Jean VI Cantacuzène
(Constantinople vers 1293-Mistra 1383), empereur byzantin (1341-1355).
1. L'usurpateur
Créé « grand domestique », il est, sous le règne d'Andronic III, le second personnage de l'Empire. À la mort d'Andronic III (1341), tandis qu'Anne de Savoie devient tutrice de Jean V, il est nommé régent. Il rencontre l'opposition d'Anne de Savoie, qui, sous l'influence du mégaduc Apokaukos, le destitue. Cantacuzène se fait alors reconnaître empereur par ses partisans, mais proclame le nom de l'héritier légitime, Jean V, avant le sien (1341).
2. Difficultés intérieures
Avec l'aide des Turcs, des Serbes et des Bulgares, il rentre à Constantinople (3 février 1347) deux ans après l'assassinat d'Apokaukos, et se réconcilie avec Anne de Savoie, qui le reconnaît empereur principal pour dix ans. Il marie sa troisième fille, Hélène, à Jean V. Cependant, ses anciens alliés et ceux d'Anne de Savoie (Vénitiens et Turcs) se font menaçants (notamment Étienne IX Uroš IV Dušan, tsar de Serbie), tandis que l'État, affaibli, s'épuise en guerres civiles et en luttes religieuses : Jean VI Cantacuzène, partisan de l'hésychasme et favorable à l'aristocratie, rencontre à nouveau l'opposition d'Anne de Savoie, qui s'appuie sur le peuple et soutient l'orthodoxie, et il doit faire face à une opposition populaire et religieuse (révolte des zélotes à Thessalonique).
Abandonnant la division de l'Empire en thèmes, il inaugure le système des apanages ; l'Empire comprend trois groupes : la Thrace, avec Constantinople ; la Morée byzantine (où Jean VI envoie son troisième fils, Manuel [1348], premier despote de Mistra) et Thessalonique, favorable aux Paléologues.
3. Jean V contre Jean VI
Il doit bientôt céder aux Génois Selymbria et Héraclée (1352), malgré le concours des Vénitiens, et faire face, dès 1351, à une nouvelle guerre civile qui l'oppose à Jean V Paléologue. Celui-ci, négociant avec Étienne Dušan, occupe Andrinople ; Jean VI, avec l'aide des Turcs Osmanlis, l'en chasse, défait les Serbes à Didymotique (1352), tandis que Jean V se réfugie à Ténédos. Cantacuzène associe au trône son fils aîné Mathieu (1354).
La rupture de l'alliance des Turcs Osmanlis, qui s'emparent de Gallipoli (1354), provoque soudain sa ruine. En 1354, un coup de main du corsaire génois Francesco Gattilusio livre Constantinople à Jean V ; Jean VI abdique, se fait moine au mont Athos, puis se retire à Mistra. Il rédige alors son Histoire, qui couvre les années 1320-1356, ainsi que des œuvres morales et théologiques.
Pour en savoir plus, voir l'article Empire byzantin : histoire.