Lydie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Région de la côte ouest de l'Asie Mineure.
Appelée primitivement Méonie, la Lydie, baignée à l'ouest par la mer Égée, est comprise entre la Mysie au nord et la Carie au sud. Elle est arrosée par le Caÿstre, le Caïque, l'Hermos et son affluent, le Pactole qui, selon la légende, a charrié longtemps des paillettes d'or. La Lydie, qui n'a pas de limites bien déterminées, forme un royaume indépendant, gouverné par trois dynasties : les Atyades ; les Héraclides ; les Mermnades. Sous cette dernière, fondée par Gygès, la Lydie connaît une belle période de prospérité et de puissance. La politique d'expansion des rois étend le territoire de la mer Égée à l'Halys. Crésus soumet de nombreux peuples : Phrygiens, Mysiens, Maryandiniens, Chalybes, Paphlagoniens, Thraces d'Asie, c'est-à-dire les Thyniens et les Bithyniens, Cariens, Ioniens, Doriens, Éoliens et Pamphyliens ; seuls les Lyciens et les Ciliciens restent invaincus, ainsi que les Milésiens. Les ressources naturelles sont exploitées et le commerce s'accroît avec l'Occident ; l'économie se développe, tandis que les Lydiens se dotent d'une flotte puissante. La richesse de la région devient proverbiale, notamment sous le règne de Crésus. En 547 av. J.-C., Cyrus l'emporte sur Crésus et la Lydie devient une satrapie de l'Empire perse, avec Sardes comme capitale. Conquise ensuite par Alexandre le Grand en 333 av. J.-C., la Lydie passe aux Séleucides en 301, à la bataille d'Ipsos. En 260 av. J.-C., Eumène Ier la rattache à son royaume de Pergame et, en 132 av. J.-C., Attale III la cède aux Romains qui en prennent possession en 129 av. J.-C. La Lydie fait partie de la province d'Asie jusqu'à Dioclétien.
En Lydie, on honore Cybèle (dont le culte est institué par Atys), Artémis d'Éphèse et Apollon Pythien sous Crésus. Dans le domaine musical, le « mode lydien » passe pour le plus efféminé et le plus énervant (« Les flûtes à plusieurs trous soupirent tendrement sur le mode lydien »), à côté des modes dorien, phrygien et ionien ; ses notes élevées le destinent, semble-t-il, aux femmes. Néanmoins, les expressions qu'il transmet sont variées : de la tristesse à la joie. Aristote le considère comme propre à la culture de la première jeunesse.
Les rois de Lydie (en gras, les fondateurs)

Sardes
Sardes a l'aspect d'une grande ville. Fondée postérieurement à la guerre de Troie, elle est cependant fort ancienne. Elle possède une citadelle ou acropole très forte et a servi longtemps de résidence aux rois des Lydiens, des Mêones, pour dire comme Homère. Sous ce dernier nom, qu'on a écrit plus tard Mæones [au lieu de Mêones], les uns reconnaissent les Lydiens mêmes, les autres un peuple différent des Lydiens ; mais ce sont les premiers, ceux qui ne font des Lydiens et des Maeones qu'un seul et même peuple, qui nous paraissent avoir raison. Au-dessus de Sardes est le mont Tmolos, dont les flancs sont couverts de riches cultures et que couronne une tourelle d'observation en marbre blanc, bâtie par les Perses, laquelle découvre toutes les plaines environnantes, et principalement la plaine du Caÿstre. Dans ces plaines habitent des Lydiens, des Mysiens, des Macédoniens. Le Pactole, qui descend du Tmolos, charriait anciennement beaucoup de paillettes d'or : c'est même à cela qu'on attribue la grande réputation de richesse faite à Crésus et à ses ancêtres, mais aujourd'hui [...], toute trace de paillettes d'or a disparu. Le Pactole se jette dans l'Hermos, qui reçoit également l'Hyllos, ou, comme on l'appelle actuellement, le Phrygios. Une fois réunis, ces trois cours d'eau, que d'autres moins connus grossissent encore, vont déboucher, ainsi que le marque Hérodote, dans la mer de Phocée. L'Hermos prend naissance en Mysie, dans une montagne consacrée à [Cybèle] Dindymène, après quoi il traverse la Catacécaumène, et, se dirigeant vers le territoire de Sardes, arrose les différentes plaines qui en forment le prolongement, jusqu'à ce qu'enfin il débouche dans la mer. Au-dessous de Sardes, en effet, on voit se succéder la plaine de Sardes proprement dite, la plaine du Cyrus, celle de l'Hermos et celle du Caÿstre, les plus riches plaines connues. À quarante stades de la ville est un lac qu'Homère appelle le lac Gygée, mais qui plus tard a échangé ce nom contre celui de Coloé. Sur le bord de ce lac s'élève le temple de Diane Coloène en grande vénération encore aujourd'hui. Certains auteurs assurent qu'ici, pendant les fêtes, on voit les paniers danser : comment y a-t-il des gens qui aiment mieux débiter de pareils contes que de dire tout simplement la vérité, c'est ce qui me [dé]passe.
Strabon

