commandement
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin commendare, construit à partir de mandare, « prescrire ». « confier ».
Morale, Philosophie de la Religion, Politique
Ordre, injonction, se distinguant de la loi par leur caractère impératif, par le fait qu'ils « s'adressent à ».
Le commandement apparaît notamment dans le texte biblique où, comme le montre F. Rosenzweig, il permet de constituer le « tu » en une extériorité absolue. Pour l'homme, le commandement est comme l'irruption, au sein de la subjectivité, d'une altérité radicale, celle de l'injonction. Il est brisure de l'autonomie de l'homme et relation à l'absolument autre qui l'investit du dehors. À l'inverse, la loi est formulation spécifique d'un principe qui concerne le comportement de l'homme dans le monde. Alors que la loi désigne un état, un donné toujours antérieur à la conscience qui s'y soumet, le commandement est au contraire découverte toujours nouvelle et toujours fulgurante. Seul le commandement est expérience, alors que la loi est objet de connaissance : « L'impératif du commandement ne fait aucune prévision pour l'avenir ; il ne peut imaginer que l'immédiateté de l'obéissance. [...] La loi compte sur des périodes, sur un avenir, sur une durée. Le commandement ne connaît que l'instant [...] »(1).
La question du statut du commandement, en tant qu'il s'impose à l'homme du dehors, se situe au cœur des débats sur l'autonomie de l'homme, la nature de la morale et le statut de la religion. Kant place la morale sous le signe de l'autonomie, à partir de quoi la religion doit nécessairement être ramenée à un noyau éthique. Les tentatives, après Kant, pour lui donner un statut autre passent souvent par une philosophie du « commandement », qui laisse une place à l'hétéronomie.
Sophie Nordmann
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Rosenzweig, F., l'Étoile de la Rédemption, Seuil, Paris, 1982, p. 210.