Alexander von Humboldt
Naturaliste et voyageur allemand (Berlin 1769-Potsdam 1859).
Grand voyageur et l'un des derniers savants aux connaissances encyclopédiques, il a laissé une œuvre abondante, touchant aux sciences de la nature, à la physique du globe et à la géographie. Ses talents d'observation, sa capacité de synthèse, sa foi dans le progrès et ses convictions humanistes contribuèrent à sa notoriété.
Ingénieur et naturaliste
Issu d'une famille de l'aristocratie prussienne, Alexander von Humboldt reçoit, comme son frère aîné Wilhelm, une éducation d'avant-garde, dispensée par des précepteurs éminents, au château familial de Tegel. Il complète ensuite ses études à Berlin, puis, entre 1787 et 1792, aux universités de Francfort-sur-l'Oder et de Göttingen, ainsi qu'à l'académie du commerce de Hambourg et à l'école des mines de Freiberg. Après un voyage en Europe occidentale (1790), avec un compagnon de James Cook, l'Allemand Georg Forster (1754-1794), il achève ses études et devient directeur des mines de Franconie en 1792 – il invente une lampe de sûreté et un appareil destiné à sauver les mineurs menacés d'asphyxie –, tout en poursuivant des recherches dans le domaine des sciences naturelles. S'intéressant notamment à la botanique, il publie en 1793 un ouvrage très original sur la flore souterraine de l'Erzgebirge. Il reprend aussi les expériences électriques de Galvani, mais sur son propre corps. Il élabore ensuite de grands projets de voyages et vend plusieurs propriétés pour disposer des fonds nécessaires.
Explorateur de l'Amérique tropicale et de l'Asie
Venu à Paris acheter du matériel scientifique, il fait la connaissance du naturaliste Aimé Bonpland, avec qui il se lie d'amitié et part en Espagne à l'automne 1798. À Madrid, les deux hommes obtiennent un passeport pour les possessions espagnoles d'Amérique. Ils sont au Venezuela en juillet 1799. En 1800, ils traversent la région des llanos, puis étudient la curieuse « transfluence » du río Cassiquiare, qui unit les eaux du bassin de l'Amazone à celles tributaires de l'Orénoque : une liaison continue entre les deux grands fleuves est ainsi découverte. Humboldt et Bonpland visitent ensuite la Colombie (1801), l'Équateur et le Pérou (1802). En juin 1802, ils parviennent à 5 610 m d'altitude sur les pentes du Chimborazo (qui culmine à 6 272 m), réalisant ainsi un grand exploit. Après une incursion dans le bassin amazonien, au Pérou, la fin de leur périple est marquée par des recherches sur le grand courant marin auquel Humboldt a donné son nom. Leur retour vers l'Europe passe par le Mexique (1803) et les États-Unis (1804). De cette expédition, ils rapportent de nombreuses descriptions de minéraux, de végétaux et d'animaux ainsi qu'une moisson de données géographiques et climatiques. Fixé à Paris en 1807, Humboldt se consacre à dépouiller et approfondir toutes ces informations. Il les rassemble dans un ouvrage en trente volumes, Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent, dont il dirige la rédaction et dont la parution s'échelonne sur vingt ans.
De retour à Berlin en 1827, Humboldt est nommé chambellan du roi. Invité par le tsar, il repart bientôt pour un grand voyage en Asie russe : il parcourt en 1829 la Dzoungarie et l'Altaï, en multipliant les observations scientifiques. Par la suite, devenu l'un des principaux conseillers du roi de Prusse, il accomplit de nombreuses missions diplomatiques, en particulier auprès de Louis-Philippe. Il se lance enfin dans la rédaction d'une synthèse de ses travaux et des connaissances scientifiques de son temps, Cosmos, essai d'une description physique du monde. Le premier volume paraît en 1845, mais Humboldt meurt avant d'avoir pu achever le cinquième et ultime volume.
Même s'il n'est pas l'auteur de découvertes ou d'inventions majeures, Humboldt reste une figure importante de l'histoire des sciences. Ses travaux ont contribué notamment au développement de la climatologie (théorie de la répartition des climats, 1840), de l'océanographie, de la biogéographie, de la géologie, de la volcanologie et du géomagnétisme. En outre, animé d'une foi inébranlable dans le progrès humain, il sut stimuler l'intérêt de ses contemporains pour la science et forma une pléiade de jeunes scientifiques qu'il conseilla, encouragea, voire aida financièrement.