la Bohémienne endormie
Peinture du Douanier Rousseau (1897).
Dominée par une composition horizontale, cette œuvre du Douanier Rousseau représente, veillée par la lune – en plein jour –, une bohémienne qui sommeille, les yeux à peine fermés. Elle occupe le premier plan du tableau ; son vêtement rayé, sa chevelure, dessinée en longues stries roses et encadrant le sombre visage, atténuent à peine la densité de sa silhouette monumentale. Au-dessus d'elle, un lion pacifique au regard halluciné – échappé de quelle jungle imaginaire ? – occupe le centre même du tableau. Un fleuve sépare la scène des montagnes lunaires qui barrent l'arrière-plan d'un trait horizontal. La nature est ici celle d'un ailleurs désertique, l'image du rêve, qui, relayée par l'emploi de couleurs douces, suggère l'idée d'un monde visionnaire et magique. Mais des symboles sont là pour rappeler à la réalité : la cruche et la mandoline ne hanteront-elles pas désormais les œuvres des cubistes ?