Antoine de Lonhy ou Antoine de Loigney
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre et enlumineur français (actif au 3e quart du xve s.).
Sous le nom d'Antoine de Lonhy ou de Loigney, on a pu récemment regrouper les œuvres de l'enlumineur nommé Maître des Heures de Saluces et du peintre nommé Maître de la Trinité de Turin. C'est un artiste français dont la curieuse carrière itinérante est jalonnée d'ouvrages ; il semble avoir eu également une importante activité de peintre-verrier. Il apparaît en Bourgogne méridionale comme auteur de vitraux (perdus) pour le chancelier Rolin en 1446, et de plusieurs manuscrits pour des destinataires bourguignons. On le rencontre ensuite à Toulouse en 1460, où il enlumine un luxueux missel, dont subsistent les deux pages du canon (Prague, G. N., et San Francisco, coll. part.), et qui a influencé l'enluminure toulousaine. Passé à Barcelone, il peint le Retable des Augustins de Miralles (Barcelone, musée) et exécute en 1461-1462 la magnifique rosace de Santa Maria del Mar. De son activité en Savoie et en Piémont datent, vers 1470-1480, ses principaux ouvrages conservés : plusieurs manuscrits, dont les Heures de Saluces (Londres, British Library) et un graduel pour les Dominicains de Turin (Detroit, Institute of Arts), et tout un ensemble de peintures, d'origine indéterminée, comme le panneau de la Trinité (Turin, Museo civico) et deux volets de Saint Jean-Baptiste et de Saint Antoine avec des donatrices, ou précisément localisées, comme les fragments du Retable de saint Pierre (Aoste, Saint-Ours) ou de celui de Saint François de Battagliotti di Avigliana (Turin, Gal. Sabauda). D'un tempérament à la fois puissant et doux, il interprète la leçon des peintres flamands avec une monumentalité qui reflète sans doute son expérience de peintre-verrier, et frappe par l'ampleur de ses drapés et par la profondeur de l'expression de ses visages. Il est le représentant le plus éminent de la culture française en Savoie-Piémont au 3e quart du xve siècle.