Daniel Mesguich
Metteur en scène de théâtre et d'opéra et acteur français (Alger 1952).
Les classiques à la lumière du structuralisme et de la psychanalyse
Formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Daniel Mesguich réalise ses premiers spectacles à Marseille. La réussite de sa mise en scène du Prince travesti de Marivaux, présentée à Paris en 1973, lui confère une célébrité précoce, grâce à laquelle il peut constituer sa compagnie, le Théâtre du miroir, en 1974, dans la capitale. Il commence alors une carrière brillante, qui le mènera à la direction de grandes structures – le théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis (1986-1988), la Métaphore à Lille (1991-1998) – et à créer des spectacles dans les plus prestigieuses salles de théâtre et d’opéra du secteur subventionné.
D. Mesguich développe un style personnel qui en fait l’une des figures les plus anti-classiques des années 1970 et 1980 : il entend transformer la mise en scène en faisant bénéficier les textes d’une relecture, à la lumière des nouveaux regards apportés par le structuralisme et la psychanalyse. D’où une volonté de mise en lumière du « sous-texte » et de l’inconscient des personnages, un éventuel doublement ou triplement des personnages pour révéler leurs caractères contradictoires (il y a même quatre Hamlet dans la mise en scène de la tragédie de Shakespeare en 1977). D'où, également, la répétition de répliques ou de scènes dans la perspective d’un éclairage différent à chaque reprise du dialogue ou de la séquence.
Une esthétique de la métaphore
Pour Mesguich, qui s’attache plus aux pièces du patrimoine qu’aux pièces modernes, l’œuvre est « ouverte », ne doit pas être figée dans un sens unique mais dans une pluralité de sens. Cette réforme s’accompagne d’un jeu volontiers proche du chant paroxystique et d’une utilisation très « opératique » de l’accompagnement musical. Les termes de « métaphore » et d’« oxymore » sont les mots-clés d’un discours théorique sur la nature contradictoire de la mise en scène, que Mesguich a notamment exprimé dans son livre l’Eternel éphémère.
En 2007, D. Mesguich a pris la direction du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Il y a mis en place un enseignement conçu, d'après ses propres mots, selon « la tension entre convergence et diversité, entre homogénéité et hétérogénéité ». Interprète au jeu fiévreux, il joue parfois dans ses mises en scène et dans les spectacles d’autres metteurs en scène (il a incarné Saint-Just dans la fresque de Robert Hossein sur la Révolution, la Liberté ou la Mort, 1988, ou bien Pascal, en 1985, puis Descartes en 2008, dans l’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune de Jean-Claude Brisville). Au cinéma, il a tourné dans de nombreux films (la Banquière, de Francis Girod, 1980 ; la Vie de Berlioz [pour la télévision], de François Boyer, 1982 ; le Radeau de la Méduse, d'Iradj Azimi, 1994 ; Tiré à part, de Bernard Rapp, 1996).