Dmitri Anatolievitch Medvedev
Homme d'État russe (Leningrad, aujourd'hui Saint-Pétersbourg, 1965).
Une ascension politique rapide
Né dans une famille d'universitaires, il enseigne le droit civil à l'université de Saint-Pétersbourg de 1990 à 1999. En 1990, il rejoint l'équipe du maire de la ville, Anatoli Sobtchak, et devient expert juridique au sein du Comité en charge des relations extérieures de Saint-Pétersbourg. C'est là qu'il fait la connaissance de Vladimir Poutine, lieutenant-colonel du KGB, qui supervise le domaine des relations économiques extérieures.
En 1999, D. Medevedev rejoint Moscou, appelé par le nouveau Premier ministre, V. Poutine, qui le nomme responsable adjoint de l'Administration du gouvernement. Chargé en 1999-2000 de diriger la campagne électorale du candidat Poutine, il connaît une ascension rapide en intégrant en 2000 l'Administration présidentielle, qu'il préside d'octobre 2003 à novembre 2005.
Conformément à la stratégie du président Poutine – qui cherche à concentrer entre les mains de ses proches les secteurs clés de l'économie – D. Medvedev siège, depuis 2000, au conseil de surveillance du groupe énergétique Gazprom, détenu à près de 40 % par l'État, et en préside le conseil d'administration de 2002 à 2008. Nommé vice-Premier ministre en novembre 2005, il est chargé de mettre en œuvre les programmes d'action nationale en matière de logement, de santé et d'éducation.
Président, élu sur mesure, à la tête de la Fédération de Russie (2008-2012)
Considéré comme le chef de file du clan libéral et désigné candidat à l'élection présidentielle de 2008 par quatre partis affiliés au Kremlin, dont Russie unie, D. Medvedev est élu, le 2 mars 2008, à la présidence de la Fédération de Russie, avec 70,28 % des suffrages.
Cette élection sur mesure de son jeune protégé permet à V. Poutine de rester au pouvoir sans briguer un troisième mandat. Si la Constitution russe donne un pouvoir étendu au président, le « tandem » que D. Medvedev forme avec V. Poutine – Premier ministre de 2008 à 2012 – entraîne un certain rééquilibrage des pouvoirs au profit du chef du gouvernement.
Aussitôt investi, le jeune chef de l'État juge avec sévérité la situation de la Russie, déplorant une économie demeurée « archaïque, dépendante des matières premières », une corruption systémique et une démocratie « affaiblie », sans jamais toutefois critiquer directement son prédécesseur. Se faisant le chantre d'une « modernisation de fond en comble » de la Russie, il tente d'imprimer sa marque ; à son actif figurent le renouvellement des élites régionales (remplacement d'un gouverneur sur cinq), le limogeage du maire de Moscou, Iouri Loujkov, critiqué pour sa mauvaise gestion des incendies de Moscou (septembre 2010), la construction de Skolkovo (une Silicon Valley russe) ainsi que la création d'un Fonds d'investissement pour inciter les entreprises étrangères à s'installer dans le pays. Apprécié par l'intelligentsia urbaine et par la jeunesse, le jeune président modernisateur ne dispose toutefois que d'une marge de manœuvres limitée par l'accord informel passé avec son mentor ; ce dernier jouissant auprès de l'opinion publique russe d'un statut de « leader national ».
En politique étrangère, s'il parvient à séduire les diplomates occidentaux, D. Medvedev ne se démarque guère des positions conservatrices de son prédécesseur, que ce soit la guerre en Géorgie en août 2008 (il signe les décrets de reconnaissance par l'État russe de l'indépendance des provinces séparatistes de Géorgie, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie), les relations avec l'Ukraine ou le soutien à la Syrie de Bachar al-Assad, seul appui majeur de la Russie au Moyen-Orient.
Fin septembre 2011, lors du congrès préélectoral du parti Russie unie, le président Medvedev propose que son « camarade de tandem » devienne le candidat à la présidentielle de 2012, cédant ainsi la place à son prédécesseur qui, en échange, l'invite à prendre la tête du gouvernement en cas de victoire. Ce jeu de chaises musicales au sommet de l'État suscite de vives réactions au sein de l'opposition russe. Malgré d’importants mouvements de contestation qui éclatent au lendemain des élections législatives du 4 décembre 2011 marquées par de nombreuses irrégularités, l'ancien lieutenant-colonel du KGB remporte l'élection présidentielle du 4 mars 2012, elle aussi entachée de fraudes.
Redevenu Premier ministre, D. Medvedev est cantonné dans ses fonctions ministérielles tandis que V. Poutine revient sur le devant de la scène. Ternie par le bilan de son passage à la tête de l’État et les espoirs déçus, en dépit de ses positions plutôt conciliantes lors des manifestations de décembre 2011, sa popularité a fortement chuté. De plus, les relations entre les hommes semblent bien s’être détériorées malgré l’entente affichée publiquement. Dans un contexte économique morose susceptible de nécessiter d’impopulaires réformes, il pourrait ainsi servir d’utile paratonnerre ou de bouc émissaire.
Pour en savoir plus, voir l'article Russie : vie politique depuis 1991.