Daniel Ortega Saavedra
Homme d'État nicaraguayen (La Libertad 1945).
1. Le révolutionnaire
Il rejoint le Front sandiniste de libération nationale du Nicaragua (FSLN) en 1963 ; arrêté et torturé à plusieurs reprises, il passe dans la guérilla les deux années précédant l'offensive victorieuse de juillet 1979 contre le régime d'Anastasio « Tachito » Somoza. Membre de la junte de reconstruction nationale dont il devient le coordinateur en 1981, puis élu président de la République en 1984, il fait évoluer le régime dans un sens autoritaire et marxiste et doit faire face aux mesures de rétorsion économique (embargo) et militaire (soutien apporté aux contre-révolutionnaires contras engagés dans la guerre civile qui dévaste le pays) prises par les États-Unis, peu enclins à laisser s'installer un nouveau régime d'inspiration socialiste proche de l'URSS dans la région (après Cuba). Candidat à l'élection présidentielle de 1990, 1996 et 2001, il échoue successivement face à Violeta Barrios de Chamorro, Arnoldo Alemán et Enrique Bolaños Geyer.
2. Une utile conversion au social-libéralisme
En tant que leader du FSLN, Daniel Ortega passe des pactes successifs de gouvernabilité avec les libéraux, qui donnent au parti un droit de regard sur les décisions du gouvernement, le recentrent et contribuent à le débarrasser de son passé révolutionnaire marxiste-léniniste.
À l'issue d'un premier tour où il réalise son plus mauvais score mais devance ses concurrents de droite divisés, Ortega est réélu président en novembre 2006. Dès lors, secondé par un vice-président qui est un ancien banquier et aussi un ex-contra, il est amené à composer avec un Parlement resté majoritairement libéral et conservateur. Le grand écart politique vaut également à l'échelle internationale puisque, ami de Fidel Castro et d'Hugo Chávez, qui le soutient pleinement, notamment financièrement, Ortega rejoint, avec la Bolivie d'Evo Morales, le front antiaméricain constitué par Cuba et le Venezuela, mais ne remet pas en cause le traité de libre-échange que le Nicaragua et d'autres pays de la région ont signé avec les États-Unis en 2004, et qui est entré en vigueur en 2006.
Les États-Unis demeurent en effet le premier partenaire commercial du pays devant le Venezuela (qui lui fournit son pétrole à des tarifs préférentiels) tandis que le Fonds monétaire internatinal (FMI), en échange d’une politique de rigueur, apporte son soutien à une économie qui retrouve la croissance en 2010-2011 (4 %). Parallèlement, s’appuyant sur les structures locales d’encadrement du FSLN, le gouvernement adopte une série de programmes sociaux dont les effets sont difficiles à évaluer mais qui lui assurent une popularité certaine tandis que se dissipe la crainte au sein de la classe moyenne et des milieux d’affaires.
3. Une réélection contestée
Alors que la Constitution interdit la réélection du président – par un arrêt controversé et dans des conditions douteuses –, la Cour suprême autorise en 2009 le président sortant à se représenter en novembre 2011. À l’issue d’une campagne mêlant défense du peuple et du socialisme et références aux valeurs chrétiennes, Ortega l’emporte dès le premier tour de l’élection présidentielle avec plus de 62 % des voix face à une opposition libérale divisée entre plusieurs candidats. Son principal rival, Fabio Gadea (31 % des voix), refuse de reconnaître le résultat et des fraudes sont dénoncées, plus particulièrement par certaines ONG non accréditées par un Conseil suprême électoral accusé de partialité.
Pour en savoir plus, voir l'article Nicaragua.