Chatt al-Arab

Fleuve du Proche-Orient, formé par la réunion du Tigre et de l'Euphrate, et qui se jette dans le golfe Persique ; 200 km.

Le Chatt al-Arab traverse la région marécageuse du Khawr al-Hammar, qui s'étend à l'O., passe à Bassora, Khorramchahr et Abadan, reçoit le Karun et aboutit au golfe Persique près de Fao. Sa largeur varie de 400 à 1 500 m. Il est en partie remonté par la marée. C'est une région d'alluvionnement intense, marécageuse, amphibie, où d'incessants dragages sont nécessaires pour permettre la navigation. Sur ses rives s'étendent une vaste palmeraie et un grand centre de production de dattes.

Le Chatt el-Arab, ou « rivière des Arabes », suit la frontière Iran-Iraq sur 90 km. C'est depuis toujours une frontière politique, historique et culturelle entre deux empires (l'ottoman et le perse) et deux mondes (l'arabe et l'aryen) avec deux légitimités de l'islam, l'une sunnite, l'autre chiite. Le pétrole l'a transformée en voie d'eau essentielle dans les échanges internationaux. C'est sur sa rive gauche que se situent à la fois Abadan, la plus vaste raffinerie iranienne, longtemps la plus grande du monde, et l'îlot de Kharg, puissant terminal pétrolier. Sur sa rive droite se trouvent les installations irakiennes de Fao et de Bassora, devenues les poumons de l'économie pétrolière irakienne depuis que les gisements de basse Mésopotamie l'emportent sur ceux du Kurdistan.

Le tracé de la frontière a fait l'objet d'innombrables accords ou arrangements entre l'Empire ottoman et la Perse puis entre l'Iraq et l'Iran. Le dernier en date est l'accord d'Alger (1975) élaboré sous la houlette de Houari Boumediene. Cet accord spectaculaire veut marquer une réconciliation entre monde persan et monde arabe. La délimitation reprend les tracés antérieurs (sur le Chatt, le tracé de la frontière est celui du talweg). Bagdad accepte car dans le même temps l'Iraq rencontre des difficultés avec les Kurdes, et le chah, en contrepartie, doit cesser toute aide aux Kurdes irakiens. En fait l'accord n'a jamais été vraiment accepté par l'Iraq. En 1980, Saddam Hussein estime que l'Iran est affaibli par la révolution. Il remet en cause l'accord d'Alger et envahit le territoire iranien le 22 septembre 1980. C'est le début d'un long conflit qui ne s'est terminé qu'en juillet 1988. Mais l'Iran n'a récupéré sa frontière d'avant 1980 qu'au cours de la guerre du Golfe, en 1991.

HISTOIRE

Le statut du Chatt al-Arab fut fixé par le traité frontalier entre l'Iraq et l'Iran de 1937. À la suite de l'abrogation de ce traité par l'Iran en 1969, un nouvel accord fut conclu à Alger en 1975, divisant le Chatt al-Arab le long de la ligne fluviale médiane. Il fut contesté en 1980 par l'Iraq, qui déclara la guerre à l'Iran. Le litige persista au-delà du cessez-le-feu de 1988, mais le tracé de 1975 fut finalement accepté par l'Iraq en août 1990 (dans le contexte de la guerre du Golfe).