gnou
Le gnou est un des rares animaux des savanes africaines qui ne soient pas menacés par l'homme. Celui-ci pourrait cependant, à l'imitation de ses lointains ancêtres, décider bientôt de le mettre à son menu. En attendant, l'immense troupeau de un million de têtes continue de parcourir les savanes de Tanzanie au cours de sa migration annuelle.
Introduction
Les savanes herbeuses d'Afrique orientale et d'Afrique australe abritent, au sein d'une faune variée, les deux espèces actuelles de gnou, le gnou bleu (ou gnou à queue noire) et le gnou noir (ou gnou à queue blanche). Lorsque le désert était occupé par des savanes boisées, le gnou, grand fauve herbivore, couvrait une aire beaucoup plus vaste. Il y a 300 000 ou 400 000 ans, il habitait le Sahara, où des restes ont été mis au jour dans le tassili des Ajjer, en Algérie. Dans ces temps anciens, il était chassé pour sa viande. Il était encore présent en Afrique du Nord il y a environ 10 000 ans. Les gnous sont des mammifères ruminants, de la famille des bovidés. Malgré leur allure singulière, ils sont classés parmi les antilopes, aux côtés des bubales et des damalisques, avec lesquels ils constituent la sous-famille des alcélaphinés, ou grandes antilopes à tête longue et étroite, hôtes des prairies buissonnantes et des savanes.
Si les bovidés, apparus il y a 16 millions d'années environ, sont présents en Asie, en Europe, en Afrique et en Amérique, les alcélaphinés n'existent qu'en Afrique. Les bubales furent les premiers alcélaphinés à se différencier, il y a 5 millions d'années environ. Il y a 3 millions d'années vivait en Algérie Oreonagor tournoueri, ancêtre probable du genre Connochaetes, auquel appartiennent les gnous. Ce genre serait apparu quelque 2 millions d'années avant notre ère, mais les deux lignées qui conduisent aux deux espèces de gnous actuelles ne se seraient séparées qu'un million d'années plus tard environ.
En Tanzanie vivait Connochaetes taurinus olduvaiensis, ancêtre du gnou bleu, Connochaetes taurinus. Il se distinguait de celui-ci par ses cornes placées plus en avant sur le crâne. Le gnou noir, Connochaetes gnou, serait né au nord de l'Afrique du Sud, où ses restes ont été découverts en de nombreux sites. Il a pour ancêtre Connochaetes africanus, auquel ont succédé des sous-espèces aujourd'hui éteintes de gnou noir, comme Connochaetes gnou laticornutus et, plus récemment, Connochaetes gnou antiquus. C'est essentiellement la forme des cornes qui différenciait ceux-ci de l'espèce actuelle.
De nos jours, les gnous sont encore suffisamment nombreux pour nous offrir le spectacle magnifique de leurs migrations.
La vie du gnou
Des graminées sous toutes les formes
Les grands troupeaux de gnous regroupent plusieurs milliers d'animaux sans structure sociale réelle, en dehors de la période de rut. Ce sont des animaux diurnes, surtout actifs le matin et le soir. Les gnous, que la saison des pluies disperse en hardes à travers les étendues herbeuses, broutent à longueur de journée, et même la nuit, sauf si la chaleur les oblige à s'interrompre.
Pour le biologiste Sinclair, qui a étudié les gnous dans le parc du Serengeti (Tanzanie), un animal adulte dont l'exercice est modéré mange chaque jour l'équivalent de 3,12 kg d'herbe sèche, soit 2,4 % de son poids, dont il profite au mieux puisque 82 % de la nourriture absorbée sont convertis en énergie métabolisable. Il se constitue des réserves de graisse, vitales pour ce nomade qui n'est jamais assuré de retrouver la même quantité ni la même qualité de nourriture.
Le gnou se nourrit pour l'essentiel de graminées, abondantes dans les savanes, comme Themeda triandra, une avoine sauvage d'Afrique orientale, Pennisetum mezianum, Digitaria macroblephara, Cynodon dactylon, ou chiendent d'Afrique. Il cueille parfois quelques plantes grasses ou des melons sauvages pour se désaltérer, et aussi des feuilles d'arbustes. Le choix du gnou ne dépend pas de l'abondance des plantes mais de ses préférences alimentaires. Ainsi, l'avoine sauvage représente 54,9 % de son alimentation, contre 5,5 % de Pennisetum mezianum et 9,4 % de Digitaria macroblephara, alors que ces trois plantes constituent respectivement 22,5 %, 24,8 % et 19,7 % du tapis herbeux.
Le gnou coupe les plantes avec ses dents, sans les arracher, et les avale sans mâcher, choisissant avant tout les jeunes pousses de moins de 10 cm de haut. La teneur en protéines des graminées dont il se nourrit est en effet maximale au début de leur croissance, après le début des pluies.
À la saison sèche, le soleil brûle la savane et la nourriture se fait plus rare. Le gnou complète alors son alimentation avec d'autres graminées, afin de compenser la moindre abondance de ses espèces de prédilection : son régime alimentaire est plus varié qu'en saison des pluies. Dans les savanes à acacias de la plaine masai, au Kenya, il consomme 23 graminées différentes en saison sèche contre 17 en saison des pluies.
Le gnou s'abreuve en général matin et soir, lorsqu'il trouve de l'eau à proximité, mais il est capable de se passer de boire pendant 2 à 5 jours. Il est cependant plus dépendant de l'eau que d'autres herbivores des savanes : les chercheurs Western et Grimsdell ont noté que la densité des gnous dans le parc d'Amboseli est de 14 animaux au km2 à moins de 5 km d'un point d'eau, puis va en diminuant. Au-delà de 15 km, on ne rencontre plus de gnous. En comparaison, la densité des gazelles de Grant est toujours inférieure à 2 au km2, mais celles-ci s'éloignent jusqu'à 35 km du point d'eau.
Un mâle qui règne sur un harem
L'herbe verte, qui recouvre le Serengeti au début de la saison des pluies, est indispensable à la survie des nouveau-nés, car le lait maternel ne suffit pas à assurer leur croissance. Aussi le cycle de reproduction du gnou est-il adapté à cette contrainte.
C'est la possession d'un territoire qui permet au mâle en âge de se reproduire d'attirer les femelles et de s'accoupler. Dans le cratère du Ngorongoro, les animaux, plus sédentaires, défendent leur territoire pendant des semaines ou des mois, mais les taureaux du Serengeti, migrateurs, ne délimitent leur territoire qu'à l'époque du rut.
Pour marquer son territoire, le mâle se livre à des démonstrations rituelles : mugissant, il piétine, redresse fièrement la tête, laboure le sol de ses cornes, se vautre à terre, défèque, urine et dépose sur l'herbe ou les troncs les sécrétions de ses glandes préorbitaires. Lorsque survient un rival, les deux mâles s'affrontent en un duel spectaculaire. La lutte se termine la plupart du temps sans blessé par le départ du mâle dominé. Les mâles qui n'ont pas su conquérir de territoire se tiennent à l'écart, de même que les groupes de jeunes mâles inaptes à la reproduction.
Les gnous mâles règnent sur un harem qui comprend de 2 à 150 femelles accompagnées de leurs petits. Le mâle, arborant un air dominateur, trotte autour d'elles, les obligeant à se regrouper. Le rut se poursuivant lorsque commence la migration, le territoire du mâle devient itinérant. Il a alors peine à contenir ses femelles, qui ne sont rassemblées que pendant la halte et se dispersent aussitôt que reprend la marche. Mais il continue à les défendre, tant des autres mâles que des prédateurs. Dans ce dernier cas, il ne fuit généralement pas, mais fait face à son assaillant, galope autour de lui, s'ébroue et saute avant d'attaquer.
Des naissances en masse
Dans les grands troupeaux du Serengeti, 80 % des naissances ont lieu en trois semaines, en général au début de janvier, et toujours le matin. Les femelles à terme se regroupent et s'installent à découvert pour mieux surveiller d'éventuels prédateurs. En cas de danger, la mise-bas peut être différée.
Le veau se lève 5 minutes après la naissance. Encore mal assuré, il a l'air très haut sur pattes, car il n'a pas l'embonpoint de ses aînés, mais le soir même il est capable de suivre la course d'un adulte.
Les veaux ne se regroupent pas, mais restent au milieu du troupeau par sécurité, à quelque distance des mères qui broutent. Dans les premiers jours, de nombreux veaux sont victimes d'une maladie mortelle, la rinder pest. Allaité 4 mois au moins, le jeune gnou, si c'est un mâle, sera chassé à l'âge de 1 an, juste avant la nouvelle mise-bas, et formera, avec ses pairs, un groupe de célibataires. La femelle, au contraire, reste avec sa mère. C'est ainsi que se créent les hardes, constituées de femelles apparentées. La maturité sexuelle survient entre 15 et 18 mois.
Des migrations longues et impressionnantes
Lorsque la saison des pluies touche à sa fin, en mai, le moment de migrer vers les pâturages plus humides du Nord-Ouest approche.
Les animaux, en proie à une excitation peu habituelle, font entendre le « gnou...gnou... » auquel l'espèce doit son nom. Les hardes se rassemblent pour former un immense troupeau comprenant mâles, femelles et jeunes, sans hiérarchie particulière. Puis commence le prodigieux spectacle de leur longue procession, qu'accompagne un concert de meuglements. Les scientifiques supposent que les éclairs des orages, visibles à plusieurs centaines de kilomètres, déclenchent la migration et guident les animaux vers de nouvelles zones de pâturage. Mais il arrive que les pluies ne tombent pas, et la longue transhumance s'achève dans une région dépourvue d'herbe verte.
Les migrations sont influencées par l'importance des pluies et les effectifs des troupeaux et leur direction ou leur période peuvent ainsi varier.
Un parcours annuel de 1 500 km
Un parcours annuel de 1 500 km
Le parc national du Serengeti, en Tanzanie, s'étend sur 15 000 km2 entre le lac Victoria à l'ouest et les lacs Natron, Manyara et Eyasi à l'est. Les gnous fréquentent les plaines du sud pendant la saison des pluies. Lorsque les prairies s'assèchent, à la fin du printemps, ils migrent, se scindant en deux groupes. L'un se dirige vers le fleuve Mara au nord, l'autre vers le lac Victoria au nord-ouest, où il suit le lit des fleuves à la recherche d'eau et d'herbe verte. Il séjourne sur les pâturages de la rivière Grumeti en juin et juillet. S'il ne pleut pas, les gnous continuent vers le nord. Le retour vers le sud s'effectue de façon plus directe, afin d'arriver avant la mise-bas.
Entraînés par la foule
La marche des troupeaux est inexorable. Les milliers de sabots martèlent le sol, creusent de profonds sillons et soulèvent un immense nuage de poussière qui enveloppe les animaux. Chacun suit la croupe qui précède, emboîtant le pas de l'animal de tête, le plus souvent une femelle âgée, même s'il se fourvoie, laissant en arrière les animaux qui, fourbus ou blessés, s'efforcent de rattraper le troupeau. Des petits, perdus dans ce flot incessant, appellent leurs mères.
Seul un orage peut amener les gnous à interrompre leur progression pendant quelques jours : la végétation qui sort de terre juste après la pluie est une aubaine dont le troupeau sait profiter.
Des jeunes piétinés dans une traversée périlleuse
La rivière Mara, dans la réserve de Masai-Mara, au Kenya, est l'un des gués les plus périlleux que les gnous aient à franchir au cours de leur longue marche. Sa traversée, comme celle de bien des cours d'eau, se transforme souvent en une véritable hécatombe. En effet les gnous empruntant chaque année les mêmes passages, le martèlement des sabots de millions d'animaux depuis des générations a fini par creuser profondément les berges.
Aux abords de la rive, les gnous s'affolent et se précipitent en une bousculade intense ; les premiers à atteindre le bord de l'eau hésitent et tentent de faire demi-tour, mais déjà la multitude qui se presse derrière eux les repousse en avant, les forçant à sauter. Dans un élan irrésistible, le troupeau dégringole à leur suite et, bientôt, le gué n'est plus qu'un enchevêtrement confus de corps et de cornes. Beaucoup d'animaux, des jeunes surtout, périssent piétinés, noyés ou coincés sous des rochers. Leurs cadavres dérivent au fil du courant, véritable aubaine pour les crocodiles, varans, vautours et corbeaux qui sont au rendez-vous !
L'arrivée sur la berge opposée est tout aussi périlleuse pour les survivants épuisés, que guettent lions, panthères, hyènes et lycaons.
Pour tout savoir sur le gnou
Gnou bleu ou à queue noire (Connochaetes taurinus)
Le gnou, classé parmi les antilopes, ne peut être confondu avec aucun autre animal. Sa silhouette curieuse semble être constituée de différentes parties d'autres animaux : l'avant d'un bœuf, supportant une tête disproportionnée avec des cornes de bœuf musqué et une barbe de bouc, un corps maigre de zébu, enfin des pattes fines, une crinière et une queue de cheval. Les épaules sont solides et légèrement plus hautes que la croupe, le dos est incliné. La femelle ne se distingue du mâle que par une taille légèrement inférieure et des cornes plus petites. Le pelage de l'adulte est d'un gris ardoise plutôt terne, marqué de rayures plus foncées qui s'estompent au niveau de la croupe. La face supérieure du museau, la crinière et le bout de la queue sont bruns. Le veau est couleur acajou, avec un museau noir et une raie plus foncée sur la tête, le cou et le dos. Il prend la couleur de l'adulte vers l'âge de 2 mois.
Le crâne est incliné par rapport à la colonne vertébrale. Lorsqu'on observe un gnou, on constate que son museau pointe vers le sol : ses yeux se retrouvent ainsi en position horizontale, lui permettant de surveiller les alentours tout en baissant la tête pour cueillir sa nourriture.
La tête, massive, est prolongée par le museau étroit, long et plat, et possède un petit toupet sur le front et une touffe médiane de poils noirs sur le chanfrein.
Le mâle et la femelle portent tous deux des cornes. Celles de la femelle sont plus minces et plus courtes que celles du mâle, atteignant 30 à 40 cm, contre 83 cm chez celui-ci. Les cornes sont peu utilisées pour la défense, mais servent plutôt à l'intimidation et aux combats rituels qui opposent les mâles au moment du rut.
Les gnous sont en général bruyants. Ces animaux grégaires ne cessent ainsi de se renseigner mutuellement sur les dangers qui guettent le troupeau ou sur leur propre état émotionnel : peur, colère ou rut. Excité, le taureau s'ébroue, piaffe, émet des grognements en série, des ronflements, des meuglements et divers cris aigus. Les femelle poussent des cris analogues.
La vue, l'ouïe et l'odorat sont d'une finesse indispensable pour détecter les nombreux prédateurs qui sans cesse harcèlent les troupeaux. Ces sens interviennent également dans les divers comportements ; l'odorat joue notamment un rôle de premier ordre dans la reconnaissance du partenaire ou du petit.
Le gnou est un onguligrade. Ses membres longs et fins en font un des herbivores les plus véloces de la savane : sa seule défense restant la fuite, il détale rapidement à la moindre alerte. Ses sabots pointus laissent des traces reconnaissables sur le sol.
Comme tous les ruminants, le gnou possède une dentition adaptée à son régime alimentaire. Les incisives et les canines, absentes de la mâchoire supérieure, sont remplacées par un plateau osseux qui permet à l'animal d'arracher l'herbe en la coinçant avec les incisives inférieures. Les dents s'usent de façon constante avec le temps, et on a pu établir une relation entre la hauteur de la couronne des première et troisième molaires et l'âge de l'animal.
L'herbe est, dans un premier temps, imbibée de salive puis avalée et prédigérée dans le rumen ; dans un deuxième temps, elle est renvoyée dans la bouche pour être triturée et réingurgitée.
L'espèce n'est pas menacée. Sa population totale est estimée à 1 550 000 individus dont 1 300 000 pour la population du Serengeti.
L'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) tient compte de cinq sous-espèces :
Connochaetes taurinus taurinus : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Mozambique, Swaziland, Zambie et Zimbabwe. Population stable (150 000 individus).
Connochaetes taurinus cooksoni : Zambie. Population stable (16 000 individus).
Connochaetes taurinus mearnsi : Kenya, Tanzanie. Population en déclin.
Connochaetes taurinus johnstoni : Mozambique, Tanzanie. Éteinte au Malawi. Population stable (96 000 individus).
Connochaetes taurinus albojubatus : Kenya, Tanzanie. Population stable (94 000 individus).
GNOU BLEU |
|
Nom (genre, espèce) : |
Connochaetes taurinus |
Sous-famille |
Alcélaphinés |
Famille : |
Bovidés |
Ordre : |
Artiodactyles |
Classe : |
Mammifères |
Identification : |
Silhouette caractéristique ; grosse tête ; épaules relevées portant crinière ; croupe basse ; cornes |
Taille : |
De 1,30 à 1,40 m au garrot |
Poids : |
Mâle : de 160 à 270 kg ; femelle : de 140 à 260 kg |
Répartition : |
Est et sud de l'Afrique |
Habitat : |
Plaines herbeuses découvertes (savane), forêts claires |
Régime alimentaire : |
Végétarien |
Structure sociale : |
Grégaire, vit en hardes ; rassemblement en grands troupeaux pour les migrations |
Maturité sexuelle : |
De 15 à 18 mois |
Saison de reproduction : |
Rut en avril-mai ; naissances en janvier |
Durée de gestation : |
De 8 mois à 8 mois et demi |
Nombre de jeunes par portée : |
1 |
Poids à la naissance : |
Mâle : 18 kg ; femelle : 14 kg |
Longévité : |
18 ans |
Effectifs : |
1 550 000. Tendance de la population stable |
Statut : |
Espèce non menacée |
Gnou noir ou à queue blanche (Connochaetes gnou)
En Afrique du Sud, en Namibie, au Lesotho et au Swaziland vit l'autre gnou : le gnou noir (ou à queue blanche) qui se différencie du gnou bleu par une taille plus petite, puisqu'il mesure 1,15 m de hauteur au garrot et pèse 180 kg pour le mâle, 160 kg pour la femelle. Il n'existe pas de différence importante entre les sexes. De couleur brun foncé, le gnou noir porte sur le cou une crinière blanchâtre qui se prolonge sur le chanfrein et jusque sous le menton. Des poils blancs entourent ses petits yeux, tandis que sa gorge s'orne d'une barbe et que sa poitrine arbore une touffe de poils. Sa queue blanche et touffue est si longue qu'elle atteint presque le sol. Mais ce sont ses cornes qui, au premier coup d'œil, le distinguent du gnou à queue noire: elles s'incurvent d'abord en avant et vers le bas, puis se redressent comme des crochets. Elles mesurent en moyenne 67 cm de long et peuvent dépasser 78 cm, celles du mâle étant plus longues et moins fines que celles de la femelle.
Comme l'autre gnou, il exprime son humeur par un comportement extraordinaire, qui lui vaut le surnom de « clown des plaines » : il saute sur place, caracole, exécute des cabrioles. Ses soins corporels consistent à se gratter la croupe à l'aide de ses cornes et l'avant-train avec un de ses sabots postérieurs.
Le gnou noir est plus sédentaire que le gnou bleu, mais, autrefois, les troupeaux migraient chaque année vers de nouveaux pâturages, recherchant les pluies et la verdure. En hiver, ils quittaient l'État libre d'Orange, à l'est, et franchissaient les montagnes du Drakensberg jusqu'au Natal (aujourd'hui Kwazulu-Natal), puis faisaient le chemin en sens inverse dès les premières pluies.
Le gnou noir occupe les étendues herbeuses du « veld », les graminées représentant environ les trois quarts de son alimentation. Il se nourrit également de plantes grasses et de feuilles d'arbustes. Dépendant de l'eau, il a lui aussi besoin de boire souvent.
Le mâle occupe pendant une grande partie de l'année une enceinte où vivent de 5 à 30 femelles, accompagnées de leurs veaux. C'est là qu'ont lieu les accouplements, en février et mars. Le gnou noir défend son territoire tout à fait comme le gnou bleu : il grogne et siffle et, lorsqu'il est très excité, agite sa queue et se frappe les flancs avec bruit. Les taureaux célibataires et les jeunes mâles forment des groupes qui vivent à l'écart. Les veaux naissent après les premières pluies, en octobre et novembre, mais la reproduction n'est pas aussi synchronisée que chez l'autre gnou.
Avant l'arrivée des Européens, au siècle dernier, les gnous à queue blanche vivaient en grands troupeaux sur les prairies des plateaux de la province du Cap, de l'État libre d'Orange, du sud du Transvaal et de l'ouest du Natal, en compagnie d'autres espèces animales comme les damalisques, les zèbres couaggas et les autruches. Ils ont été pratiquement exterminés par les premiers colons, qui les recherchaient pour leur chair et leur peau.
Des fermiers sauvèrent les quelques centaines de gnous noirs restants. Sur leurs ranchs, ils firent remonter les effectifs avec difficulté, les mâles en place rejetant les femelles provenant d'autres zones. De 600 en 1870, les effectifs totaux passèrent à 1 000 en 1947 et à 3 100 en 1971. Aujourd'hui, l'espèce compte environ 18 000 individus dont 20 % dans des aires protégées et 80 % sur des terres agricoles privées et dans des zones spéciales appelées conservancies, créées par plusieurs propriétaires terriens en collaboration avec l'administration chargée de la conservation de la nature, en particulier en Namibie. Sa population est en augmentation et n'est plus menacée. Pendant longtemps, le principal danger que le gnou noir encourait était la chasse excessive. Aujourd'hui, c'est plutôt l'hybridation avec le gnou bleu qui le menace.
Signes particuliers
Estomac
Le gnou est un ruminant. Son estomac comprend quatre poches : le rumen, le réticulum, le feuillet et la caillette. L'épaisseur des parois cellulaires des végétaux dont il se nourrit nécessite une prédigestion, réalisée dans le rumen par des micro-organismes, bactéries et protozoaires, que l'animal abrite toute sa vie. En effet, l'appareil digestif est incapable d'effectuer seul ce travail. La nourriture ainsi préparée est de nouveau mâchée, puis digérée dans l'estomac.
Pattes
Comme la plupart des grands herbivores, le gnou est un onguligrade, c'est-à-dire qu'il marche sur la pointe des doigts. Les métacarpes et les métatarses, os qui correspondent à ceux de nos mains et de nos pieds, sont allongés chez le gnou : la patte ne repose que sur les troisième et quatrième doigts, soudés pour former « l'os canon ». Ils sont protégés chacun par un sabot corné. À leur extrémité, les deuxième et cinquième doigts, dits « doigts vestigiaux », sont réduits et situés de chaque côté de l'os canon. Les os du poignet sont placés de façon à ne permettre que les mouvements d'avant en arrière, assurant une grande stabilité à l'animal pendant sa course.
Cornes
Atteignant 83 cm de long chez le mâle, elles ont une surface lisse et se rejoignent en partie à leur base. Elles s'incurvent vers le bas sur les côtés de la tête puis remontent vers le haut. Les cornes sont des formations de la peau, du même type que les sabots ou les ongles, qui recouvrent deux protubérances osseuses placées sur le sommet du crâne.
Crâne
Le gnou doit se baisser en permanence pour trouver sa nourriture. Pour cela, son crâne fait un angle avec les vertèbres cervicales, amenant le museau à pointer vers le bas. De même, ses mâchoires sont fortement inclinées vers le bas et forment un angle ouvert avec la base du crâne.
Dentition
Le jeune gnou possède des dents de lait en nombre égal à celles de l'adulte (3 incisives, 3 canines et 3 prémolaires par demi-mâchoire). Elles sont progressivement remplacées par les dents définitives. Ainsi, il est possible de déterminer l'âge d'un gnou jusqu'à 42 mois, en comparant sa dentition avec la séquence d'apparition des dents d'adulte. Ainsi, la première molaire d'adulte perce à 6 mois, la seconde poussant à 15 mois et la troisième à 3 ans.
Milieu naturel et écologie
Le gnou habite l'est et le sud de l'Afrique, où il est encore abondant : sans valeur commerciale, il échappe désormais à la chasse et au braconnage. Son aire de répartition recouvre la Tanzanie et atteint le Kenya au nord et le Malawi au sud, d'une part, et, d'autre part, couvre le Zambèze jusqu'à la côte est. Dans le parc national du Serengeti, en Tanzanie, se trouvent les troupeaux les plus grands, avec une population toujours estimée à 1,3 million d'individus compte tenu des fluctuations saisonnières. Des populations plus petites, rassemblant au total 5 000 à 10 000 animaux, existent au sud, au nord et à l'ouest du parc, ainsi que dans le cratère du Ngorongoro, où les animaux sont relativement plus sédentaires.
Les conséquences de la sécheresse
Les immenses troupeaux ont besoin pour subsister des étendues ouvertes de la savane. Les saisons rythment leur vie et interviennent dans le contrôle de leurs effectifs.
À la saison des pluies, les hardes se dispersent largement à travers l'étendue de la savane. À l'inverse, en saison sèche, elles se regroupent autour des points d'eau et des secteurs où la végétation pousse encore, dans les marais et sur les pelouses à Cynodon dactylon. Si la sécheresse se prolonge, la mortalité s'élève, car les animaux doivent puiser dans leurs réserves de graisse pour pallier le manque d'herbe. De plus, le troupeau, parti plus tard, est encore en route lorsque les femelles mettent bas. Ces années-là, les trois quarts des petits meurent de faim. Inversement, les gnous se reproduisent beaucoup les bonnes années. La natalité du gnou est particulièrement élevée, chaque femelle donnant naissance à 10 veaux au cours de sa vie. Malgré des pertes importantes, les troupeaux connaissent un accroissement annuel de 10 %.
Échapper aux prédateurs de la savane
La savane recèle d'autres dangers que la sécheresse. De nombreux prédateurs, solitaires ou en groupe, rôdent autour des troupeaux et y prélèvent leurs proies. Les herbivores que sont les gnous n'ont souvent d'autre solution que de prendre la fuite, la plupart du temps en file indienne, tête basse, remuant la queue en signe d'inquiétude.
La masse imposante des troupeaux constitue leur défense la plus efficace. Les prédateurs ne se faufilent qu'avec difficulté entre les animaux, si nombreux qu'ils parviennent à exercer une surveillance permanente. De fait, l'animal qui s'écarte du groupe court de plus grands risques d'être attaqué : 47 % des gnous capturés par les lions au Serengeti sont des animaux isolés. C'est ainsi que les taureaux, vivant seuls ou en petits groupes, sont la cible de plus d'attaques que les femelles, malgré leur plus grande taille. Par leur excitation et leur isolement, ils attirent sur eux l'attention des prédateurs. On a même observé, à Amboseli, deux taureaux pourchassant un guépard. Ces mâles jouent donc un rôle important dans la défense du troupeau.
La prédation est une des causes de mortalité des jeunes gnous. Lors de la mise-bas, les lions et les hyènes sont attirés par l'abondance de proies faciles, et seules la position groupée et l'attitude vigilante des mères, qui combattent furieusement toutes leurs tentatives, permettent de limiter les attaques. Mais malheur aux jeunes qui naissent avec retard : moins protégés, ils échappent rarement aux carnassiers. En tout, ce sont de 15 à 50 % des petits qui périssent dévorés chaque année. Malgré ces chiffres, les jeunes sont moins souvent victimes des prédateurs que les adultes.
De tous les prédateurs du gnou, le lion est le principal : il capture, à lui seul, 90 % des gnous tués chaque année. Au Serengeti, un lion tue en moyenne 36 gnous par an, ces captures lui procurant la moitié de sa nourriture. La grande taille du gnou le rend en effet intéressant à chasser. En fait, les gnous ne sont disponibles pour les lions que le tiers de l'année et seulement une faible proportion de ceux-ci suit son « garde-manger » lors des migrations saisonnières. Aussi, dès le retour des troupeaux, les bandes de lions dédaignent les autres herbivores pour se concentrer sur leur proie de prédilection.
Les hyènes tachetées s'en prennent de préférence aux nouveau-nés. Elles circulent parmi les mères, mangent les placentas et dévorent un petit de temps à autre. Elles s'attaquent moins aux jeunes âgés de quelques jours, déjà rapides à la course.
Les guépards, eux, jettent leur dévolu sur les veaux de moins de 2 mois. Ils chassent rarement les adultes et opèrent alors en groupe.
Quant aux lycaons, ils s'en prennent plutôt aux animaux de 5 mois au plus, âge auquel ceux-ci pèsent une soixantaine de kilos. Il ne faut pourtant à une bande de lycaons que 8 minutes pour venir à bout de l'un d'eux.
L'équilibre écologique
L'équilibre écologique
Les prédateurs jouent un rôle important dans le maintien de l'équilibre écologique, car leur activité permet de contrôler l'évolution démographique des populations d'herbivores. Chez le gnou, la prédation est la cause de 37 % des morts, tandis que 16 % de celles-ci sont dues aux accidents et 47 % à la peste bovine. En retour, la densité des gnous affecte le comportement des prédateurs. Lorsque les gnous sont peu abondants, les lions cessent de les chasser et se tournent vers les zèbres et les gazelles de Thomson, réduisant par contrecoup la mortalité des gnous. Proies et prédateurs vivent ainsi dans un équilibre qui se corrige lui-même.
Le partage des ressources
Les habitants de la savane ne sont pas tous des prédateurs, et à côté des gnous vivent d'autres herbivores. Toutefois, la survie des différentes espèces n'est possible que si celles-ci ne se nourrissent pas des mêmes plantes ou consomment des parties différentes de la même plante. Ainsi, le gnou se nourrit des jeunes feuilles de Themeda triandra, alors que le topi préfère cette avoine à un stade plus avancé, lorsque la plante est desséchée. La succession des espèces sur une même zone est favorable à toutes, car la modification du tapis herbeux par l'une facilite l'accès des autres à la nourriture : le zèbre se nourrit de plantes grossières et permet ainsi au gnou d'atteindre les graminées plus courtes qu'il affectionne ; à leur tour, les gazelles de Thomson, qui évitent les hautes herbes, pourront accéder aux plantes rampantes.
De cette façon, les herbivores contribuent, sans le savoir, à la perpétuation de leur milieu de vie.
Le gnou et l'homme
Un des derniers symboles de l'Afrique sauvage
Sauf en Afrique du Sud, le gnou n'a jamais été réellement menacé par la chasse. Seule la cohabitation avec le bétail, en dehors des réserves et des parcs, pose des problèmes parfois aigus de compétition alimentaire et de protection sanitaire. À l'avenir, l'homme pourrait s'intéresser de plus près au gnou pour répondre en partie à la malnutrition qui touche de nombreux Africains.
Mal aimé des villageois
Le gnou n'a pour l'instant aucune valeur commerciale et n'est pas chassé pour sa viande, ni recherché comme trophée. Il est maintenant protégé en Afrique du Sud, où les colons l'avaient décimé au début du xxe siècle.
Aujourd'hui, la principale menace qui pèse encore sur les populations de gnous est la raréfaction de leur habitat. En effet, les gnous ne sont pas cantonnés aux régions protégées du Serengeti : au cours de leur migration vers le nord-ouest, ils franchissent les limites du parc et atteignent des zones habitées par l'homme. Là, les villageois allument des feux de brousse pour attirer le gibier ou fournir de nouveaux pâturages au bétail. Pratiqué en début de saison sèche, l'écobuage permet la régénération de la savane et fait apparaître de nouvelles pousses d'une grande qualité nutritive, comme l'avoine sauvage, appréciée du gnou. Les feux évitent également l'embroussaillement et participent au maintien de la savane herbacée. Mais, allumés trop tard, ils détruisent les jeunes pousses et nuisent aux herbivores sauvages. Un contrôle sérieux de ces feux permettrait d'en assurer l'efficacité.
La présence des gnous hors du parc provoque des conflits directs avec les cultivateurs lorsque le troupeau atteint les cultures. Lors d'une sécheresse, au Botswana, on a même vu les gnous pénétrer dans les villages et se nourrir du chaume des toits ! Dans ces régions, le gnou entre en compétition alimentaire avec le bétail. On sait en effet que le gnou et le bœuf ont à peu près les mêmes besoins et utilisent leurs aliments avec le même rendement. Les bœufs, maintenus sur place, exploitent les ressources de façon beaucoup plus poussée : d'après H. Gillet, ils consomment jusqu'à 50 % de la végétation, contre 5 % pour les herbivores sauvages. Car, contrairement à ces derniers, ils ne sélectionnent pas leur nourriture et rasent les pâturages, ne laissant que de maigres touffes d'herbe. Enfin, le piétinement permanent du sol par le bétail provoque un appauvrissement de la végétation. Les bovins domestiques ne favorisent pas les conditions d'alimentation des autres herbivores, et la raréfaction de la nourriture que leur présence provoque contribue à la mauvaise condition physique des gnous en saison sèche.
Contaminés et décimés par la peste bovine
Les relations du gnou avec le bétail ne se limitent pas à la concurrence alimentaire : les animaux domestiques sont souvent une source de maladies pour la faune sauvage, surtout lorsqu'ils sont introduits par l'homme. Ils sont porteurs d'affections dont les animaux sauvages ne savent pas se défendre. Ainsi, le bétail introduit par les Italiens en Éthiopie transmit aux ongulés africains la peste bovine, une maladie virale très contagieuse originaire d'Asie. La transmission du virus se fait, en effet, par la salive et les bouses, notamment autour des points d'eau fréquentés à la fois par le bétail et les gnous. Les petits et les jeunes sont les plus vulnérables à la peste bovine, dont ils sont victimes juste après la perte de la protection immunitaire procurée par le colostrum de la mère.
L'animal malade souffre notamment d'une inflammation aiguë de la paroi du tube digestif, qui provoque une diarrhée hémorragique. Il succombe généralement à ses lésions. La maladie ayant atteint le bétail de la région du Serengeti, les gnous furent à leur tour rapidement touchés. De 1889 à 1896, on observa une chute de 90 % des effectifs et, durant le demi-siècle qui suivit, des épidémies cycliques décimèrent les troupeaux de gnous avant que l'on en détermine la cause.
Une campagne de vaccination, réalisée de 1964 à 1970, sembla avoir éradiqué la maladie du continent africain. Les effectifs du gnou se mirent à croître pour atteindre 1,3 million de têtes dans le Serengeti. Toutefois, à la suite du relâchement des mesures de protection, la peste bovine réapparut dans cette région en 1982. Depuis 2008, la peste bovine serait toutefois sur le point d'être éradiquée, le virus ayant été détecté pour la dernière fois en 2001 chez des buffles sauvages du parc national de Meru au Kenya.
Le gnou produit plus de viande qu'un bœuf
Sur le continent africain, une bonne partie de la population vit dans un état permanent de malnutrition. Dans les régions pauvres, le bétail est considéré comme un capital que l'on conserve précieusement en vue d'une transaction future, lors d'un mariage par exemple. L'élevage y est surtout pratiqué pour la production laitière. Dans un avenir proche, les herbivores sauvages pourraient constituer un élément de réponse aux besoins alimentaires grandissants de ces populations, car ils produisent plus de viande que les bovins domestiques. La production annuelle d'un élevage d'ongulés dans une savane à acacias varie de 1 960 à 2 800 kg au km2 ; celle d'un troupeau de gnous bleus, de gazelles et d'élands peut atteindre jusqu'à 15 700 kg au km2.
Le gnou est à ce titre très intéressant. Son gain de poids est de 200 g par jour, contre 136 g pour le bœuf domestique africain. Et la graisse se dépose de préférence autour de ses organes, et non entre les fibres musculaires, comme chez le bœuf. Aussi, son rendement en viande maigre est-il bien supérieur, 41 % contre 32,5 % pour le bœuf domestique.
Cependant, les gnous ne paraissent pas être très populaires en Afrique australe. Au Botswana par exemple, où le virus de la fièvre aphteuse se transmet par contact direct d'animal malade à animal sensible, des mesures draconiennes ont été prises afin d'éliminer au maximum le risque de contagion des animaux domestiques par des animaux sauvages. Le pays a donc été quadrillé par 1 300 kilomètres de barrières, qui le divisent en une cinquantaine de zones, dont la présence a ainsi été justifiée : il existe un réservoir sauvage du virus au Botswana. En conséquence, les populations de gnous, comme celles de bubales et de zèbres, ont dû effectuer des migrations à la recherche de nouveaux points d'eau. Mais ces barrières sont des obstacles infranchissables pour la faune sauvage, et des milliers de gnous sont morts de soif à quelques mètres seulement de rivières, bloqués derrière des fils de fer barbelés. Depuis 1954, leur population serait passée de 250 000 têtes au chiffre réduit de 30 000.
L'avenir est-il à l'élevage de gnous à demi-sauvages ?
La productivité des herbivores sauvages a déjà été exploitée dans plusieurs pays d'Afrique, car l'exploitation d'une espèce adaptée aux conditions naturelles présente le double intérêt de fournir de la nourriture tout en entretenant le milieu où elle vit. Le gnou fait partie des espèces susceptibles d'être utilisées ; pourtant, actuellement, aucune exploitation n'est en cours ; sans doute la difficulté de gérer les amples migrations de cet herbivore est-elle l'une des raisons de cette hésitation.
Pour réaliser un tel élevage, la méthode la plus simple consiste à capturer régulièrement des animaux sauvages, dans le cadre d'une gestion rationnelle des populations, comme cela se pratique déjà pour les antilopes. Des essais en ce sens ont été réalisés au Kenya, en 1976, mais ils ont été abandonnés.
Pour exploiter le milieu naturel de façon plus rationnelle encore, et obtenir de meilleurs rendements, des gnous sont mis en pâture à l'état semi-domestique, accompagnés par du bétail ou d'autres herbivores, comme l'impala ou le zèbre. C'est le « game-farming ». L'association d'herbivores, dont les régimes alimentaires sont complémentaires, permet en effet d'entretenir le couvert végétal et d'éviter le surpâturage. La présence côte à côte d'un cueilleur comme le koudou, d'un brouteur d'herbe haute comme le zèbre et d'un brouteur d'herbe courte comme le gnou conserve la végétation dans un état favorable à l'ensemble des herbivores. Les espèces végétales adaptées à ce type d'exploitation se maintiennent ainsi à leur rendement optimal. Enfin, le taux de fécondité exceptionnel du gnou – 95 % des femelles mettent bas chaque année, contre 50 à 60 % chez les bovins domestiques – et la facilité des jeunes à suivre leur mère dès le premier jour permettent la croissance très rapide d'une population protégée des prédateurs.