république

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin res publica, « chose publique » ; le latin traduit le grec politeia.

Politique

1. Communauté politique saine, c'est-à-dire organisation de la vie en commun fondée sur la souveraineté de la loi, édictée en vue de l'intérêt général, et non pas en vue de la satisfaction de quelques-uns. – 2. Forme particulière de régime politique, caractérisée par la participation directe des citoyens et par un fort sentiment patriotique, garant de l'unité, nommé également « vertu ».

Un concept classique

La république est présente tout au long de l'histoire de la philosophie. Aristote l'identifie au « gouvernement constitutionnel » ou « mixte »(1). Ce gouvernement, rare, est caractérisé par la prise en compte, lors de l'organisation et de la distribution des pouvoirs, des principaux éléments de la cité que sont l'excellence, la richesse et la revendication de liberté (par les pauvres). Plus tard, Rousseau estime que « tout gouvernement légitime est républicain »(2), entendant par là qu'il s'agit moins d'une forme de gouvernement (démocratie, aristocratie, monarchie) que d'une constitution politique dans laquelle le pouvoir législatif (le souverain) et le pouvoir exécutif sont distingués, celui-ci étant dans la dépendance de celui-là et n'ayant en aucun cas le droit d'empiéter sur la tâche du souverain. Dans la Doctrine du droit, Kant identifie la république à une Idée de la raison pure, régulatrice pour la pratique, dont les moments constitutifs sont la liberté des membres d'une société (comme hommes), la dépendance à l'égard d'une législation commune (comme sujets) et l'égalité de tous (comme citoyens).

Un courant de l'époque moderne

Il importe cependant de ne pas méconnaître un courant important pour la constitution de l'Europe moderne (et, plus tard, selon Pocock, pour les États-Unis d'Amérique(3)), communément appelé « républicanisme » ou « humanisme civique ». Machiavel(4) et Guichardin en sont les plus prestigieux promoteurs. Ils donnent ses lettres de noblesse à la tradition selon laquelle il n'y a de véritable liberté politique que par la participation directe des citoyens à la chose publique. Or, cette participation ne peut être maintenue qu'à deux conditions : 1) qu'il n'y ait pas de trop grands écarts de richesse entre les citoyens (que l'enrichissement dans le travail ne soit donc pas leur préoccupation première) ; 2) que les citoyens éprouvent un amour ardent pour leur patrie. Le républicanisme est donc accompagné de la volonté d'unir les citoyens par une religion civile.

Dans les débats contemporains, en France, les républicains constituent un courant opposé au libéralisme, qu'il soit économique ou politique. Communautarisme d'un type bien particulier (national), le républicanisme est hostile à la construction de l'Union européenne dans la mesure où celle-ci pourrait déboucher sur la création d'un État européen du genre fédéral.

Ghislain Waterlot

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, les Politiques, trad. P. Pellegrin, Flammarion, Paris, 1990.
  • 2 ↑ Rousseau, J.-J., Du contrat social, in Œuvres complètes, III, Gallimard, Paris, 1964.
  • 3 ↑ Pocock, J. G. A., le Moment machiavélien, trad. L. Borot, PUF, Paris, 1997.
  • 4 ↑ Machiavel, N., Discours sur la première décade de Tite-Live, trad. T. Guiraudet, Berger-Levrault, Paris, 1980.
  • Voir aussi : Spitz, J.-F., la Liberté politique, PUF, Paris, 1995.

→ citoyen, démocratie, loi, vertu