Christian Gottfried Ehrenberg
Naturaliste allemand (Delitzsch 1795-Berlin 1876).
Il participe dans sa jeunesse à deux grandes expéditions scientifiques, dont la première, en Égypte, tourne à la tragédie, et effectue de nombreux travaux sur les organismes microscopiques.
Le premier ouvrage d'Ehrenberg, paru en 1818, concerne la connaissance des champignons. L'auteur est encore étudiant et termine sa médecine. Sa thèse de doctorat portera également sur les champignons dont il décrit de nombreuses espèces nouvelles et dont, l'un des premiers, il étudie la reproduction. En 1820, il part, en tant que naturaliste, avec une mission archéologique envoyée en Égypte par l'Académie des sciences de Prusse et l'université de Berlin. Son ami Wilhelm Hemprich fait partie de l'expédition. Celle-ci, prévue pour durer deux ans, tourne bientôt au désastre. Ses membres succombent les uns après les autres aux fatigues du voyage et aux épidémies. Quand Ehrenberg revient en Europe, cinq ans après son départ, il est le seul survivant des neuf personnes parties avec lui. Il a parcouru l'Égypte, une partie de la Libye et du littoral de la mer Rouge.
Malgré les circonstances, Ehrenberg et Hemprich (mort en 1825) réussissent à amasser un riche butin scientifique : 34 000 spécimens d'animaux, 46 000 de plantes, de nombreux échantillons de roches, des fossiles… Malheureusement, certaines pièces sont endommagées au cours du transport, et d'autres sont subtilisées après leur arrivée à Berlin. C'est donc sans enthousiasme qu'Ehrenberg s'attaque à la rédaction d'un premier compte rendu de cette expédition, intitulé Voyages par l'Afrique septentrionale et l'Asie occidentale, entrepris dans l'intérêt des sciences naturelles, pendant les années 1820-1825.
Devenu en 1827 professeur à l'université de Berlin, il est invité en 1829 à participer à une autre expédition, financée celle-ci par le tsar Nicolas Ier et dirigée par le naturaliste Alexander von Humboldt. Durant le voyage, qui le conduit avec ses compagnons dans l'Oural, en Sibérie et dans l'Altaï, il collecte de nouveaux spécimens botaniques et zoologiques (notamment de nombreux poissons destinés aux muséums de Saint-Pétersbourg, Berlin et Paris) et se livre à des études sur le plancton de la mer Caspienne. Au bout de huit mois, il est de retour à Berlin, qu'il ne quittera plus que pour de courts voyages, et où il se consacre à ses recherches.
Ses études sur les coraux, publiées entre 1831 et 1834, sont le fruit de ses observations minutieuses lors de son séjour sur les bords de la mer Rouge, et contribuent à améliorer la connaissance que l'on a de ces animaux. En particulier, dans un très important mémoire intitulé les Coraux de la mer Rouge (1834), il donne les premières informations de nature véritablement scientifique sur la forme, la structure, la biologie, l'écologie et l'origine de cette étrange communauté vivante de la mer. Ehrenberg découvre par ailleurs que la phosphorescence de la mer est due aux éléments du plancton. De plus, il met en évidence la présence d'organismes fossiles de petite taille dans certaines roches, ce qui fait de lui le fondateur de la micropaléontologie, cette science qui permet de faire remonter l'arbre généalogique des êtres vivants dans le temps et d'essayer de comprendre leur évolution en comparant leurs formes. Mais les recherches qui lui vaudront le plus de notoriété en son temps sont celles qu'il mène, à partir de 1829, sur les infusoires (parmi lesquels étaient classés les bactéries et certains vers minuscules). Ehrenberg est persuadé que les animaux, du plus petit au plus grand, sont tous bâtis sur le même modèle et comportent tout un ensemble d'organes élaborés. Il croit distinguer chez les infusoires qu'il étudie au microscope un système nerveux et musculaire, des organes digestifs et sexuels, des dents même. Très controversée à l'époque, cette thèse d'Ehrenberg s'est révélée totalement fausse lorsque les microscopes sont devenus plus perfectionnés.