psychologisme
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Terme apparu en 1940.
Logique, Philosophie de l'Esprit
Doctrine qui assimile les propriétés objectives du sens et de la logique à des lois ou à des propriétés psychologiques ou subjectives, ou qui réduit le normatif à des propriétés naturelles ou causales.
Le terme psychologisme est apparu dans la philosophie allemande du xixe s. (chez Beneke et Fries) pour désigner les interprétations de Kant qui réduisent le transcendantal à des propriétés de l'esprit humain. À la fin du xixe s., il désigne les théories de la logique qui, comme celle de Mill ou de Mach, réduisent les lois logiques à des lois de la pensée humaine, et qui expliquent les significations objectives dans le cadre des sciences naturelles, et en particulier la psychologie. Au xxe s., le terme désigne toute intrusion illégitime de la psychologie, expérimentale ou vulgaire, aussi bien en philosophie qu'en sociologie ou même en psychanalyse.
« Psychologisme » est le nom d'une confusion, dénoncée vigoureusement à la fin du xixe s. par les néokantiens, puis par Frege et Husserl(1), qui critiquent les auteurs accusés de ce sophisme en réduisant l'objectif au subjectif, l'idéal au naturel, le normatif au causal. Le principal argument qu'ils utilisent est celui de la circularité : une analyse psychologique d'une idéalité objective (comme une loi logique) doit présupposer la validité de celle-ci. Mais on peut se demander si l'anti-psychologisme radical ne conduit pas à un platonisme aussi radical : les normes doivent bien être appliquées, et les idéalités, être saisies par la pensée, pour pouvoir opérer. Le naturalisme contemporain essaie de définir des formes raisonnables de psychologisme.
Pascal Engel
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Husserl, E., Recherches logiques, PUF, Paris, 1993.
- Voir aussi : Engel, P., Philosophie et psychologie, Gallimard, Paris, 1996.