les Contemplations
Recueil de poésies (1856) et monument central de l'œuvre de Victor Hugo et de son lyrisme, qui continue, recoupe et sublime les recueils de 1830-1840.
Autobiographie, confession, examen de conscience, profession de foi délibérément discontinue révèlent les tourments de l'auteur torturé par la mort de sa fille et par l'exil — d'où la division du recueil en deux parties : Autrefois et Aujourd'hui.
Morceaux choisis
Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère
(Aujourd'hui, livre IV, Pauca meæ, poème V, daté de « Novembre 1846, jour des morts »).
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
(Aujourd'hui, livre IV, Pauca meæ, poème XIV, daté du 3 septembre 1847).