. Quant à ses prédateurs naturels, le lynx, le puma, l'aigle royal ou le hibou grand duc, ils ont des aires de répartition plus limitées que celle du raton laveur et leurs effectifs sont en diminution. Aussi, l'impact de leur prédation est-elle faible.

Pour survivre aux températures hivernales, le raton laveur se met, dès l'automne, à stocker des réserves adipeuses, qui représentent de 20 à 30 % de son poids total, voire plus. Pendant la mauvaise saison, celles-ci lui permettront de couvrir ses besoins énergétiques, ce qui ne l'empêchera pas de perdre près de la moitié de son poids. Dans les régions où l'hiver est doux, le raton laveur reste actif toute l'année et ne maigrira que de quelques kilos (de 16 à 17 % de son poids total).

Dans le nord de l'aire de répartition, où les hivers sont longs et rigoureux, le taux annuel de mortalité atteint jusqu'à 50 %. Les réserves de graisse de certains animaux peuvent s'avérer insuffisantes pour leur permettre de survivre. Les jeunes sont plus vulnérables que les adultes : 60 % d'entre eux peuvent succomber.

Le raton laveur et l'homme

Chassé, piégé, empoisonné mais familier des hommes

Le raton laveur est indissociable du folklore nord-américain. Les courageux trappeurs, tel Davy Crockett, n'arboraient-ils pas une toque faite de son pelage ? Piégé pour sa fourrure, mais aussi tiré et empoisonné depuis les années 1950 comme principal animal vecteur de la rage, l'espèce n'en continue pas moins à prospérer.

Introduit en Asie et en Europe

Le raton laveur a été introduit en Asie et en Europe, peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, pour la qualité de sa fourrure. En U.R.S.S., quelque 22 ratons laveurs élevés dans des zoos furent libérés dans la région du Fergana, en Kirghizie, puis en Azerbaïdjan. Ces introductions ont porté leurs fruits, puisque, à la fin des années 1980, de 1 000 à 1 500 animaux étaient tirés à la chasse chaque année. Entre 1949 et 1958, plus de 1 000 ratons laveurs ont été lâchés en Union soviétique dans une vingtaine d'autres régions, jusqu'en Biélorussie. En Europe occidentale, les premières introductions eurent lieu en Allemagne de l'Ouest, en 1927 (ou en 1934). Quelques couples seulement furent rendus à la liberté, mais, peu à peu, l'ensemble de l'Allemagne était colonisé. À la fin des années 1970, le nombre total de ratons laveurs était estimé entre 50 000 et 70 000 individus. De là, les contrées voisines furent atteintes : Tchécoslovaquie en 1951, Allemagne de l'Est, Pays-Bas et France au cours des années 1960, Luxembourg en 1977, Belgique en 1986... Des individus ont même été observés au Danemark. En France, il existe deux populations, l'une en Alsace et en Lorraine et l'autre dans le département de l'Aisne. La première est liée à l'extension de la population allemande ; la seconde à des lâchers et son expansion est importante. Elle a pour origine des « mascottes » possédées et relâchées en 1966 par des soldats américains affectés sur la base militaire de l'O.T.A.N. à Couvron, près de Laon. Cette population s'est étendue à plusieurs départements voisins, notamment l'Oise, la Marne et les Ardennes. Pour le seul département de l'Aisne, la fédération départementale des chasseurs estime qu'entre 300 et 500 ratons laveurs sont prélevés annuellement dans le département par le piégeage ou la chasse.

Une fourrure de qualité

Dans l'imaginaire populaire, le raton laveur est indissociable du trappeur du Nouveau Monde. Cet homme des bois à la vie rude, en contact étroit avec la nature, arborait souvent une toque en fourrure de raton laveur, avec la longue queue annelée de noir qui pendait à l'arrière. Cette toque est devenue le symbole même du légendaire Davy Crockett.

Le commerce de la fourrure du raton laveur, encore important aujourd'hui, s'est intensifié depuis le milieu du xxe siècle. Vers 1930, aux États-Unis, 300 000 ratons laveurs étaient pris chaque année ; et 3 200 000 quarante ans plus tard. La plupart des peaux étaient exportées vers le Canada et l'Europe, souvent comme imitation de vison, loutre et phoque.

L'intérêt économique de ce commerce était tel, à une époque, que des fermes d'élevage ont même été créées. Mais, après un apogée dans les années 1920-1930, elles ont vite périclité en raison des variations trop importantes des prix. En 1920, une peau se vendait entre 5 et 6 dollars (parfois jusqu'à 15), mais, à partir de 1930, une baisse de la demande entraîna une chute des cours jusque pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1950-1960, ceux-ci s'effondrèrent à nouveau, une peau valant de 1 à 3 dollars. Ils connurent ensuite une remontée spectaculaire, puisque, dans les années 1970, une peau se vendait entre 20 et 30 dollars.

Un animal vecteur de la rage

Aux États-Unis, depuis les années 1950, au cours desquelles la rage canine a été éradiquée, le raton laveur est devenu le principal vecteur de cette maladie en région urbaine. Le premier cas de rage du raton laveur a été enregistré en 1936 en Californie. Pendant de nombreuses années, celle-ci est restée sporadique ou confinée aux États méridionaux, surtout en Floride. Mais, en 1977, une épizootie s'est déclarée en Virginie occidentale et s'est rapidement propagée dans toutes les directions. Trois hypothèses ont été avancées : un lâcher de ratons laveurs contaminés, dans des régions jusque-là indemnes ; une extension naturelle de l'épizootie de proche en proche ; enfin, une contamination par d'autres espèces, les chauves-souris notamment. Des études semblent confirmer la première hypothèse et montrent que les souches virales incriminées sont comparables à celles connues sur les ratons laveurs en Floride alors qu'elles sont différentes des souches observées sur les chauves-souris. En 2003, la première infection d'un homme par cette souche a été observée en Virginie, tandis que le Tennessee devenait le vingtième État touché par l'épizootie qui est attentivement surveillée. Quelques cas ont été également signalés en Allemagne.

« Le laveur » ou « celui qui gratte avec ses mains »

La renommée du raton laveur tient à sa grande dextérité pour saisir les aliments et surtout à son habitude de les « laver » avant de les consommer. Ce comportement tout à fait particulier lui a valu son nom dans de nombreuses langues, y compris en latin puisque lotor signifie « le laveur ». Comme le précisent MM. Lagoni et Hansen dans une étude publiée en 1981, cette attitude a été mal interprétée. La grande majorité des proies consommées par les ratons laveurs sont capturées dans le milieu aquatique ; les actions de frottement et de trempage de la nourriture serviraient en fait à saisir et à maintenir les prises. D'après les observations menées par Lyall-Watson en 1963, il semblerait d'ailleurs que ce soient surtout les animaux en captivité qui aient ce comportement. Le fait d'immerger sa nourriture serait pour eux un moyen de retrouver et d'utiliser leurs techniques habituelles de recherche de proies dans l'eau. Les Amérindiens, fins observateurs de la nature, ne s'y sont pas trompés, et, se référant à la grande dextérité manuelle de l'animal, l'ont appelé arougham, ou arakum, « celui qui gratte avec ses mains ». De ce mot vient le nom anglais de l'espèce : racoon.

La chasse sportive au raton laveur

Souvent, le raton laveur n'est pas chassé uniquement pour être consommé ; sa viande d'ailleurs n'est appréciée que dans certains États du sud des États-Unis et dans les pays latino-américains.

En fait, sur une grande partie de l'aire de répartition de celui-ci, la chasse au raton laveur est avant tout un sport. Elle se pratique chaque année à l'automne, de septembre à décembre, avec des chiens spéciaux, les « coondogs », ou « coonhounds ». Les chasseurs sillonnent la forêt de nuit et interprètent les aboiements des chiens. Ils peuvent ainsi déterminer quand le raton laveur est débusqué, s'il s'est réfugié dans les hautes branches d'un arbre ou s'il est poursuivi par les chiens.

Certains vieux ratons laveurs, pleins d'expérience, font d'ailleurs durer la chasse : souvent, ils recoupent leurs propres traces pour égarer leurs poursuivants, grimpent aux arbres, passent de l'un à l'autre et tentent de s'échapper en se jetant à l'eau. Dans cet élément, ils surpassent les meilleurs chiens et même n'hésitent pas à les noyer en leur maintenant la tête sous l'eau. Lorsqu'ils se trouvent piégés dans un arbre, ces petits animaux essaient de se dissimuler pour échapper aux faisceaux des torches des chasseurs et, si le danger est imminent, ils se laissent choir au sol pour s'enfuir au galop, en espérant ainsi éviter les chiens qui les poursuivent.

Toutefois, aux États-Unis, il existe deux autres types de chasse beaucoup moins sportifs et qui ne laissent pratiquement aucune chance aux ratons laveurs : la chasse par battue et le tir au raton laveur, de nuit. La chasse par battue consiste à lâcher les chiens dans une parcelle forestière pour y débusquer les ratons laveurs ; il ne reste plus aux chasseurs, postés à la périphérie, qu'à tirer sur les petits animaux, rabattus par leurs poursuivants.

En ce qui concerne le tir de nuit, les chasseurs circulent dans leur véhicule sur les chemins forestiers avec des chiens qui cherchent à débusquer les ratons laveurs dans la zone éclairée par les phares pour les rabattre dans la direction des fusils des chasseurs.

Pièges et poisons mortels, des armes souvent utilisées

La cote de popularité du raton laveur n'est pas toujours excellente. Si la plupart d'entre nous le considèrent comme un petit animal fort sympathique, il est parfois perçu comme une gêne pour certaines activités agricoles. Les dégâts qu'il peut provoquer dans les poulaillers, les vergers, les champs de maïs, les vignobles, les cultures de melons ou d'arachides lui font beaucoup de tort. Mais, dans la plupart des cas, l'installation de clôtures électriques suffit à protéger les cultures ou les poulaillers convoités ; elle est d'autant plus efficace que les zones à protéger sont de dimensions restreintes. En fait, le véritable problème que le raton laveur pose à l'homme est qu'il est un vecteur de la rage alors même qu'il peut s'installer jusqu'au sein des zones urbaines. Dans la plupart des pays, le raton laveur est donc classé comme gibier. Il n'en a pas toujours été ainsi. En Europe, l'espèce a d'abord bénéficié d'un statut de protection intégrale au moment de son introduction. Ensuite, au fur et à mesure de l'augmentation de ses effectifs, il fut déclaré gibier : entre 1954 et 1977 dans les Länder allemands, en 1978 en Suisse, en 1987 en France... Différentes techniques ont donc été utilisées pour contrôler ses effectifs. Outre la chasse, le piégeage et l'empoisonnement sont les deux principales méthodes trouvées par l'homme. Le piégeage est particulièrement efficace, car le raton laveur se laisse facilement prendre dans les boîtes-trappes, à l'aide d'appâts appropriés. Dans plusieurs pays, seuls les pièges qui ne blessent pas ou tuent immédiatement sont autorisés. L'utilisation du poison est plus délicate. La strychnine injectée dans les œufs, le maïs imprégné de strychnine ou d'anticoagulant sont des armes redoutables, mais qui font courir beaucoup de risques à d'autres espèces animales non visées ou même à l'homme. Certains pays, dont la France, en ont donc interdit l'usage.

Quelque quatre millions de ratons laveurs sont ainsi piégés ou tirés chaque année aux États-Unis. Malgré tout, l'espèce étend son aire de répartition et l'espèce est classée dans la catégorie « préoccupation mineure » par l'U.I.C.N.

Les « renards de feu »

L'homme est souvent fasciné par la beauté de certains animaux. Ainsi la magnifique fourrure d'un roux éclatant du petit panda le prédestinait-elle à être convoité par les zoos. En Chine, ne le désignait-on pas du nom de « Jun-Ho », c'est-à-dire le « renard de feu » ? Heureusement pour lui, habitant loin, dans les montagnes reculées de l'Himalaya, il était protégé par son éloignement d'une trop grande convoitise. De plus, on réussit à le faire se reproduire en captivité : au début des années 1980, sur les 140 petits pandas recensés dans les zoos à travers le monde, la moitié environ étaient nés en captivité. Aujourd'hui, on en compte plus de 400. Les prélèvements dans la nature furent donc limités et ne menacèrent pas directement l'espèce. Celle-ci n'avait d'ailleurs jamais été intensivement chassée par les populations indigènes : au Népal, on utilisait sa fourrure soyeuse pour confectionner des bonnets, mais les prélèvements qui en résultaient étaient minimes. Aujourd'hui, la déforestation, due au développement des populations locales, provoque des dégâts beaucoup plus importants pour la survie de cette espèce.

Des ratons des villes

Si en Europe les renards roux ont appris à vivre en ville, en Amérique du Nord, le raton laveur y est encore mieux adapté. Cela lui vaut entre autres le surnom de « bandit masqué », car souvent il passe les bornes. Il n'est pas rare de le voir s'installer dans des buses d'écoulement d'eau pour chasser des rats. Ses plus grands succès, il les doit à ses talents de grimpeur agile. Il peut ainsi échapper à ses poursuivants. Attendant son heure, il se cache le jour dans les combles des bâtiments. La nuit, il peut alors se livrer à son sport favori, le renversement des poubelles. Il est d'une grande habileté pour ouvrir celles-ci, quel que soit leur système de fermeture, et y prendre sa nourriture.

Il est, de plus, facile de domestiquer les ratons laveurs, mais, dans certaines régions d'Amérique du Nord, il est illégal de les élever chez soi, ou de recueillir des animaux abandonnés ou orphelins. Les autorités compétentes estiment que l'animal sait subvenir à ses propres besoins et n'a pas besoin d'aide.

Les ratons laveurs sont si nombreux en ville que certaines entreprises de désinfection, dératisation et désinsectisation, ont même étendu leurs compétences en proposant de combattre les problèmes de nuisances occasionnés par les ratons laveurs.