Alfred Wegener
Géophysicien et météorologiste allemand (Berlin 1880-au Groenland 1930).
Il eut l'intuition de la dérive des continents, dont le mécanisme n'a été expliqué que bien après sa mort. Comme beaucoup de savants dont les idées ont été trop en avance sur leur temps, il fut en butte à toutes les critiques de son vivant.
Un explorateur du Groenland
Fils cadet d'un pasteur et directeur d'orphelinat, Alfred Wegener est scolarisé à Berlin, puis fréquente les universités de Heidelberg, d'Innsbruck et de Berlin, avec pour spécialités l'astronomie et la météorologie. Désireux d'étudier par lui-même les masses d'air polaires, il participe, de 1906 à 1908, à une expédition danoise sur la côte nord-ouest du Groenland. À son retour, il passe son doctorat et est nommé chargé de cours sur la thermodynamique de l'atmosphère à l'Institut de physique de Marburg, où il se fait remarquer par son approche très ouverte de questions complexes. En 1912-1913, il retourne au Groenland et traverse l'inlandsis avec le capitaine danois Johann Peter Koch (1870-1928), en étudiant particulièrement la glaciologie et la climatologie. Pendant la Première Guerre mondiale, blessé à deux reprises, il est affecté au Service météorologique des armées. Il travaille ensuite à l'observatoire maritime de Hambourg. Une chaire de météorologie et de géophysique est créée spécialement pour lui à l'université de Graz en 1924 mais le Groenland est devenu l'une de ses grandes passions. Il y conduit deux nouvelles expéditions scientifiques, en 1929 et 1930, avec notamment l'espoir de parvenir à montrer que ce territoire s'écarte de l'Europe. Lors de la dernière, il meurt, sans doute d'un arrêt cardiaque, en étant parti ravitailler à pied – le jour même de son 50e anniversaire – deux chercheurs postés loin de la station centrale. Son corps sera retrouvé le 8 mai 1931, enfoui sous un mètre de neige.
Le théoricien de la dérive des continents
En examinant la carte du monde, Wegener, en 1910, est frappé par la concordance du tracé des côtes de l'Amérique du Sud et de l'Afrique. À partir de cette observation, il imagine que les deux continents étaient autrefois réunis au sein d'un même « supercontinent », qui se serait fracturé et dont les fragments se seraient ensuite lentement écartés. Diverses informations paléontologiques et géologiques dont il prend connaissance le confortent dans cette hypothèse. Bouleversant les conceptions géologiques de son temps, il affirme que les continents reposent sur un substratum plus dense qui affleure directement au niveau des océans ; réunis il y a quelque 200 millions d'années en une seule masse continentale, la Pangée, ils se sont séparés et ont dérivé jusqu'à leur position actuelle. Wegener présente cette théorie dès 1912 et l'expose en 1915 dans un ouvrage intitulé la Genèse des continents et des océans, qui sera revu et augmenté à plusieurs reprises. Tout le restant de sa vie, il s'efforcera, sans succès, de déterminer le mécanisme physique susceptible d'expliquer le déplacement des continents. Cette incapacité à trouver le moteur interne du phénomène est l'une des raisons pour lesquelles sa théorie sera violemment critiquée par la plupart des géophysiciens. Wegener se heurte aussi à l'hostilité des géologues, qui ne supportent pas qu'un météorologue prétende contribuer à leur discipline. Ce n'est que dans les années 1960, après la découverte de l'expansion des fonds océaniques, que l'idée du déplacement des continents s'imposera enfin, étayée désormais par une théorie cohérente, celle de la tectonique des plaques.
Pour en savoir plus, voir l'article Histoire de la Terre