Charles Taylor
Homme d'État libérien (Arthingthon, près de Monrovia, 1948).
Fils d'un Libéro-Américain et d'une mère issue de l'ethnie gola, il se rend aux États-Unis pour y suivre des études d'économie. Devenu leader national de l'Union of Liberian Association (ULA) – un mouvement qui s'oppose au président libérien alors en exercice, William Torbert – Charles Taylor soutient le coup d'État mené contre ce dernier en avril 1980 par Samuel Doe, qui le nomme à la tête des services généraux. Mais Charles Taylor est renvoyé en mai 1983 pour avoir détourné environ un million de dollars.
Réfugié aux États-Unis, arrêté et emprisonné, il parvient à s'évader après quinze mois de détention avec la complicité de sa femme. De retour sur le continent africain, il lance depuis la Côte d'Ivoire une insurrection armée contre le gouvernement de Samuel Doe en décembre 1989. Ses troupes – le National Patriotic Front of Liberia (NPFL) – contrôlent rapidement la majorité du pays mais sont devancées par les hommes de Prince Johnson – un de ses ex-lieutenants qui a quitté le NPLF pour fonder l'Independent National Patriotic Front of Liberia (INPLF). Ces derniers s'emparent de la capitale le 9 septembre 1990 et assassinent Samuel Doe. Le Liberia sombre alors dans une violente guerre civile dont le principal enjeu sera, jusqu'en 1996, la maîtrise des ressources du pays (minerai de fer, diamants, caoutchouc).
Élu à la présidence de la République en 1997, C. Taylor demeure un facteur de déstabilisation tant pour son pays que pour les États voisins. En février 2002, il est confronté à une recrudescence des combats avec les Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD), un mouvement rebelle fondé en 1999 et composé des déçus de la « révolution » qu'il a lui-même lancée.
Il est en outre inculpé en juin 2003 par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) pour son implication, entre 1996 et 2002, dans la guerre civile en Sierra Leone : Charles Taylor, cherchant à obtenir le contrôle de ce pays dans le but d’exploiter ses diamants, a aidé et encouragé la campagne de terreur menée par le Front révolutionnaire uni (RUF) de Foday Sankoh.
Contraint de céder le pouvoir sous la pression internationale, C. Taylor trouve refuge au Nigeria (2003) où, après une tentative d'évasion, il est arrêté en mars 2006 et extradé vers la Sierra Leone. Transféré à La Haye pour raisons de sécurité, l'ex-chef d'État libérien, reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en Sierra Leone par le TSSL, est condamné à cinquante années d'emprisonnement en mai 2012.