sfumato
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Ce terme, emprunté à l'italien depuis le xviie s., désigne un modelé vaporeux, un contour atténué : " Manière de noyer les contours dans une vapeur légère " (Diderot).
Le terme fut utilisé surtout à la fin du xve s. et au xvie par les Italiens, notamment Léonard de Vinci, Corrège, Andrea del Sarto, et au xixe s. par des peintres comme Prud'hon. (Vénus et Adonis, 1812, Londres, Wallace Coll.).
Le sfumato est souvent confondu, à tort, avec le clair-obscur ; c'est avant tout une conception de la lumière considérée comme un phénomène optique qui modifie la couleur, le contour des objets et l'espace qui les environne, selon la distance qui sépare le spectateur de ce qui est représenté. C'est une façon de suggérer le relief et les différentes profondeurs des plans successifs de la composition dans l'atmosphère en tenant compte des principes de la perspective aérienne.
Pour Léonard de Vinci (l'Adoration des mages, 1481-1482, Florence, Offices), il s'agit de rendre la réalité d'une manière illusionniste : plus un objet est éloigné, plus il paraît petit ; il sera donc représenté dans des dimensions réduites. De même, la masse d'air qui le sépare du point d'observation est plus épaisse, de telle sorte que sa couleur se teinte d'azur ; son contour également se trouve modifié, puisque l'œil ne peut discerner avec précision tous les détails de la forme réduite. Enfin, le relief lui-même de l'objet est atténué, car les ombres sont moins nettes. D'une manière générale, les contrastes de clarté sont plus ou moins intenses selon le rapport de clarté de l'objet et de l'air.
La fluidité recherchée de l'atmosphère est techniquement rendue par des passages subtils obtenus grâce à des lavis et des glacis successifs, en partant d'une tonalité de valeur moyenne ni trop claire ni trop sombre et que l'on pousse soit vers des teintes plus claires, soit vers des teintes plus sombres.