plus-value

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


En allemand : Mehrwert ; en anglais : surplus value.

Politique

Forme monétaire du produit du « surtravail », c'est-à-dire du travail fourni par l'ouvrier en plus de celui qui est nécessaire à la reproduction de sa force de travail. Le propriétaire des moyens de production (le capitaliste) ne payant à l'ouvrier sous forme de salaire que le travail nécessaire à la reproduction de sa force de travail, il s'approprie la plus-value. SYN. : survaleur.

Marx introduit le concept de plus-value en 1857 dans le chapitre sur le procès de production du capital des Grundrisse. Il part de l'idée que « la circulation simple ne saurait expliquer l'augmentation de la valeur »(1). La plus-value a son origine dans le procès de production et les rapports entre le capital et le travail salarié. Pour produire les marchandises qu'il vend à leur valeur d'échange, le propriétaire des moyens de production avance à l'ouvrier sa subsistance en échange de sa force de travail. Si une demie journée de travail suffit pour faire vivre l'ouvrier pendant vingt-quatre heures, le capitaliste achètera la force de travail à sa valeur, à savoir une demie journée de travail, mais s'en servira pendant une journée entière pour produire de la valeur.

La « plus-value » est la forme monétaire du surproduit social (produit du surtravail) ; on parle de plus-value lorsque c'est exclusivement sous forme d'argent que la classe dominante s'approprie le surproduit. La réalisation de plus-value est la condition de l'accumulation du capital ; le capital, ce n'est rien d'autre que de la plus-value capitalisée.

Pour augmenter son capital, pour se développer, investir et pouvoir affronter la concurrence, le capitaliste doit augmenter la plus-value. Il peut augmenter le temps de travail sans augmenter le salaire mais aussi diminuer le temps de travail nécessaire pour produire l'équivalent du salaire de l'ouvrier (augmentation de la productivité du travail grâce à de nouvelles machines, à une organisation du travail plus rentable). Cette deuxième forme de plus value, la « plus-value relative », se gagne sur le temps de travail socialement nécessaire.

En raison des liens avec le surtravail et le surproduit et pour bien distinguer l'usage marxien – qui concerne le procès de production – de l'acception comptable du terme de plus-value, J.P. Lefebvre a proposé de traduire Mehrwert par « survaleur »(2).

Gérard Raulet

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Marx, K., Grundrisse, in Marx – Engels – Gesamtausgabe (MEGA), II, t. 1, Berlin, 1977, p. 233.
  • 2 ↑ Lefebvre, J. P., « Plus-value ou survaleur », in : la Pensée, no 198, avril 1978. Cf. le Capital, livre 1, trad. de la 4e édition allemande, sous la responsabilité de J. P. Lefebvre, Éditions Sociales, Paris, 1983, PUF, Paris, 1993.

→ économie, marxisme, travail, valeur