Reinhard Heydrich
Policier allemand (Halle 1904-Prague 1942).
Bras droit de Himmler
Fils d'un professeur de musique, trop jeune pour prendre les armes lors de la Première Guerre mondiale, Heydrich entre dans la marine (1922) et sert sous les ordres de Wilhelm Canaris. Lieutenant de vaisseau en 1928, il devient officier de transmissions au service de renseignements (1930) avant d'être chassé de la marine un plus tard. Membre du parti nazi, il intègre la SS, l'organisation paramilitaire et policière nazie alors dirigée par Heinrich Himmler, qui lui confie aussitôt la création d'un service de renseignements du parti, le futur Sicherheitsdienst (SD).
Après avoir favorisé l'arrivée de Hitler au pouvoir (30 janvier 1933), Heydrich préside avec Himmler à la purge de 1934 (→ la Nuit des longs couteaux) qui débouche sur l'élimination de la SA en tant que force politique et qui permet à la SS de dépendre directement du Führer. En novembre 1938, il participe à la Nuit de cristal, une explosion de violences antisémites organisées à l'instigation du parti nazi dans la plupart des villes d'Allemagne et d'Autriche.
À la tête de l'Office central de la sécurité du Reich (RSHA)
À partir de 1933, le SD (Sicherheitsdienst) mis sur pied par Heydrich presque à l'insu de Himmler, concentre à sa tête la jeune élite intellectuelle national-socialiste. Création personnelle de Heydrich conçue pour doubler tout l'appareil du gouvernement, le SD a pour objectif de démasquer les adversaires du national-socialisme et d'orienter l'action de la police.
En même temps qu'il constitue le SD, Heydrich met sur pied une division spéciale – la Police criminelle (ou Kripo) – qui, avec la Gestapo (arrachée par Himmler et Heydrich au ministère de l'Intérieur de Göring) sont réunies en un Office central de la Police de sécurité (Hauptamt Sicherheitspolizei, Sipo), dans lequel Heydrich détient toutes les positions clés.
Lorsque le 27 septembre 1939, Himmler décide de fusionner la Sipo et le SD dans un organisme unique le (Reichssicherheitshauptamt, RSHA), à la tête duquel il est promu, Heydrich, doté de cette redoutable force de répression devient sans doute – dans l'ombre de Himmler – le personnage le plus puissant du IIIe Reich et de l'Europe occupée. Quoiqu'il en soit, il est prêt pour mettre en place les mécanismes de la destruction des Juifs d'Europe.
Le maître d'œuvre des Einsatzgruppen
Heydrich constitue quatre Einsatzgruppen, des groupes d'intervention mobiles dont l'action, planifiée avant l'invasion de la Pologne (1er septembre 1939), est de procéder au massacre de l'élite polonaise, spécifiquement des Juifs considérés comme opposants potentiels.
Tirant les leçons des difficultés rencontrées en Pologne (le « surmenage » des bourreaux), il négocie avec la Wehrmacht (l'armée) afin de mieux coordonner l'action des Einsatzgruppen avec les opérations militaires lors de l'invasion de l'URSS, le 22 juin 1941. Dès le début du plan Barbarossa, les Einsatzgruppen procèdent à l'élimination systématique des cadres du parti communiste, des commissaires politiques de l'Armée rouge, avant de s'en prendre aveuglément à l'ensemble des Juifs, hommes, femmes, enfants.
Le « boucher de Prague »
Nommé en septembre 1941 « protecteur du Reich » en Bohême-Moravie (tout en conservant ses autres fonctions), Heydrich y instaure l'état d'exception et fait couler le sang ; ses crimes – massacres, déportations et germanisation forcée – lui valent le surnom de « boucher de Prague ».
Victime d'un attentat organisé par des résistants tchèques venus de Londres (mai 1942), Heydrich succombe une dizaine de jours plus tard à ses blessures. L'attentat contre le protecteur du Reich en Bohême-Moravie servit de prétexte une répression allemande particulièrement féroce dont le tragique symbole est l'anéantissement le 10 juin 1942 du village de Lidice, à côté de Prague.
Pour en savoir plus, voir les articles national-socialisme, Seconde Guerre mondiale.