Alessandro, comte Volta
Physicien italien (Côme 1745-Côme 1827).
Il est issu d'une famille de l'aristocratie lombarde,qui menace à l'époque de s'éteindre en raison du nombre de ses représentants entrés dans les ordres. Son père, après onze ans chez les Jésuites, est revenu à l'état laïc pour maintenir la lignée ; parmi ses sept enfants (trois filles et quatre garçons), cinq se sont engagés à leur tour dans la vie religieuse. Alessandro, le plus jeune des garçons, échappe de peu au recrutement des Jésuites, ses premiers maîtres.
Une passion pour l'électricité
Malgré le souhait de sa famille de le voir devenir magistrat, Volta choisit de se consacrer à l'étude de l'électricité, à laquelle il a été initié en fréquentant le cabinet de curiosités de son ami Giulio Cesare Gattoni (1741–1809) pendant ses études au séminaire.
À dix-huit ans, il entretient déjà une correspondance avec l'abbé Nollet. L'année suivante, il compose un poème latin sur les questions et les découvertes les plus importantes de la physique. Ses deux premiers mémoires, adressés l'un, en 1769, à Giovanni Battista Beccaria, l'autre, en 1771, à Spallanzani, lui valent d'être nommé en 1774 principal du Collège royal de Côme, où il enseignera la physique expérimentale.
À l'époque, on ne connaît l'électricité que sous sa forme statique. Dans le domaine de l'électrostatique, il met au point l'électrophore (1775), un appareil permettant de produire par influence et d'accumuler des charges électriques, puis l'électroscope condensateur (1782). Par la suite, des recherches sur la nature et la composition du gaz des marais (méthane), qu'il recueille lors d'une promenade en barque le long des rives du lac Majeur, lui suggèrent l'idée de l'eudiomètre.
En 1777, il voyage en Suisse et dans l'est de la France, rencontrant notamment le physiologiste Albrecht von Haller à Berne, le physicien et naturaliste Horace Bénédict de Saussure à Genève et Voltaire à Ferney. De ce voyage, il rapporte la pomme de terre à ses compatriotes.
En 1779, une chaire de physique expérimentale est créée à l'université de Pavie. Volta est appelé à l'occuper, et il la conservera pendant quarante ans. De 1780 à 1782, il visite la France, l'Allemagne, la Hollande et la Grande-Bretagne. Il y rencontre différents savants, notamment Lavoisier et Laplace avec qui il collabore à une étude de l'électricité atmosphérique.
À cette époque aussi, il découvre la relation quantitative qui relie la charge, la capacité et le potentiel dans un conducteur isolé. Simultanément, il s'intéresse à la métrologie électrique et propose la normalisation des électromètres. Il indique que l'on peut mesurer à l'aide de la balance la force d'attraction qui s'exerce entre deux plateaux métalliques électrisés.
L'invention de la pile électrique
Vers 1792, Volta entreprend l'étude de la singulière observation, faite par Luigi Galvani, des mouvements engendrés dans les membres d'une grenouille dépouillée par l'interposition d'un arc métallique entre deux parties différentes du tronc. L'école de Bologne, dirigée par Galvani, soutient que ce phénomène est dû à un fluide d'origine animale. L'école de Pavie, dirigée par Volta, ne lui voit pas d'autre cause que l'électricité statique, dont relèvent tous les autres phénomènes électriques connus. Entre les deux écoles italiennes s'engage une longue controverse, à laquelle s'intéressent aussi les savants étrangers.
Volta remarque que les mouvements convulsifs de la grenouille ne s'obtiennent qu'en utilisant un arc composé de deux métaux distincts, et il établit en 1793 sa « série des tensions » pour les différents métaux. Il empile des disques de cuivre et de zinc alternés, dont les paires sont séparées par des rondelles de drap imbibées d'eau salée. L'appareil ainsi constitué, semblable à un condensateur qui se rechargerait perpétuellement de lui-même, lui permet d'obtenir, pour la première fois, un courant électrique continu. C'est ainsi qu'au début de 1800 Volta invente la « pile » électrique, ouvrant à la science et à l'industrie le vaste domaine de l'électrocinétique.
Devenu célèbre, Volta vient à Paris en 1801, sur l'invitation du Premier consul, pour répéter ses expériences sur la pile et le courant électrique, devant une commission de l'Institut. Bonaparte lui accorde une pension et le comble de faveurs. En 1802, il devient l'un des huit associés étrangers de l'Académie des sciences. En 1810, Napoléon l'élève à la dignité de sénateur du royaume de Lombardie et lui octroie le titre de comte.
En 1819, Volta, fatigué, quitte Pavie pouer se retirer dans sa ville natale et vivre à l'écart du monde savant. Il s'y éteint en 1827, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.