déclinaison

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin declinatio, traduit par Cicéron du grec parenklisis.

Philosophie Antique

Déviation spontanée des atomes qui s'écartent de façon infime de leur trajectoire.

On pense souvent que la déclinaison a été inventée par Lucrèce (qui emploie clinamen), car elle n'apparaît pas dans les textes conservés d'Épicure. En réalité, tous les auteurs ultérieurs l'attribuent à celui-ci(1).

Chez Démocrite, les atomes étaient animés d'un mouvement tourbillonnaire et s'aggloméraient pour former des agrégats. Mais, selon Lucrèce, si les atomes ne déviaient jamais, ils ne pourraient pas se rencontrer et tomberaient à l'infini vers le bas, « comme des gouttes de pluie » : leur mouvement serait uniforme et ils ne formeraient jamais aucun agrégat. « Ainsi, la nature n'aurait jamais rien créé. » En outre, sans cette déclinaison qui « rompt le pacte du destin », il n'y aurait pas de « libre volonté »(2).

Carnéade, puis Cicéron critiquèrent la déclinaison comme superflue, et guère compatible avec la thèse d'un « mouvement volontaire de l'âme » : cette déclinaison « sans cause » relevait de l'indéterminisme plus que d'un libre arbitre.

Jean-Baptiste Gourinat

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Cicéron, De finibus, I, 18-20 ; Du destin, 22-25 ; 46-48. Plutarque, Opinions des philosophes, I, 23, 3. Diogène d'Œnoanda, Inscription épicurienne, fr. 54.
  • 2 ↑ Lucrèce, De la nature, II, 216-293.

→ atomisme, déterminisme, libre arbitre, volonté