Alphonse Juin
Maréchal de France (Bône, aujourd'hui Annaba, 1888-Paris 1967).
1. Aide de camp de Lyautey
Major de la promotion de Fès, dont fait partie Charles de Gaulle, il sort de Saint-Cyr en 1912 et combat au Maroc dans une unité de tirailleurs. Grièvement blessé au bras en 1915, au cours de l'offensive de Champagne, il retourne au Maroc et devient aide de camp de Lyautey. Après un nouveau séjour au front, Juin est détaché à la mission de liaison auprès de l'armée américaine (1918), suit les cours de l'École de guerre (1920-1922), et rejoint encore le Maroc, où il participe aux opérations du Rif. Après avoir passé 18 mois à l'état-major de Lyautey, alors en disgrâce en France, il devient, en 1931, chef du cabinet militaire du résident général à Rabat et inspire le plan des dernières opérations dites « de pacification ».
2. Le vainqueur du Garigliano
Commandant le 3e zouaves en 1935, il est nommé en 1937 à l'état-major du Conseil supérieur de la guerre. Promu général à la veille du conflit, mis à la tête de la 15e division motorisée en 1940, il se bat en Belgique et à Lille, où il est fait prisonnier. Libéré par les Allemands à la demande de Pétain en 1941, il remplace quelques mois plus tard le général Weygand comme commandant en chef des forces d'Afrique du Nord, dont il poursuit la remise en condition de combat.
Rallié à Giraud après le débarquement allié (→ débarquement anglo-américain en Afrique du Nord), il commande les forces françaises engagées en Tunisie en 1942-1943, puis se distingue à la tête du corps expéditionnaire français en Italie en 1944. Après la victoire du Garigliano (mai), il entre à Rome en juin, est rappelé à Alger et nommé chef d'état-major de la Défense nationale.
Pour en savoir plus, voir l'article campagne d'Italie.
3. Vers le maréchalat
Résident général de France au Maroc de 1947 à 1951, il assume en même temps les fonctions de commandant en chef du théâtre d'opérations d'Afrique du Nord à partir de 1949. Maintenu en activité sans limite d'âge (1949), Juin est appelé en 1951, avec des pouvoirs très étendus, au poste d'inspecteur général des forces armées françaises, qu'il conservera jusqu'en 1953. En 1951, il est également désigné, dans le cadre du Shape, comme commandant interallié des forces terrestres atlantiques du secteur Centre-Europe, commandement étendu en 1953 aux forces aériennes et maritimes.
Promu en 1952 à la dignité de maréchal de France, Juin quitte son commandement interallié en 1956. Lié par son passé militaire à l'Afrique du Nord, Juin prend publiquement position en 1961 contre la politique algérienne du général de Gaulle et est mis à la retraite (1962). Il se retire alors de la vie publique. Il est l'auteur du Maghreb en feu (1957), Je suis soldat (1960), Mémoires (1959-60), C'étaient nos frères (1962), la Campagne d'Italie (1962), Trois Siècles d'obéissance militaire (1964). [Acad. fr., 1952.]
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.