Dilma Rousseff
Femme politique brésilienne (Belo Horizonte 1947).
1. Du militantisme au pouvoir
Fille d'un avocat communiste d'origine bulgare installé au Brésil à la fin des années 1930, elle connaît une enfance bourgeoise avant que le coup d'État militaire de 1964 ne la fasse basculer vers le militantisme radical. Étudiante en sciences économiques (1967), elle rejoint un groupuscule trotskiste, Polop (Politique ouvrière), dont le courant favorable à la lutte armée deviendra le Commando de libération nationale (Colina), avant d'intégrer le VAR-Palmares qui, comme Colina, combat la dictature militaire. Arrêtée en 1970 à São Paulo, elle connaît les interrogatoires et la torture et, une fois libérée (1973), s'installe à Porto Alegre, où elle reprend ses études. À la fin des années 1970, elle participe à la fondation du parti démocrate travailliste (PDT) de l'État du Rio Grande do Sul et y mène pendant une vingtaine d'années une brillante carrière administrative couronnée, en 1993, par le poste de secrétaire d'État à l'Énergie et aux Communications pour le Rio Grande do Sul.
2. L’héritière de Lula
Ayant rejoint le parti des Travailleurs (PT) en 2001, elle est nommée par le président Luiz Inácio Lula da Silva au même poste au niveau fédéral et met en œuvre un vaste programme d'électrification du pays (2003-2005). Lorsqu'éclate en juin 2005 le scandale « du mensalão » (mensualité versée à des députés alliés au PT pour approuver des projets de loi) qui ébranle le gouvernement, elle est désignée pour remplacer le bras droit du président, José Dirceu, accusé de corruption et destitué par la Chambre des députés, et devient chef de cabinet du président Lula. Après la mise à l'écart d'Antonio Palocci, ministre de l'Économie, impliqué dans une affaire de violation de secret bancaire (mars 2006), elle devient l'héritière désignée du président Lula qui ne peut se représenter en 2010.
3. À l’épreuve de la contestation
Elle est élue au second tour de l'élection présidentielle (31 octobre 2010), avec 56 % des voix contre 44 % à son rival social-démocrate José Serra, et devient ainsi la première femme à diriger la huitième économie du monde. Elle entre en fonctions le 1er janvier 2011. En dépit d’une contestation croissante, due en particulier à la persistance de la corruption et aux déficiences des services publics, elle est réélue de justesse pour un second mandat en octobre 2014.
À la suite de nouvelles manifestations et d’une procédure controversée, assimilée par certains à un « coup d’État institutionnel », elle est destituée en août 2016 avant d’être battue aux élections sénatoriales en 2018.
Pour en savoir plus, voir l'article Brésil : vie politique depuis 1889.