Georges Boulanger

Boulangisme
Boulangisme

Général et homme politique français (Rennes 1837-Ixelles, Belgique, 1891).

1. Ministre de la Guerre : le général « la Revanche »

Officier aux brillants états de service, général de division en 1884, il commande de 1884 à 1885 le corps expéditionnaire en Tunisie. Ami de Gambetta et de Clemenceau, il soutient la cause républicaine et devient ministre de la Guerre dans les cabinets de Freycinet et Goblet (1886-1887). Il justifie les sympathies que lui porte l'extrême gauche en appliquant très rigoureusement la loi de janvier 1886 sur le bannissement des princes : il expulse des cadres de l'armée le duc d'Aumale, qui l'avait pourtant fait nommer général de brigade en 1880. Il acquiert une grande popularité en améliorant le sort de la troupe, mais aussi grâce à des innovations techniques (substitution du fusil Lebel au fusil Gras) et par ses polémiques contre l'Allemagne : le général « La Revanche » présente un ordre mobilisant les troupes lors de l'affaire Schnæbelé en avril 1887. Autour de Boulanger se développe une campagne en faveur de la revanche.

2. Le père du boulangisme

En mai 1887, Rouvier forme un nouveau cabinet sans Boulanger. Celui-ci est envoyé commander le 13e corps d'armée à Clermont-Ferrand ; on parle alors de « déportation », et le 8 juillet des Parisiens tentent d'empêcher son départ. En novembre 1887, le scandale des décorations éclabousse les républicains modérés. Boulanger regroupe alors autour de lui tous les mécontents, les adversaires d'un régime contre lequel se manifeste un vaste mouvement d'opinion provoqué par une vague d'antiparlementarisme et par une grave crise économique. Qu'ils viennent de l'extrême droite bonapartiste, militariste comme Déroulède, de l'extrême gauche du parti radical comme Rochefort, les boulangistes, animés par le baron Armand de Mackau, désirent établir un gouvernement fort et préparer la revanche. Très vite, le boulangisme remporte un énorme succès dans les élections partielles. Boulanger s'étant rendu à Paris malgré 30 jours d'arrêt, le gouvernement le met à la retraite (mars 1888), ce qui le rend éligible. Son programme assez vague se résume dans une triple formule : « dissolution – constituante – révision », lancée par la Cocarde. Élu triomphalement, en avril et en août, dans plusieurs départements (Dordogne, Somme, Charente-Inférieure et Nord), il opte pour ce dernier département. Enfin, il est élu à Paris par 245 000 suffrages (27 janvier 1889), mais n'ose pas donner l'ordre de marcher sur l'Élysée malgré l'appui de la foule et d'une partie de l'armée et de la police.

Le gouvernement se ressaisit : il rétablit le scrutin d'arrondissement et interdit les candidatures multiples. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Constans, après avoir dissous la Ligue des patriotes, inculpe Boulanger de complot contre l'État. Celui-ci s'enfuit alors en Belgique (1er avril 1889), et, le 14 août, il est condamné par contumace à la détention perpétuelle. Le 30 septembre 1891, il se suicide sur la tombe de sa maîtresse, Marguerite de Bonnemains.

Pour en savoir plus, voir les articles boulangisme, histoire de la France, IIIe République.