sublimation
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
En allemand : Sublimierung.
Psychanalyse
Un des destins des pulsions. La sublimation désigne le fait qu'un but non sexuel s'est substitué à un but sexuel.
La notion de sublimation s'adosse sur une tradition philosophique ancienne, notamment représentée par les spéculations d'Aristote sur les liens entre désordre pulsionnel et génie créateur.
Le postulat de la transformation d'une activité sexuelle en activité sublimée est compréhensible, dans les travaux freudiens, avec l'introduction de la notion de narcissisme. Le moi devient, à partir de 1923, le lieu d'une énergie désexualisée et sublimée qui peut se déplacer sur des activités artistiques et / ou intellectuelles. Ce processus rend compte d'activités apparemment sans rapport avec la sexualité, mais qui trouvent leur ressort dans la force de la pulsion sexuelle. Il y a usage de cette force vers des buts tels que l'activité artistique et la réflexion intellectuelle. La sublimation est une notion qui éclaire la façon dont le pulsionnel se met au service du « travail de la culture ». D'où une définition courante d'un des objectifs de la cure psychanalytique : de favoriser ce destin de la pulsion.
La théorie de la sublimation est restée inachevée. La dimension de la création chez des sujets non névrosés permet à certains psychanalystes, dont Anzieu, de la réinterpréter. On peut lire dans l'œuvre de grands continuateurs de Freud (dont Lacan) une reprise de la notion de sublimation au plan de l'éthique à mesure que se définissent des problèmes concernant la cure analytique, ses visées et les logiques de ses dénouements.
Olivier Douville
Notes bibliographiques
- Anzieu, D., Beckett, Gallimard, Paris, 1996.
- Freud, S., « Pulsion et destin des pulsions » (1915), in Métapsychologie, trad. J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Gallimard, Paris, 1991.
- Freud, S., « Le moi et le ça » (1923), in Essais de psychanalyse, trad. S. Jankélévitch, Payot, Paris, 1981.
- Freud, S., Malaise dans la civilisation (1930), trad. C. et J. Odier, PUF, Paris, 1971.
→ destin, inhibition, moi, narcissisme, pulsion