André Franquin
Dessinateur et scénariste belge de bandes dessinées (Bruxelles 1924-Saint-Laurent-du-Var 1997).
Sur les traces de Jigé : Spirou
1929 : le père d’André Franquin fait immortaliser par un ami photographe un dessin de son fils. Le motif, esquissé à la craie sur un tableau noir, représente un chien respirant une fleur. « Quand vous avez cinq ans, dira le dessinateur, et qu’on prend au sérieux votre œuvre au point d’en faire une photo, ça vous fait un certain effet. »
Sa passion pour le dessin est immédiate et il publie, dès 1935, ses premières œuvres dans la Nation belge. Après une année à l'académie de Saint-Luc à Saint-Gilles (Bruxelles), en section graphique, où il illustre les Fables de La Fontaine, il entre en 1944 dans un studio de dessin animé, CBA, où il rencontre Morris, Peyo et Paape. À la fin de l’année, après la faillite de leur studio, ils rentrent tous quatre chez Dupuis, l’éditeur du magazine Spirou, sous la houlette de Jijé, derrière lequel se forme ce que l’on a appelé l’école de Marcinelle, caractérisée par un trait plus libre et plus humoristique que l’école de Bruxelles, menée par Hergé. Franquin est formé, avec ses anciens acolytes de chez CBA, dans l’atelier du maître Jigé (il le suit même jusqu’aux États-Unis en 1948-1949) qui lui confie quelques pages de Fantasio avant de lui abandonner la série Spirou (de 1946 à 1967).
L’émancipation : le Marsupilami et Gaston Lagaffe
En 1952, dans un épisode de Spirou, Spirou et les Héritiers, Franquin fait apparaître pour la première fois le personnage du Marsupilami (de « marsupial » : « pil », en hommage au Pilou-Pilou, un personnage d’Elzie Crisler Segar, et « ami » ; créé en 1951), animal sympathique jaune et noir à la queue interminable vivant dans la forêt de Palombie (Amérique du Sud). Après de nombreux épisodes de Spirou et Fantasio, dans lesquels le marsupial n’est qu’un second rôle, le Marsupilami s’émancipe, effaçant peu à peu ceux qui l’ont découvert, notamment dans le Nid du Marsupilami (1956-1957).
Parallèlement, après quelques contentieux avec les éditions Dupuis, Franquin travaille pour la concurrence, le journal Tintin, pour lequel il crée la série Modeste et Pompon (1955-1959) et renouvelle la bande dessinée belge en proposant des gags en une planche. Rappelé par Dupuis, ce dessinateur prolifique se lasse quelque peu des personnages des aventures de Spirou et Fantasio, pour lesquelles il ne cesse de créer des décors et des personnages secondaires truculents, et surtout bien à lui (« À la longue, je me suis aperçu que l’on ne s’amuse bien qu’avec les personnages qu’on crée »). Parmi ceux-ci, Gaston Lagaffe, « héros sans emploi », décontracté et distrait, en jean et col roulé vert, qui apparaît en 1957, d’abord dans diverses pages du journal avant de se glisser dans la rédaction de Spirou avec Fantasio comme chef : « J'ai créé Gaston pour me reposer, au moment où je butais sur Spirou. » Les gags, d’abord en demi-planches, de cet employé de bureau deviennent populaires jusqu’à illustrer la une de Spirou en 1961 et des pleines pages dès 1966.
Sujet à la dépression et débordé par les nombreuses aventures qu’il doit créer, Franquin a de plus en plus souvent recours aux scénarios de Greg, Goscinny et, plus épisodiquement, de Paape, Tibet et Roba. Jusqu’en 1968, il partage Gaston avec Jidéhem.
En 1977, il crée avec son ami Yvan Delporte, le Trombone illustré, supplément au journal Spirou, espace de liberté, dans lequel il crée ses première Idées noires (30 numéros ; dès la fin de l’année publiées dans Fluide Glacial).
Considéré comme l’un des chefs de file de la bande dessinée belge, Franquin crée également le Petit Noël (1957), illustre avec Jidéhem les Robinsons du Rail (1964) et dessine pour de grandes causes (Unicef, Amnesty International, Greenpeace, etc.). Il a reçu l’Alfred de la bande dessinée au premier festival d’Angoulême (1974), le prix Adamson de l'Académie suédoise de la bande dessinée (1980) et le prix national des Arts Graphiques en Belgique (1986).