Philippe Chappuis, dit Zep
Dessinateur et scénariste suisse de bandes dessinées (Onex, près de Genève, 1967).
Un talent précoce
Fils d’un agent de police et d’une couturière, Philippe Chappuis se découvre dès ses plus jeunes années une passion pour la musique rock et la bande dessinée. À ses heures perdues, il s'amuse à croquer ses héros préférés – notamment Donald Duck, Oncle Picsou, Achille Talon, Gaston Lagaffe et Lucky Luke (qu’il grave même sur le lit de ses parents). Ce goût pour le dessin le conduit à créer un fanzine à l’âge de 12 ans, Zep, d’après le groupe Led Zeppelin auquel il voue une admiration sans borne. Jugé trop trash, ce fanzine lui vaut d’être mis à pied par son directeur d’école.
À 14 ans, mettant un terme à une scolarité sans relief, le jeune Chappuis entre à l’école des Arts décoratifs de Genève. Fraîchement diplômé, il propose ses services à nombre de journaux locaux, dont le Courrier de Genève, Femmes d’aujourd’hui et Jeudi Sports & Loisirs, dans les colonnes desquels il parvient à placer quelques dessins. En 1985, il fait son entrée au magazine Spirou, où il publie ses premières séries sous le pseudonyme de Zep (Au bout du monde, 1987 ; Victor, 1988-1991 ; Léon Coquillard, textes de Christophe Gilli, 1990 ; Kradok, textes de Leglode, 1991).
Le créateur de Titeuf
En 1992, Jean-Claude Camano, directeur éditorial chez Glénat, remarque les différentes planches de Zep dans la presse et les fanzines suisses (l’Hebdo, le Nouveau Quotidien, Sauve qui peut) : l’année suivante, Dieu, le sexe et les bretelles, premier tome de la série Titeuf, paraît chez Glénat.
Mettant en scène avec humour un gamin au crâne d’œuf et à la banane blonde en proie aux tourments de l’enfance – et des personnages qui n’esquivent pas les questions du chômage, du sida, du racket, du sexe ou de la dépression –, Titeuf devient rapidement une série culte. Les différents tomes se succèdent avec bonheur à intervalles réguliers (l’Amour c’est pô propre…, 1993 ; Ça épate les filles, 1994 ; C’est pô juste…, 1995 ; Titeuf et le Derrière des choses, 1996 ; Tchô, monde cruel, 1997 ; le Miracle de la vie, 1998 ; Lâchez-moi le slip !, 2000 ; la Loi du préau, 2002 ; Nadia se marie, 2004 ; Mes meilleurs copains, 2006 ; le Sens de la vie, 2008), tandis que la courbe des ventes atteint des sommets, se chiffrant à plusieurs millions d’exemplaires. La série, d’audience internationale et traduite dans une trentaine de langues, obtiendra le Prix de l’humour au Sismics festival de Sierre (1993), le Prix Livres Hebdo Jeunesse (1995) et le Prix Alph Art Jeunesse au festival d’Angoulême (1996).
L’entrée de Titeuf dans la mythique « Bibliothèque rose » (Même pô mal, 2000 ; Tcheu, la honte !, 2004 ; Tous des pourris du slip, 2006 ; la Méga Classe, 2008), son adaptation en dessins animés, l’apparition sur le marché de produits dérivés, d’un jeu vidéo et de son propre magazine mensuel (Tchô !, depuis 1998), viendront satisfaire l’engouement phénoménal du public pour l'espiègle blondinet. La profession, quant à elle, n’est pas en reste : outre un album hommage illustré par une trentaine d’auteurs (Portraits de Titeuf, 2004), elle décerne à Zep le Grand Prix du festival de Solliès-Ville (2000) et le Grand Prix de la ville d’Angoulême (2004), fait rare pour un artiste encore trentenaire.
Une inspiration renouvelée
Lorsqu’il ne s’occupe pas de poursuivre les aventures de son personnage fétiche, Zep multiplie les publications, en solo (les Amours contrariées de Calin et Labelle, 1995 ; les Filles électriques, 1997 ; l’Enfer des concerts, 1999 ; illustration du livret de l’album Chansons pour les pieds de Jean-Jacques Goldman, 2001) ou en équipe. Ainsi, avec son épouse Hélène Bruller (petite-fille de Jean Bruller, alias Vercors), il est l’auteur du Guide du zizi sexuel (2001), destiné aux préadolescents, et des Minijusticiers (2003), recueil de comptines pour les enfants. Le Guide du zizi sexuel, qui rencontre les faveurs d'un large public, fera l'objet d'une exposition à la Cité des sciences et de l’industrie, « Zizi sexuel, l’expo » (Paris, 2007). Depuis 2004, Zep scénarise la série Captain Biceps (dessins de Tébo) et, depuis 2008, la série les Chronokids (dessins de Stan et Vince).
Privilégiant un graphisme simple qui n’est pas sans rappeler celui de la ligne claire, Zep est également l’auteur d’aquarelles d’après nature consignées dans ses carnets de voyages (Japon, Italie, Irlande), dans lesquels il fait montre d’un sens aigu et raffiné de l’observation.