conatus

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Mot latin signifiant impulsion.

Ontologie

Détermination instantanée du mouvement et, par extension, puissance du corps.

Le conatus introduit dans le mécanisme des classiques un élément dynamique, en désignant la détermination du corps à se mouvoir. C'est ainsi que Hobbes en produit la caractérisation philosophique moderne dans le De Corpore. Par rapport au triptique mécaniste strictement cartésien de la grandeur, de la figure et du mouvement, le conatus introduit un élément supplémentaire, savoir l'état instantané du corps qui comporte une tendance à se mouvoir : « Nous définirons le conatus comme un mouvement se déroulant en un espace et un temps moindres qu'il n'en peut être donné, c'est-à-dire moindre que ce qui est déterminé ou assigné par exposition ou nombre ; il s'agit d'un mouvement se déroulant en un point. »(1). Leibniz reprend, tant dans la Theoria motus abstracti que dans le Specimen Dynamicum, la définition produite par Hobbes du conatus comme « velocitas cum directione sumpta », et toute sa Théorie du mouvement abstrait (1671) envisage les corps sous la seule détermination de cet élément de vitesse.

En tant qu'il est une tendance dont les effets sont mesurables, le conatus est une puissance toujours active, et c'est à ce titre que Spinoza trouve en lui l'expression de la thèse selon laquelle l'essence du mode fini est d'exprimer un certain degré de la puissance infinie de la substance (c'est-à-dire de Dieu). Le conatus est donc l'essence même du mode singulier : « L'effort par lequel chaque chose s'efforce de persévérer dans son être n'est rien en dehors de l'essence actuelle de cette chose. »(2).

André Charrak

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Hobbes, T., De Corpore, liv. III, chap. XV.
  • 2 ↑ Spinoza, B., Éthique, liv. III, prop. VII, trad. Appuhn, Gallimard, Paris, 1965, p. 143.

→ corps, puissance