Maurice Genevoix
Écrivain français (Decize, Nièvre, 1890-Alsudia-Cansades, Alicante, 1980).
Normalien, « poilu » en 1914, grand blessé de guerre, Maurice Genevoix est un romancier à succès. Prix Goncourt, grand prix national des Lettres, membre puis secrétaire perpétuel de l’Académie française, il laisse une œuvre abondante, marquée par ses souvenirs d’enfance, par ses promenades le long de la Loire et la tragédie de la Première Guerre mondiale.
Maurice Genevoix naît le 29 novembre 1890 à Decize, en Bourgogne, dans le département de la Nièvre. L’année suivante, ses parents s’installent à Châteauneuf-sur-Loire, près d’Orléans, où il passe toute une partie de sa jeunesse.
Une jeunesse douloureuse et studieuse
Reçu premier du canton au certificat d’études, Maurice Genevoix devient interne au lycée Pothier d’Orléans. Il en conservera un souvenir amer. La mort de sa mère, en 1903, le bouleverse durablement. De longues promenades sur les bords de la Loire, les études et la lecture lui sont un refuge et un réconfort.
De 1908 à 1911, il poursuit des études de lettres au lycée Lakanal de Sceaux, dans la banlieue parisienne, où il est pensionnaire. En 1912, il est admis premier de sa promotion au concours d’entrée de la prestigieuse École normale supérieure. Il songe alors à mener une double carrière d’universitaire et de romancier.
Le « poilu » de 1914
La guerre en décide autrement. Mobilisé le 2 août 1914, Maurice Genevoix est affecté au 106e régiment d’infanterie. Comme sous-lieutenant puis comme commandant d’une compagnie, il participe aux violents combats de la Marne et des Hauts de Meuse. Le 25 avril 1915, il est grièvement blessé sur la colline des Éparges, près de Verdun. Il en gardera toute sa vie des séquelles.
Réformé après sept mois d’hôpital, invalide à 70 °/°, ayant perdu tout usage de sa main gauche, il retourne à Paris puis, atteint de la grippe espagnole, dans le village de son enfance, Châteauneuf-sur-Loire.
Un écrivain prolixe et à succès
Maurice Genevoix décide dès lors de se consacrer à l’écriture. Récit de son expérience de la guerre, Ceux de 14 le fait d’emblée connaître. Raboliot, roman de la Sologne, obtient le prix Goncourt en 1925.
Auteur prolixe, il publie, entre 1925 et 1945, un roman par an. Les épreuves ne l’épargnent pourtant pas. En 1928, après la mort de son père, il s’installe définitivement aux Vernelles près de Saint-Denis-de-l’Hôtel (dans le Loiret). Marié, en 1937, à Yvonne Montrosier, il est veuf l’année suivante.
La guerre l’oblige à se réfugier en Aveyron. En 1943, il épouse en secondes noces Suzanne Viales, dont il a une fille, Sylvie, l’année suivante. Revenant aux Vernelles, dans son bureau donnant sur la Loire, il continue d’écrire avec patience, obstination et passion.
Membre et secrétaire perpétuel de l’Académie française
Avec son élection, dès le premier tour, à l’Académie française, le 24 octobre 1946, Maurice Genevoix connaît la consécration sociale et littéraire. En 1958, il en devient le secrétaire perpétuel, jusqu’à sa démission en janvier 1974. En 1970, il reçoit le grand prix national des Lettres. Son activité se déploie alors dans de nombreux domaines. De 1958 à 1963, il rédige tous les discours d’attribution pour les lauréats des prix de l’Académie (prix de poésie, du roman, d’histoire…). Sous son impulsion est créé en 1966 le Conseil international de la langue française. Son oeuvre personnelle s’enrichit de nouveaux romans, de livres de souvenirs. Ses fidélités restent les mêmes : à la littérature ; aux Vernelles, où, quittant Paris dès qu’il le peut, il revient toujours ; et à « ceux de 14 », dont, de célébrations en discours officiels, il perpétue le souvenir. Maurice Genevoix meurt le 8 septembre 1980 en Espagne où il était en vacances. Il est inhumé au cimetière de Passy, près de Paris. À presque quatre-vingt-dix ans, il avait encore en tête plusieurs projets de romans.