anaphore
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du grec anaphora, composé de ana, « de nouveau », et d'un dérivé du verbe pherein, « porter ».
Linguistique
Expression d'un langage – souvent un pronom – dont les propriétés sémantiques sont héritées de celles d'une autre expression qui le précède dans le discours.
L'anaphore est un moyen linguistique de la détermination de la référence ou de la co-référence. Elle peut être obligée grammaticalement, dans le cas des pronoms réflexifs (« Paul s'admire »), ou impliquée pragmatiquement, dans celui des pronoms grammaticalement libres (« Paul croit qu'il a été élu président »). Ce mode de désignation a été largement négligé par les philosophes du langage, au profit de la nomination, de la description, et de la désignation démonstrative. À la suite des travaux de G. Evans(1), on a analysé les pronoms anaphoriques comme des descriptions définies déguisées. La théorie descriptiviste la plus aboutie est défendue par S. Neale, qui interprète les pronoms comme des descriptions dont le contenu doit être recouvré contextuellement, à partir de matériel linguistique ou conversationnel(2). Le principal défaut d'une telle approche consiste en ce qu'elle dissocie la sémantique des pronoms de celle des démonstratifs, dont ils sont par ailleurs fort proches. L'exploration d'une théorie référentialiste des pronoms anaphoriques est donc un défi important pour la philosophie contemporaine du langage.
Pascal Ludwig
Notes bibliographiques