Némésis

Némésis.
Némésis.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Divinité de la juste colère, fille de la Nuit, ou d'Océan, ou de Zeus et de la Nécessité (alors nommée Adrastée).

Comment sans la mort t'échapperait-on, ô vie ? Infinies sont, en effet tes peines, et il est aussi difficile s'y soustraire que de les supporter. Sans doute il y a des beautés et des charmes dans les biens de la nature, dans la terre, dans la mer, les astres, la lune et le soleil ; mais tout le reste n'est qu'épouvante et douleur ; et si, par aventure, il nous arrive quelque bonheur, Némésis est là qui épie sa revanche.

Némésis est la juste colère des dieux jaloux des biens qu'un mortel peut posséder, et dont n'imagine pas pouvoir être privé un jour. Divinité redoutable, et parfois ailée pour se déplacer plus rapidement, il faut éviter de l'offenser. Elle a sous ses ordres trois exécutrices : Poéné, Diké et Érinye.

En frappant le mortel d'un malheur, Némésis lui rappelle combien il est présomptueux de se réjouir ainsi de son bonheur. Il y a donc un juste équilibre, très moral, à conserver, dont Némésis se fait le garant. Ainsi cette divinité abstraite peut-elle être assimilée aux Érinyes. On est tenté ici de citer Eschyle : « Ô Justice, ô trônes des Érinyes ! » Eschyle croit en la justice divine, même si pour lui les dieux ne sont pas jaloux, mais simplement justes.

En l'homme, c'est derrière l'oreille droite qu'est localisée Némésis ; on y porte l'annulaire après l'avoir touché des lèvres : ainsi dissimule-t-on les paroles dont on demande pardon aux dieux.

Le centre principal de son culte se trouve en Attique, à Rhamnonte, près de Marathon. Adraste porte son culte en Béotie.

Longtemps Zeus poursuit Némésis de ses assiduités amoureuses, et finalement ils s'unissent, elle sous l'aspect d'une oie et lui sous celui d'un jars. De l'œuf pondu naissent, selon certaines versions, Hélène et les Dioscures.

Voir aussi : Léda

Némésis ou Adrastée

La déesse Adrastée, fille de Zeus et de la Nécessité, avait dans l'autre monde la plénitude de la puissance pour châtier toute espèce de crimes, et jamais il n'y eut un seul méchant, grand ou petit, qui, par force ou par adresse, eût pu échapper à la peine qu'il avait méritée. Adrastée avait sous ses ordres trois exécutrices entre lesquelles était divisée l'intendance des supplices. La première se nomme Poéné. Elle punit d'une manière douce et expéditive ceux qui dès cette vie ont été déjà châtiés matériellement dans leurs corps : elle ferme les yeux même sur plusieurs choses qui auraient besoin d'expiation. Quant à l'homme, dont la perversité exige des remèdes plus efficaces, le Génie des supplices le remet à la seconde exécutrice qui se nomme Diké, pour être châtié comme il le mérite ; mais pour ceux qui sont absolument incurables, Diké, les ayant repoussés, Érinye, qui est la troisième et la plus terrible des assistantes d'Adrastée, court après eux, les poursuit avec fureur, fuyants et errants de tout côté en grande misère et douleur, les saisit, et les précipite sans miséricorde dans un abîme que l'œil humain n'a jamais sondé et que la parole ne peut décrire.

Plutarque

Némésis.
Némésis.