Henri Frenay
Officier et homme politique français (Lyon 1905-Porto-Vecchio 1988).
1. Une carrière militaire
Fils d'officier, saint-cyrien, le jeune Frenay, sous-lieutenant à vingt-et-un ans, est affecté dans l'armée du Rhin avant de rejoindre en Syrie le 16e régiment de tirailleurs tunisiens puis le 8e bataillon assyro-chaldéen. De retour en métrople en 1933, il rejoint, à Hyères, le 3e régiment alpin d'infanterie. En 1934, il rencontre Berty Albrecht, grâce à laquelle il entre en contact avec des réfugiés allemands opposés au nazisme. Sa lecture dans le lecture de Mein Kampf, le manifeste de Hitler, ses cours au Centre des hautes études germaniques de Strasbourg, dont il sort diplômé en 1938, achèvent de le convaincre de l'imminence du danger nazi.
Fait prisonnier pendant la campagne de France en juin 1940, le capitaine Frenay parvient à s'évader et à rejoindre sa mère en zone sud, à Sainte-Maxime. Affecté en garnison à Marseille, il organise les premiers recrutements parmi ceux qui, comme lui, refuse l'armistice. Nommé en décembre 1940 au 2e bureau de l'état-major de l'armée à Vichy, il démissionne en janvier 1941 de l'armée et entre en clandestinité.
2. Le fondateur de Combat
En zone Sud, il publie en juillet les Petites Ailes de France, fonde en août le Mouvement de Libération nationale (MNL) puis édite, avec l'aide de son amie Berty Albrecht, le journal Vérités à partir de septembre. Le mois suivant, il rencontre François de Menthon, le directeur du mouvement Liberté qui édite un journal du même nom. De la fusion du MNL et de Liberté, naît le mouvement Combat (fin 1941), qu'il dirige et qui va devenir, avec ses quatorze services nationaux spécialisés et ses deux cents permanents clandestins, le plus grand mouvement résistant en zone libre ; en décembre 1941, paraît le premier numéro du journal clandestin Combat, dont le tirage atteindra plus d'un million d'exemplaires par mois.
3. Opposé à Jean Moulin
Organisateur de l'Armée secrète, Frenay devient l'un des trois chefs des Mouvements unis de résistance (MUR), plus particulièrement chargé des questions militaires. Il s'oppose alors à Jean Moulin, qu'il soupçonne de vouloir placer la Résistance sous le contrôle du général de Gaulle, et se montre hostile au Conseil national de la Résistance (CNR) qui, en ressuscitant les anciens partis traditionnels, occulte la présence des mouvements résistants.
4. Commissaire aux Prisonniers, Déportés et Réfugiés (1943-1945)
En novembre 1943, Henri Frenay devient, au Comité français de libération nationale (CFLN) puis dans les gouvernements du général de Gaulle (juin 1944-novembre 1945), commissaire aux Prisonniers, Déportés et Réfugiés. De mars à juillet 1945, il organise, dans des conditions très difficiles, les retours progressifs en France de 20 000 (mars), 313 000 (avril), 900 000 (mai) et 276 000 (juin) prisonniers de guerre et déportés.
En septembre, le général de Gaulle lui demande d’organiser au mont Valérien, à l’occasion du 11 novembre, une grande cérémonie en hommage aux Morts pour la France pendant la guerre 1939-1945. Henri Frenay, les ministres et les chefs d’état-major des trois armées, les représentants du Conseil national de la Résistance, des anciens combattants, des déportés, des prisonniers de guerre procèdent au tirage au sort des « héros dont les dépouilles seront honorées par la nation » : trois résistants, trois déportés (dont Berty Albrecht), neuf combattants sont inhumés dans une ancienne casemate du fort reconvertie en crypte provisoire : ainsi est née l'idée d'un Mémorial de la France combattante au mont Valérien.
Henri Frenay a publié ses souvenirs dans La nuit finira (1973), Volontaires de la nuit (1975), l'Énigme Jean Moulin (1977).
Pour en savoir plus, voir l'article la Résistance.