Louis Jordan
Saxophoniste, chanteur et compositeur de rhythm and blues et de boogie-woogie américain (Brinkley, Arkansas, 1908-Los Angeles, 1975).
Fils d'un professeur de musique et chef d'orchestre, Louis Jordan se lance très tôt comme saxophoniste professionnel. Dans les années 1920 et 1930, il a accompagné les plus grandes chanteuses de blues (Ma Rainey, Ida Cox, Bessie Smith) et intégré les prestigieux orchestres de New York et Chicago, les fameux big bands dirigés alors par Louis Armstrong, Chick Webb (Ella Fitzgerald), Clarence Williams. C'est au sein de l'orchestre de Chick Webb, entre 1936 et 1938, qu'il fait ses premières armes de vocaliste, avant de créer en 1938 son propre orchestre, le Tympany Five. Fort d'un répertoire très novateur de boogies endiablés, ce quintette devient vite la coqueluche des ballrooms de Harlem. C'est en 1946 qu'il devient une célébrité internationale avec sa formation, chantant Choo Choo'Ch Boogie (disque d'or historique pour la firme Decca) et Is You Is Or Is You Ain't My Baby ?, véritables tubes mondiaux qui restent liés, en Amérique comme en Europe, aux bals et à l'ambiance heureuse et délirante de l'immédiat après-guerre. Jordan écrit et compose aussi pour le cinéma, notamment les films Look Out Sister et Reet Petite & Gone (en 1945 et 1946), dont sortent d'autres succès comme Jack You're Dead, Five Guys Named Moe, That Chick's Too Young Too Fry … Tout au long des années 1950, le Tympany Five joue toujours à guichet fermé, mais n'est plus vedette du disque. En 1951, Jordan tente un big band aussitôt dissous, et s'en retourne à sa formation initiale. En 1956, c'est en artiste solo qu'il enregistre, aux côtés de Quincy Jones, l'album Somebody Up There Digs Me. Ralentie par une santé précaire, sa carrière ne connaît plus le même élan. Ensuite, il continuera jusqu'en 1975, date de son décès des suites d'un cancer, à jouer sans son Tympany Five, mais dans les mêmes conditions et sur le même répertoire.
Une influence majeure. Peu inspiré pour les blues dramatiques, Louis Jordan mise en fait toute sa musique sur des boogie-woogies entraînants qui annoncent clairement le rhythm and blues (dont il est considéré comme le pionnier) et le rock and roll.
Ce « jive » construit sur des tempos infernaux et des paroles humoristiques, excellente musique pour danser au bord de la transe, présage également les ambiances frénétiques des premiers groupes de funk à la fin des années 1960 (Funkadelic, Parliament). L'influence de Louis Jordan sur d'autres artistes est considérable. Outre les personnalités du rock des années 1950, Ray Charles et Wilson Pickett admettent régulièrement qu'il fait partie de leurs principales sources d'inspiration. Plus proches, il faut citer Manhattan Transfer et surtout Joe Jackson, qui ont repris plusieurs de ses plus célèbres chansons.