Isabelle Huppert
Actrice française (Paris 1953).
Une présence troublante
Dans la famille Huppert (un frère écrivain et quatre sœurs, dont deux réalisatrices, une enseignante et une actrice), Isabelle est la plus connue du grand public, avec son joli visage piqueté de taches de rousseur, sa silhouette de jeune fille sage et son doux sourire, sa discrétion, à l'opposé de l'image convenue d'une star. Intelligente et perspicace, Isabelle Huppert a su peu à peu imposer son immense talent de comédienne et excelle particulièrement dans des rôles psychologiquement complexes où ressort sa présence troublante.
Isabelle Huppert suit les cours des conservatoires de Versailles puis de Paris avant de poursuivre sa formation sur les planches, avec Robert Hossein et Antoine Vitez. Elle joue des rôles secondaires dans des films comme Faustine et le Bel Été (1971), de Nina Companez, apparaît dans César et Rosalie (id.), de Claude Sautet, dans les Valseuses (1974), de Bertrand Blier, et Dupont Lajoie (1975), d'Yves Boisset.
Elle tourne sept films en 1975, dont le Petit Marcel, de Jacques Fansten, et la profession la remarque lorsqu'elle reçoit le prix Suzanne-Bianchetti (prix du meilleur espoir) pour son rôle dans le Juge et l'Assassin (1976), de Bertrand Tavernier. Le succès public vient avec la Dentellière (1977), de Claude Goretta, où elle joue un personnage de coiffeuse neurasthénique avec une grande intensité et beaucoup de retenue. Son rôle d'empoisonneuse – dans le vrai sens du terme – à la double personnalité dans Violette Nozière (1978), réalisé par Claude Chabrol, lui vaut le prix d'interprétation féminine (qu'elle partage avec Jill Clayburg) au festival de Cannes.
Un jeu à l'expression théâtralisée
Isabelle Huppert peut désormais choisir ses personnages et jouer avec les plus grands réalisateurs, parmi lesquels André Téchiné (les Sœurs Brontë, 1979), Michaël Cimino (la Porte du paradis, 1980), Maurice Pialat (Loulou, 1980), Jean-Luc Godard (Sauve qui peut [la vie], 1980), Mauro Bolognini (la Dame aux camélias, 1980), encore Tavernier (Coup de torchon, 1981) et Jean-Luc Godard (Passion, 1982), Diane Kurys (Coup de foudre, 1983), Paul Cox (Cactus, 1986), Andrzej Wajda (les Possédés, 1987), ou encore Chabrol (Une affaire de femmes, 1988), Jacques Doillon (la Vengeance d'une femme, 1990) et Werner Schroeter (Malina, 1991).
Elle interprète aussi merveilleusement le rôle-titre de Madame Bovary (Claude Chabrol, 1991), où elle exprime en finesse la frustration d'Emma, que celui d'une exaltée criminelle dans la Cérémonie (1995, Chabrol), pour lequel elle obtient le César de la meilleure actrice. En 1996, elle joue dans les Affinités électives des frères Taviani. En 1997, elle interprète avec Michel Serrault Rien ne va plus, de Claude Chabrol, et incarne Marie Curie dans les Palmes de M. Shutz, de Claude Pinoteau. En 1998, elle joue dans l'École de la chair, de Benoît Jacquot, et en 1999, dans deux films du même réalisateur, la Fausse Suivante, au côté de Sandrine Kiberlain et de Pierre Arditi, et Pas de scandale, avec Fabrice Luchini et Vincent Lindon. En 2000, Chabrol lui confie encore le rôle principal au côté de Jacques Dutronc dans Merci pour le chocolat, où elle brille une nouvelle fois par son jeu à l'expression théâtralisée. En 2001, elle interprète une pianiste sadomasochiste dans le film éponyme de l'Autrichien Michael Haneke, adapté d'un roman d'Elfriede Jelinek, qui lui a valu un second prix d'interprétation au festival de Cannes en 2001 (la Pianiste). En 2003, l'actrice incarne le rôle principal dans un autre film de Haneke, le Temps du loup. On la remarque encore dans 8 Femmes (François Ozon, 2002), Gabrielle (Patrice Chéreau, 2005), l'Ivresse du pouvoir (Claude Chabrol, 2006). En 2009, elle tourne dans deux adaptations littéraires : Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh, d'après le roman de Marguerite Duras, et Villa Amalia de nouveau sous la direction de Benoît Jacquot, d'après le récit de Pascal Quignard.
Parallèlement, Isabelle Huppert monte régulièrement sur les planches, offrant de remarquables prestations, notamment à Londres, où elle incarne Marie Stuart (1996) dans un spectacle de Deborh Warner, et dans l'exceptionnel Orlando (1990, adapté du roman de Virginia Woolf), où elle est dirigée par Bob Wilson. Sur scène, elle s’est également illustrée dans Jeanne au bûcher, Orlando, Médée et Hedda Gabler.