Étienne Geoffroy Saint-Hilaire
Naturaliste français (Étampes 1772-Paris 1844).
Fils d'un magistrat d'Étampes, il est destiné par sa famille à la prêtrise et, à douze ans, il reçoit la tonsure. En 1788, il vient à Paris, ayant obtenu une bourse pour le collège de Navarre. Reçu bachelier en droit en 1790, il renonce à entrer dans l'Église. Il commence sa médecine, mais se sent attiré par les sciences naturelles depuis qu'il a suivi les cours du botaniste Antoine Laurent de Jussieu. Il s'intéresse aussi beaucoup à la cristallographie et s'est lié d'amitié avec l'abbé René Haüy, considéré comme le fondateur de cette science. Lorsque Haüy est arrêté, en août 1792, comme prêtre réfractaire, Geoffroy Saint-Hilaire l'aide à s'évader. Reconnaissant, l'abbé le recommande chaudement à Daubenton, qui le fait entrer, en mars 1793, comme démonstrateur au Jardin des Plantes – ancien Jardin du roi. Trois mois plus tard, par suite de l'absence de Lacépède, qui a préféré se démettre de ses fonctions durant la tourmente révolutionnaire, Geoffroy Saint-Hilaire se retrouve professeur de zoologie au Muséum national d'histoire naturelle (que vient de créer la Convention). Il a tout à apprendre, mais il s'efforce de se montrer à la hauteur de sa tâche, et sa réputation de zoologiste grandit rapidement.
Le 6 mai 1794, il fait son premier cours sur les mammifères. La même année, il organise la ménagerie du Muséum. En 1795, moins de deux ans après sa nomination, il présente un mémoire sur un quadrupède nouvellement découvert, l'aye-aye, lémurien de Madagascar. Ce mémoire constitue le début d'une longue suite d'études morphologiques sur différents groupes d'animaux, qu'il poursuivra jusqu'en 1838. Pendant deux ans, de 1795 à 1797, il publie en collaboration avec le jeune Georges Cuvier, qu'il a fait venir à Paris et qu'il loge généreusement chez lui, se préparant ainsi un rival redoutable.
En 1798, il est désigné par Bonaparte pour faire partie de l'expédition d'Égypte, qui va profondément marquer sa vie et son œuvre. Comme les autres savants de l'expédition, il partage les fatigues et les dangers des soldats. Il se passionne pour l'archéologie autant que pour la zoologie, car il trouve dans certaines tombes des animaux momifiés. Il étudie avec ardeur les oiseaux, les singes, les crocodiles et les serpents d'Égypte, recueille de nombreux spécimens et fait de multiples communications sur divers sujets. Après la capitulation des troupes françaises (août 1801), il dispute âprement aux Anglais les collections qu'il a eu tant de peine à constituer, et réussit à les rapporter intactes en France ; elles sont si riches que leur inventaire lui prend plusieurs années.
En 1807, il entre à l'Académie des sciences. L'année suivante, Napoléon l'envoie au Portugal pour y chercher des animaux rares destinés au Muséum. Geoffroy Saint-Hilaire s'acquitte de sa mission avec une modération exemplaire et se garde de dépouiller le musée de Lisbonne, ce qui lui vaut la gratitude de ses collègues portugais. En 1810, il est nommé à la chaire de zoologie de la faculté des sciences de Paris. Durant les Cent-Jours, en 1815, il représente les électeurs d'Étampes à la Chambre, mais, après la chute de Napoléon, il abandonne définitivement la politique, revient à ses travaux scientifiques et à l'enseignement. En 1838, il devient aveugle ; ses facultés mentales se détériorent à partir de 1842. Son fils Isidore (1805-1861), fondateur de la Société d'acclimatation de France, lui succède en 1841 à la chaire de zoologie du Muséum.
Auteur de très importants travaux d’anatomie comparée des vertébrés (Principes de philosophie zoologique, 1830), il fut un défenseur du transformisme (mais sans adhérer totalement à la théorie de Lamarck) et de la théorie de l’épigenèse; son œuvre est dominée par l’idée qu’il existe un plan unique d’organisation chez tous les êtres vivants (ce qui lui valut de s’opposer à Cuvier, son élève).