Émirats arabes unis
en arabe al-Imārāt al-‘Arabīyya al-Muttaḥida
État d'Asie occidentale, les Émirats arabes unis sont situés dans la péninsule d'Arabie, bordant au nord le golfe Persique ; ils sont limités à l'est par Oman et la mer d'Oman, au sud et à l'ouest, par l'Arabie saoudite.
Les Émirats arabes unis sont membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
C'est un État fédéral qui regroupe 7 Émirats : Abu Dhabi, Adjman, Chardja, Dubai, Fudjayra, Ras al-Khayma, Umm al-Qaywayn.
- Superficie : 80 000 km2
- Nombre d'habitants : 9 441 129 (2022)
- Nom des habitants : Émiriens
- Capitale : Abu Dhabi
- Langue : arabe
- Monnaie : dirham des Émirats arabes unis
- Chef de l'État : Muhammad ibn Zayid al-Nahyan
- Chef du gouvernement : Muhammad ibn Rachid al-Maktum
- Nature de l'État : monarchie
- Constitution :
- Adoption : décembre 1971
- Révisions : 1976, 1981, 1986, 1991, juin 1996
STATISTIQUES : DÉMOGRAPHIE
- Population : 9 441 129 hab. (2022)
- Densité : 111 hab./km2
- Part de la population urbaine (2023) : 88 %
- Structure de la population par âge (2023) :
● moins de 15 ans : 15 %
● 15-65 ans : 83 %
● plus de 65 ans : 2 % - Taux de natalité (2023) : 10 ‰
- Taux de mortalité (2023) : 2 ‰
- Taux de mortalité infantile (2023) : 5 ‰
- Espérance de vie (2023) :
● hommes : 78 ans
● femmes : 81 ans
La population, principalement citadine, se concentre sur le littoral, et notamment dans les villes de Dubai et d'Abu Dhabi. Les immigrés, notamment Indiens, Égyptiens, Bengalais et Pakistanais, représentent la majorité de la population (88 %) , en augmentation rapide.
STATISTIQUES : ÉCONOMIE
- GÉNÉRALITÉS
- PNB (2022) : 504 milliards de dollars
- PNB/hab. (2022) : 49 160 dollars
- PNB/hab. PPA (2022) : 88 050 dollars internationaux
- IDH (2021) : 0,911
- Taux de croissance annuelle du PIB (2022) : 7,9 %
- Taux annuel d'inflation (2022) : 4,8 %
- Structure de la population active (2021) :
● agriculture : 1,7 %
● mines et industries : 27,2 %
● services : 71,1 % - Structure du PIB (2022) :
● agriculture : 0,8 %
● mines et industries : 51,5 %
● services : 47,7 % - Taux de chômage (2022) : 2,8 %
- Tourisme
- Recettes touristiques (2020) : 24 615 millions de dollars
- Commerce extérieur
- Exportations de biens (2009) : 174 725 millions de dollars
- Importations de biens (2011) : 251 961 millions de dollars
- Défense
- Forces armées (2020) : 63 000 individus
- Dépenses militaires (2014) : 5,7 % du PIB
- Niveau de vie
- Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2022) : 1
- Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 57,6 %
- Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 4,0 %
- Dépenses publiques d'éducation (2021) : 3,9 % du PIB
Grâce à la diversification de leur économie (pétrochimie, aluminium, énergies nucléaire et solaire, finance, construction, tourisme), les EAU ont pu compenser la baisse du prix des hydrocarbures (25 % des exportations et 29 % du PIB en 2019). Après la récession due à la pandémie de Covid–19 ( – 5 % en 2020) et la forte reprise, la croissance est estimée à 3,4 % en 2023.
GÉOGRAPHIE
L'économie des Émirats, fondée au début du xxe siècle sur la pêche perlière et le commerce maritime traditionnel (notamment à Dubai sous la forme de la contrebande de l'or et des montres vers l'Inde), a été transformée par l'exploitation pétrolière qui a commencé en 1962 à Abu Dhabi, en 1969 à Dubai, plus récemment à Chardja. Cette région désertique, peuplée d'une majorité d'immigrés, développe aussi ses activités tertiaires (surtout services financiers et tourisme).
La Fédération est très riche en pétrole (environ 10 % des réserves mondiales) et en gaz naturel (4 % des réserves mondiales). Abu Dhabi en est l'émirat le mieux doté, suivi par Dubai, Chardja, et, de très loin, par Ras al-Khayma, où l'on a découvert des gisements offshore dans les années 1980. La Fédération a pratiqué très tôt une politique de diversification économique et d'industrialisation (extension de la capacité de raffinage, pétrochimie, liquéfaction du gaz naturel, aluminium, sidérurgie, engrais, ciment, usines de dessalement de l'eau de mer), concentrée sur les territoires de Dubai et d'Abu Dhabi. Le budget de ce dernier est trois fois supérieur à celui de la Fédération, auquel il contribue à hauteur de 80 %. Moins riche et moins peuplé, Dubai est une plate-forme industrielle et commerciale dynamique, grâce à la zone franche de Djabal al-Ali. Modeste, l'agriculture (dattes, légumes, aviculture, produits laitiers) ne suffit pas à satisfaire les besoins nationaux, et les importations alimentaires restent considérables. Chaque émirat reste autonome pour ses affaires intérieures, ce qui entraîne parfois un problème de suréquipement (six aéroports parfois distants de moins de 20 km).
En 1990, la guerre du Golfe a provoqué une fuite temporaire des capitaux étrangers, mais la reprise n'a pas tardé, et la Fédération a renoué avec la croissance. Elle compte en 2009 près de 4,6 millions d'habitants, dont plus de 80 % d'immigrés, venus des pays du Golfe, d'Iran, d'Inde et du Pakistan. De plus en plus nombreux, les Asiatiques connaissent des conditions de vie particulièrement difficiles. L'islam sunnite domine, mais 16 % des musulmans sont chiites. Concentrée à Dubai et à Abu Dhabi, la population, citadine à 74 %, se concentre sur le littoral. La Fédération a connu une véritable explosion démographique après 1971, due en grande partie à l'immigration, qui se poursuit. Le taux de fécondité est en diminution, à 1,9 enfants par femme, en moyenne, et les moins de 15 ans constituant 19 % de la population.
HISTOIRE
Le nom collectif d'« États de la Trêve » (Trucial States) remonte au traité de paix perpétuelle signé en 1853 avec la Grande-Bretagne. Celle-ci veut éliminer du golfe Persique la piraterie et le commerce des esclaves, de plus en plus actifs au début du xixe siècle, et mène des expéditions militaires contre Ras al-Khayma en 1809 et en 1819. En 1892, le protectorat britannique est étendu aux affaires étrangères de l'ensemble des émirats.
En décembre 1971, six émirats s'unissent en une Fédération indépendante, rejoints en 1972 par Ras al-Khayma. La Fédération est gouvernée par un Conseil suprême, composé des souverains de chaque émirat, et un gouvernement fédéral, présidé par Zayid ibn Sultan al-Nahyan, réélu en 1976, 1981 et 1986, lors des reconductions, pour cinq ans, de la Constitution transitoire de 1971.
Deux jours avant l'indépendance de la Fédération, l'Iran s'est emparé (novembre 1971) de trois de ses îles (Abu Musa et les deux Tumb) situées dans le détroit d'Ormuz.
L'Arabie saoudite reconnaît la Fédération après avoir obtenu (août 1974), une modification à son avantage du tracé des frontières (dans l'oasis de Buraymi).
Zayid est partisan d'un renforcement des liens fédéraux, point de vue que partagent les dirigeants de Chardja, de Fudjayra, de Adjman et d'Umm al-Qaywayn. Cependant, cette tendance « centralisatrice » se heurte à la résistance des émirs de Dubai et de Ras al-Khayma. Après la nomination, à la tête de l'armée fédérale, d'un des fils de Zayid, Cheikh Sultan, et la publication, par l'émirat d'Abu Dhabi, d'un projet constitutionnel prévoyant notamment la suppression des frontières intérieures, l'unification des forces armées et une planification de l'économie, une crise éclate au sein de la Fédération (mars 1979). Le projet est bloqué par l'émir Rachid al-Maktum, souverain de Dubai et Premier ministre des Émirats arabes unis depuis avril 1979.
La multiplication des menaces extérieures et les risques de déstabilisation intérieure incitent la Fédération, qui soutient l'Iraq dans sa guerre contre l'Iran (→ guerre Iran-Iraq), à participer à la création du Conseil de coopération des États du Golfe en 1981.
Les émirs craignent en effet que l'Iran ne parvienne à bloquer la route du pétrole en verrouillant le détroit d'Ormuz. En 1982, ils signent un accord de défense avec l'Arabie saoudite, et, durant la guerre Iran-Iraq, ils consacrent 60 % du budget fédéral à la défense. Ils s'efforcent en même temps de conserver une certaine neutralité et maintiennent leurs échanges pétroliers et commerciaux avec l'Iran à partir de Dubai. En 1985, ils établissent des relations diplomatiques avec l'Union soviétique, et renouent, en novembre 1987, avec l'Égypte, mise au ban des États arabes depuis sa réconciliation avec Israël en 1978.
Lorsque l'Iraq envahit le Koweït, en août 1990 (→ guerre du Golfe), les Émirats accueillent sur leur sol des réfugiés koweïtiens, abritent les troupes françaises et britanniques, et participent financièrement et militairement au conflit. L'affaiblissement économique qui en résulte est de courte durée. En 1992, un contentieux oppose de nouveau la Fédération à l'Iran à propos de l'île d'Abu Musa, lequel ne sera pas résolu. En janvier 1995, la Fédération signe un accord de défense avec la France, suivi d'un autre avec le Royaume-Uni en 1996.
À l'intérieur du pays, la vie politique évolue peu, à peine troublée par quelques crises au sein des familles régnantes. En juin 1987, le frère de Cheikh Sultan, émir de Chardja, tente de renverser celui-ci. Il est finalement nommé vice-gouverneur et successeur de Cheikh Sultan, grâce à la médiation des autres émirs. En octobre 1990, à la mort de son père, Maktum ibn Rachid al-Maktum devient le nouvel émir de Dubai et le Premier ministre de la Fédération. En 1995, la condamnation à mort d'une jeune Philippine ayant assassiné son employeur parce qu'il la violait, attire l'attention du reste du monde sur les Émirats arabes unis, et met en lumière, sans réelles conséquences pour la Fédération, le statut désastreux des travailleurs immigrés.
Malade depuis de longues années, Zayid avait délégué la gestion des affaires courantes d'Abu Dhabi à son fils aîné, Cheikh Khalifa, désigné prince héritier depuis 1969. Aussi, lorsqu'il décède en 2004, ce dernier lui succède à la tête de l'émirat d'Abu Dhabi et à celle de la Fédération.
Première étape d'une prudente « démocratisation », pour la première fois en décembre 2006, le Conseil national fédéral est élu au suffrage indirect pour le renouvellement de la moitié de ses 40 membres, les 20 autres restant nommés par les États fédérés. Le collège électoral, pondéré par émirat, reste toutefois très étroit : 6 689 électeurs (dont 1 189 femmes) sur environ 825 000 Émiriens ont été ainsi sélectionnés par les autorités du pays pour choisir leurs représentants parmi 450 candidats indépendants (les partis étant interdits), dont 60 femmes (seule la candidate d'Abu Dhabi est élue ; 8 autres candidates étant par ailleurs nommées).
Traditionnellement étroitement liés aux États-Unis et au Royaume-Uni, les Émirats resserrent leurs relations avec la France à partir de 2006-2007. En mai 2009, Nicolas Sarkozy inaugure ainsi la première base militaire française permanente à Abu Dhabi qui doit servir de soutien aux forces déployées dans l'océan Indien et à la coopération militaire bilatérale, l'armée émiratie étant par ailleurs une importante cliente de l’industrie française de l’armement. Dans le domaine scientifique, technique et culturel, l’implantation de l’Université Paris IV Sorbonne et le projet de musée universel en collaboration avec le Louvre à Abu Dhabi, sont les deux grandes vitrines de cette coopération renforcée, qui s’inscrit aussi dans le cadre d’une diversification de l’économie de la région dans laquelle la part des services devient de plus en plus importante, tandis que décroît celle des hydrocarbures. Une stratégie qui comporte ses risques financiers comme le révèle le secours apporté en 2009-2010 par l’émirat d’Abu Dhabi à celui de Dubai, engagé dans des projets beaucoup plus ambitieux encore (le Dubai Water Front notamment) et lourdement endetté par l’intermédiaire de son complexe immobilier semi-public, Dubai World.
Dans le contexte des « printemps arabes », les autorités émiraties ont fait de la lutte contre les Frères musulmans et leurs valeurs l’axe stratégique principal de leur politique intérieure et étrangère. Ainsi, raflés par dizaines depuis mars 2011, des cadres d'Al-Islah (branche locale des Frères musulmans) et des militants de la société civile, accusés d'avoir mis sur pied une « organisation secrète » vouée à renverser l'actuel régime émirati, ont été jugés lors d'un procès qui s'est achevé en mai 2013 devant la Cour suprême fédérale, à Abu Dhabi.
À partir de 2015, sous l’impulsion de Mohammed ibn Zayid al-Nahyan, prince héritier d’Abu Dhabi, les Émirats s’engagent dans deux conflits régionaux. Redoutant l’influence exercée par l’Iran, les ÉAU sont le principal allié de l’Arabie saoudite dans la coalition forgée contre la rébellion houthiste au Yémen. Ils entraînent, arment et encadrent environ 90 000 Yéménites ; ils apportent surtout leur soutien aux factions sudistes regroupées notamment dans une force dite de la « ceinture de sécurité », avant d’annoncer un redéploiement et un début de retrait de leurs troupes en 2019. Étroitement liée à cette intervention, leur influence s’étend à la Corne d’Afrique (Érythrée, Somalie, Djibouti) où ils sont cependant concurrencés par la Chine.
En Libye, tout en affichant leur soutien à la tentative de règlement politique du conflit sous l’égide des Nations unies, ils apportent un appui logistique et matériel au maréchal Khalifa Haftar qui, à la tête de son « armée nationale libyenne », a lancé depuis 2019 une offensive contre le gouvernement « d’accord national » de Tripoli, reconnu par l’ONU et soutenu notamment par la Turquie, autre adversaire des Émirats.