Maurice Jean Berger, dit Maurice Béjart

Danseur et chorégraphe français et suisse (Marseille 1927-Lausanne 2007), fils du philosophe Gaston Berger.

Le directeur de compagnie

Adolescent initié à la danse classique sur avis médical, Maurice Berger découvre sa vocation et décide à 18 ans d’en faire son métier. Comme nom d’artiste, il prendra celui d’Armande Béjart, la femme de Molière. Achevant sa formation à Paris, il entre en 1948 dans la compagnie de Roland Petit, puis passe par l'International Ballet londonien et le Ballet Cullberg suédois.

En 1953, Maurice Béjart crée sa propre compagnie, les Ballets romantiques, qui deviennent, successivement, les Ballets de l'Étoile (1954-1956), puis le Ballet-Théâtre (1957-1959). C'est ce dernier qui, en fusionnant avec la troupe du Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles, donne naissance, en 1960, au Ballet du XXe siècle, compagnie internationale qui accueille des danseurs de renom tels que Jorge Donn (1962). De 1970 à 1988, le chorégraphe dirige l'école Mudra, présente à Bruxelles et à Dakar. Dès 1987, cependant, il a choisi de s'installer à Lausanne, où sa compagnie prend le nom de Béjart Ballet Lausanne. Parallèlement, il ouvre, en 1992, Rudra, un atelier-école de danse, qui se double d'une compagnie (Rudra-Béjart-Lausanne), dont les effectifs ne sont plus que de vingt-cinq danseurs (au lieu de soixante). En 2002, il créera encore, à l’intention des jeunes danseurs, la Compagnie M.

Le créateur cosmopolite

Ce sont les ballets Symphonie pour un homme seul (1955), qu’il danse sur la partition – première œuvre de musique concrète – de Pierre Henry et Pierre Schaeffer, puis Sonate à trois (1957), d'après le Huis clos de Jean-Paul Sartre, qui révèlent en Béjart un chorégraphe au langage nouveau, donnant au corps humain, dont il exploite toutes les potentialités, une place primordiale. Après un triomphal Sacre du printemps (1959), puis le Boléro (1961), il ne cesse de rechercher les innovations avec la Damnation de Faust (1964), qui fait scandale à l'Opéra de Paris, Roméo et Juliette (1966), Messe pour le temps présent (1967) ou Comme la princesse Salomé est belle (1970). Déjà attiré par l'Inde et sa philosophie (Bhakti, 1968), il est aussi conquis par les subtils envoûtements et les musiques psalmodiées de l'Orient (Golestan ou le Jardin des roses, 1973 ; Farah, 1980).

Pour Béjart, toute œuvre fait partie du patrimoine artistique : s'il remet les siennes en question, il donne également des versions personnelles d'œuvres existantes, telles que Noces (1962) ou l'Oiseau de feu (1970) et plus tard Casse-Noisette (1998), dédié à sa mère, morte alors qu’il avait 7 ans. Les personnages hors du commun l'attirent, à l'instar de Nijinski, clown de Dieu (1971), et la musique contemporaine – celle des Henry, Xenakis, Stockhausen, Boulez, mais aussi celle de groupes de rock tels que U2 – lui offre une source d'inspiration. Ses autres thèmes de ballets : Messe pour le temps futur (1983), les Chaises, d'après Ionesco (1984), le Kabuki (1986), 1789… et nous (1989), Ring um den Ring (« Spectacle autour du Ring », 1990), évocation de l'univers wagnérien, le Mandarin merveilleux (1993), King Lear-Prospero (1994), le Voyage nocturne (1997), inspiré par le Coran, MutationX (1998), sur les dangers qui menacent la Terre, Lumière (2001), extrapolation de sa passion pour Barbara et Jacques Brel, Zarathoustra, le Chant de la danse (2005), le Tour du monde en 80 minutes (2007, posthume), confèrent à sa démarche une grande force lyrique et une réelle authenticité dramaturgique.

Au total, Maurice Béjart est l’auteur de plus de 250 ballets, qui font de lui l’un des maîtres de la danse contemporaine. Également metteur en scène de théâtre (pièces et opéras) et réalisateur de films, il a publié plusieurs ouvrages, dont l'Autre Chant de la danse (1974) et Un instant dans la vie d'autrui (1979). Il a reçu les plus hautes distinctions au Japon et en Belgique.