Kim Jong-un
Homme d’État nord-coréen (?, entre 1982 et 1984 ?).
Fils de Kim Jong-il, il succède à son père en 2011 comme dirigeant suprême de la Corée du Nord.
1. Jeunesse et ascension au pouvoir (années 1990–2011)
À la fin des années 1990, il est envoyé en Suisse suivre ses études à l’école internationale de Gümlingen. De retour à Pyongyang, il termine ses études à l’Université militaire « Kim Il-sung » entre 2002 et 2007. Ses premières apparitions se font aux côtés de son père lors d’inspections et de parades militaires.
Dès 2009, Kim Jong-un est pressenti pour succéder à son père. Il devient candidat à l’Assemblée populaire suprême et se retrouve nommé en avril au sein de la puissante Commission de la défense nationale (dont la présidence, occupée par Kim Jong-il, est définie par la Constitution comme le plus haut poste du pays). Il est promu la même année à la tête du département de la sécurité d’État, qui est l’organe de contrôle politique et du contre-espionnage. Alors qu’il ne semble pas ambitionner de carrière militaire, il obtient le rang de général quatre étoiles en septembre 2010.
L’issue de cette fulgurante ascension coïncide avec l’assemblée générale du Parti, non réunie depuis la nomination du successeur de Kim Il-sung en 1980. En 2011, Kim Jong-un clarifie définitivement sa position de futur dirigeant suprême.
2. Le dirigeant de la Corée du Nord (depuis 2011)
2.1. La consolidation du pouvoir
À la mort de son père en décembre 2011, Kim Jong-un devient de fait le dirigeant suprême de la Corée du Nord. Ce titre officieux signe son arrivée à la tête du gouvernement et des forces armées, avant d’être validé par les titres de premier secrétaire du Parti et de président de la Commission de la défense nationale en avril 2012.
Sa politique est officiellement adoptée en 2013 lors de la réunion du comité central du Parti. Elle poursuit la stratégie nationale dite de byungjin (« développement parallèle »), misant à la fois sur le développement de l’économie et des capacités de défense nucléaire. En juin 2016, le congrès de l’Assemblée populaire suprême révise la Constitution, élargit et renforce les pouvoirs de Kim Jong-un. Le congrès crée la Commission des affaires de l’État, en le nommant à sa tête, ce qui remplace le Comité de la défense nationale comme organe central des affaires militaires.
Les premières années de son règne se caractérisent par une consolidation du pouvoir et par l’accélération du programme d’armement nucléaire. En décembre 2013, Kim exécute son oncle Jang Song-Thaek qui était également proche de son père. Cette exécution marque une rupture avec la Chine puisque Jang incarnait le rapprochement du régime avec Pékin.
2.2. Accélération du programme nucléaire et regain de tension avec les Occidentaux
Sous l’autorité de Kim Jong-il, le programme d’armement nucléaire avait progressé par à-coups. Il s’accélère avec l’arrivée de Kim Jong-un qui cherche à maintenir son régime en l’imposant comme une puissance nucléaire au même titre que l’Inde, Israël ou le Pakistan. Quelques mois après une série de tests de missiles balistiques, en octobre 2006, le régime réalise sa première explosion nucléaire souterraine. L’opération est toutefois relativisée par les observateurs internationaux qui n’y voient au mieux qu’une réussite minime. Après le premier essai nucléaire sous Kim Jong-un en février 2013, le rythme des explosions souterraines et des missiles à longue portée s’intensifie de manière spectaculaire. En 2017, le régime avait procédé à un total de six essais nucléaires, dont au moins un d’un engin suffisamment petit pour être disposé sur un missile balistique intercontinental (selon les responsables nord-coréens). Théoriquement à portée d’une attaque nucléaire nord-coréenne, les États-Unis lancent une série d’ultimatums au régime. Cette stratégie de l’administration de Donald Trump, dite de la « pression maximum », vise à poser la dénucléarisation du régime comme la condition préalable à toute négociation. Au même moment, quelque 8 000 pièces d’artillerie nord-coréennes sont braquées sur la Corée du Sud.
2.3. Vers une ouverture du régime ?
Tandis que D. Trump et Kim Jong-un se livrent à un échange constant d’insultes et de rhétorique grandiloquente, le dirigeant nord-coréen s’oriente progressivement vers un rapprochement avec son voisin du Sud. En mai 2017, l’élection à Séoul du candidat démocrate Moon Jae-in (→ République de Corée) rouvre la voie au dialogue entre les deux Corées. Kim Jong-un invite le mois suivant des membres de l’administration de Moon Jae-in lors d’un dîner à Pyongyang. Il s’agit de la première réunion de ce genre depuis son arrivée au pouvoir en 2011. À cette occasion, le dirigeant nord-coréen annonce être ouvert à la négociation sur son arsenal nucléaire si les États-Unis étaient disposés à garantir la sécurité de la Corée du Nord et de son régime. Le 27 avril 2018, Kim Jong-un et Moon Jae-in se rencontrent pour un sommet historique au « village de la paix » de Panmunjom, une première depuis plus de dix ans.
S’ensuit une période d’incertitude quant à l’ouverture du régime de Kim Jong-un, conditionnée aussi bien par le comportement des États-Unis et de leurs alliés que par la Chine qui n’a pas d’intérêt à la réunification.
Le 12 juin 2018, Kim Jong-un rencontre D. Trump lors d’un sommet historique à Singapour. À l’issue de leur entretien, les deux dirigeants s’accordent sur un texte mentionnant la « dénucléarisation de la péninsule coréenne ».
Pour en savoir plus, voir l'article guerre de Corée.