Jean-François Raffaelli
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre français (Paris 1850 – id. 1924).
Élève de Gérôme, il exposa pour la première fois au Salon de 1870. Après quelques recherches d'un statisme dépouillé, peut-être marqué par Legros (la Famille de Jean-le-Boiteux, paysans de Plougasnou, 1876, Le Quesnoy, hôtel de ville), Raffaelli peint des ouvriers ou des pauvres de la banlieue parisienne (le Chiffonnier, 1879, Reims, musée Saint-Denis) dans des œuvres naturalistes qu'il définit lui-même comme " portraits types de gens du peuple ". Il ne généralise jamais mais caractérise volontairement l'être humain (les Déclassés ou les Buveurs d'absinthe, 1881). Son regard se nuance de tendresse lorsqu'il observe les trottins et les petites ouvrières, les rémouleurs et les maraîchers. Sa facture, souple, fut très influencée par la technique des impressionnistes : il rencontrait ces derniers au café Guerbois et, poussé par Degas, participa très largement à leurs expositions en 1880 (40 œuvres) et 1881 (33 œuvres), ce qui accentua les dissensions au sein du groupe. Il exposa aussi à Bruxelles, aux manifestations des Vingt (les Forgerons buvant, 1884, Douai, musée de la Chartreuse). Certaines de ses toiles atteignent, par leur jeu de blanc et de gris, à des effets vigoureux d'un misérabilisme émouvant (les Vieux Convalescents, 1892, Paris, musée d'Orsay), d'autres trahissent une verve presque satirique (les Invités attendant la noce, av. 1888, id.). Il fut aussi le paysagiste des faubourgs, évoquant avec simplicité une rue enneigée, un jardinet ou un mur d'usine, un réverbère sous la pluie. Dans ses portraits (Portrait de Clemenceau ou le Meeting public, 1885, Versailles, musée du Château) comme dans ses intérieurs de café (les Bohèmes au café, 1885, Bordeaux, musée des Beaux-Arts), il emprunte souvent à Degas ses recherches de mise en page et sa technique du pastel ; cependant, sans doute influencé par les toiles claires et légères de Berthe Morisot, Raffaelli sut aussi délaisser les sujets populaires au profit de portraits familiers un peu conventionnels, à la touche aérienne et au charme heureux (les Deux Sœurs, 1889, musée de Lyon ; le Réveil, Birmingham, City Museum). Caricaturiste âpre et illustrateur de talent (Types de Paris, 1889) il exécuta des eaux-fortes raffinées (les Croquis parisiens de Huysmans, Germinie Lacerteux des Goncourt).