Jacques Chessex
Écrivain suisse de langue française (Payerne 1934-Yverdon-les-Bains 2009).
Issu d’un milieu protestant, il passe ses dernières années de lycée au collège jésuite Saint-Michel à Fribourg, avant d’entamer des études de Lettres à Lausanne – où il enseignera le français de 1969 à 1996. Il débute par des poèmes, dont le Jour proche (1954), publie ensuite deux romans : la Tête ouverte (1962, prix Schiller) et la Confession du pasteur Burg (1967), ainsi qu’un livre de souvenirs personnels (Reste avec nous, id.). Toute son œuvre est déjà là : puritain marqué par le suicide de son père (1956) et emporté par ses sens, Vaudois avec passion, avec rage aussi. Il y a chez lui une truculence mélancolique, un écartèlement entre le remords et la volupté, une fascination pour les drames de la passion confrontés aux contraintes familiales et à la réprobation sociale. En 1969, c'est le succès avec son Portrait des Vaudois. Carabas, publié en 1971, marque le début de sa fidélité aux Éditions Grasset. Les lecteurs français découvrent alors Chessex, qui reçoit, en 1973, le prix Goncourt pour l'Ogre, variation romanesque sur la mort du père. Le roman met à nu l'ambiance puritaine et autoritaire de certains milieux vaudois.
On doit à Jacques Chessex de nombreux romans et récits (Où vont mourir les oiseaux, 1980 ; Jonas, 1987 ; Morgane madrigal, 1990 ; la Trinité, 1992 ; la Mort d'un juste, 1996 ; Monsieur, 2001 ; l’Économie du ciel, 2003 ; le Vampire de Ropraz, 2007 ; le Dernier Crâne de M. de Sade, 2010), des essais (Charles-Albert Cingria, l’instant et l’intemporel, 1967 ; les Saintes Écritures, 1972 ; Adieu à Gustave Roud, avec Maurice Chappaz et Philippe Jaccottet, 1977 ; Maupassant et les autres, 1981 ; Flaubert ou le Désir en abîme, 1991 ; Le simple préserve l'énigme, 2008, sur François Nourissier) et des recueils de poèmes (le Calviniste, 1983 ; les Aveugles du seul regard, 1991, prix Mallarmé ; Allegria, 2005). Il a cofondé la revue littéraire Écriture avec Bertil Galland en 1964. Par ailleurs, ses peintures et dessins ont fait l’objet d’expositions en Espagne et en Suisse.