Charles Nicolas Sigisbert Sonnini de Manoncourt
Naturaliste français (Lunéville 1751-Paris 1812).
« Sonnini, dit l'un de ses biographes au xixe siècle, était né avec les plus heureuses dispositions, mais son inconstance, son âme ardente le poussaient sans cesse hors de la ligne où l'homme peut goûter quelque félicité. » Il eut en effet tendance à s'engager dans des entreprises qui se soldèrent presque toutes par des échecs, et il mourut dans un quasi-dénuement. Pourtant, son père, Romain d'origine, était le receveur particulier des finances du roi de Pologne Stanislas, gendre de Louis XV et qui régnait alors sur la Lorraine.
Au collège, le jeune Sonnini se montre un élève brillant. Il s'intéresse aux sciences et correspond déjà avec Buffon et avec l'abbé Nollet, célèbre physicien. Il entreprend néanmoins des études de droit pour faire plaisir à son père, mais, à peine devenu avocat, il change d'orientation et se lance dans la carrière militaire.
Mais la vie de garnison le lasse vite. Il s'engage alors dans la marine et demande à partir pour la Guyane. Arrivé à Cayenne en 1772, il est saisi par l'ivresse de la découverte dans un pays où abondent animaux et plantes encore pas, ou peu, connus. Chargé par les administrateurs de cette colonie française de diverses missions qui l'amènent à traverser la Guyane de part en part, il observe attentivement la faune et la flore et collectionne les oiseaux rares. Au cours d'un voyage en France, en 1774, il offre sa collection au Cabinet d'histoire naturelle, dirigé par Buffon, qui lui fait attribuer, en remerciement, le titre de « voyageur-naturaliste ». Promu au grade de lieutenant et nommé ingénieur, il visite les territoires correspondant à l'actuel Sénégal, puis retourne à Cayenne en 1775. Mais ses relations avec les autorités de la colonie se sont détériorées, et il invoque des raisons de santé pour rentrer en France l'année suivante.
Sonnini passe quelques mois à Montbard dans la propriété de Buffon, qui lui confie la rédaction de nombreux articles d'ornithologie pour l'Histoire naturelle (il est notamment l'auteur de la plupart des descriptions d'oiseaux exotiques). Repris par le démon des voyages, il part en 1777 pour l'Égypte, qu'il parcourt en tous sens et dont il étudie particulièrement les productions naturelles. Il visite ensuite la Turquie et la Grèce, puis rentre en France en 1780. Pour subsister, il exploite une ferme à Manoncourt et crée des jardins où il acclimate quelques-unes des espèces rencontrées lors de ses voyages. Sous la Révolution, il devient l'un des administrateurs du département de la Meurthe. Accusé, avec ses collègues, d'avoir laissé manquer de vivres les armées du Rhin et de la Moselle, il sera emprisonné sous la Terreur puis lavé de tout soupçon. Il retourne à l'agriculture, mais la Révolution l'a ruiné.
Il s'établit à Paris où il publie, entre 1799 et 1808, la première édition complète de l'Histoire naturelle. Cette entreprise littéraire n'a qu'un succès mitigé. Il ne tire guère plus de profits de la relation de ses voyages en Égypte, en Grèce et en Turquie, et de divers autres ouvrages destinés pour la plupart aux agriculteurs. Le ministre de l'Instruction publique lui confie en 1805 la direction du collège de Vienne, dans l'Isère, mais Sonnini donne sa démission au bout de deux ans car il ne s'entend pas avec ses collègues. En 1810, il part pour les provinces danubiennes à l'invitation d'un « seigneur » moldave qui lui a fait de belles promesses. Arrivé sur place, il s'aperçoit qu'il a été victime d'un escroc. Il vend sa riche bibliothèque pour pouvoir effectuer, à travers la Moldavie et la Valachie, un voyage dont il se propose de faire un livre.
Il contracte une mauvaise fièvre et meurt en mai 1812, quelques mois seulement après son retour à Paris.