Symphonie n° 9 ou Neuvième Symphonie
En ré mineur (op. 125), avec chœur, la Neuvième Symphonie de Ludwig van Beethoven, est aussi la dernière du compositeur (1824, théâtre Kärtnertor, Vienne) .
La dernière symphonie de Beethoven
La titanesque Neuvième Symphonie constitue un tournant capital : elle dépasse radicalement le cadre de la symphonie classique, tant par son caractère dramatique que par ses proportions (plus d'une heure au total) et par l'importance des moyens mis en jeu. Outre un orchestre imposant (avec une section de percussions et de nombreux instruments à vent, dont certains n'apparaissent ni chez Haydn ni chez Mozart, tels la flûte piccolo, le contrebasson ou le trombone), l'œuvre associe dans le dernier mouvement un chœur et un quatuor de voix solistes (sur l'Hymne à la joie, poème de Schiller)
Chant devenu symbole de liberté et de fraternité entre les peuples, l'œuvre est un immense monolithe érigé à la gloire de l'humanité par le plus humaniste des compositeurs. Depuis sa création en 1824, elle se présente aux héritiers du compositeur telle la statue du Commandeur. Nombre de successeurs de Beethoven n'ont pas même osé s'y confronter, d'autres, comme Brahms, auront longtemps hésité.
Une gestation de trente ans
L'histoire de cette symphonie est celle d'une longue quête d'une trentaine d'années, temps qu'il aura fallu pour réunir deux œuvres prédestinées, le poème de Schiller et la symphonie avec chœurs de Beethoven. Les premières ébauches de la symphonie remontent aux années 1817-1818. Entreprise vers l'été 1822, la partition n'allait être achevée qu'en février 1824. Son succès, lors d'un concert resté fameux, le 7 mai 1824, au théâtre Kärtnertor, à Vienne, fut considérable. Mais il fallut que quelqu'un monte sur l'estrade tourner le compositeur, qui venait de diriger dos au public, pour lui montrer les applaudissements qu'il n'entendait pas.
Une œuvre simple aux structures complexes
La Neuvième Symphonie s'appuie sur une forme fort simple, alors même que ses structures sont d'une complexité extrême. Le grandiose allegro ma non troppo, un poco maestoso s'ouvre pour douze mesures sur la quinte à vide la-mi, deux notes exposées par seconds violons et violoncelles en trémolo qui instaurent un sentiment d'indécision, d'attente mystérieuse, hésitant entre les tonalités majeure et mineure. Enfin, à la seizième mesure, s'affirme au tutti, fortissimo, la tonalité principale de ré mineur, lors d'une exposition thématique énergiquement scandée et répétée, puis en si bémol majeur, avant que ne se présentent plusieurs motifs secondaires. Une formule rythmique impérieuse s'impose dont les valeurs sont soumises à une compression qui confère au thème principal sa force et sa prégnance.
Le scherzo, molto vivace, est exceptionnellement développé (mille quatre cents mesures avec les reprises). Sa rythmique initiale s'apparente à celle de l'exposition de l'allegro introductif. Spectaculaire est le coup de timbale à découvert qui marque son début pour se graver dans l'ensemble du morceau. Dans la tonalité de ré majeur, le développement propose une anticipation de l'Ode à la joie.
L'adagio molto e cantabile en si bémol majeur se présente sous forme de lied à deux thèmes alternés. L'un procède par variations ornementales, l'autre, plus contemplatif, joue sur la mémoire par son obsédante et douloureuse beauté.
L'apothéose du finale
Nécessaire et sublime apogée de la symphonie, le finale : le presto en ré mineur se déroule par sections nettement marquées et contrastées et se conclut sur une coda ; enchaînant fortissimo presque sans interruption avec l'adagio, une ritournelle de huit mesures martelées en notes piquées de caractère dramatique prélude au motif récitatif qu'entonnera plus loin la basse solo.
Puis l'orchestre présente diverses réminiscences des mouvements antérieurs entrecoupées de ruptures, jusqu'à ce qu'enfin s'esquisse un nouveau thème, très nettement diatonique, celui de l'Ode à la joie conclusif. Ce chant à l'humanité entière procède non par développements symphoniques, mais par variations amplifiées de plus en plus imposantes, qu'interrompt le passage introduisant la « musique turque », variation instrumentale avec cymbales, triangle et grosse caisse qui s'inscrit dans la progression générale et conduit à l'apothéose finale.
Ballet
Sur cette partition de Beethoven, Maurice Béjart a composé et mis en scène un ballet sur le thème de la fraternité humaine (1964).